Palais des Nuits
Un feu brûle dans l'âtre, diffusant une chaleur bienvenue dans la large pièce froide et sombre. La silhouette assise dans le fauteuil se pencha, et prit le tisonnier pour attiser les braises. Avec un soupir de satisfaction, elle se renfonça dans le fauteuil. Ahiyyad aperçut sa main, grande et pâle. Il tourna la tête vers l'autre Fomoire assis derrière un bureau à l'autre bout de la pièce. Un individu a l'air raffiné et au regard glacial. Habitué au pouvoir et à son exercice. Il fit signe à Ahiyyad, qui se tourna donc de nouveau vers l'individu assis dans le fauteuil, attentif.
-Mon jeune ami, susurra le vampire assis face à la cheminée, depuis combien de temps êtes-vous parmi nous ?
-Cela va bientôt faire cinquante années messire, que je sers Sekheim et les Trois.
-Bien, bien. Votre ascension fut plutôt...exceptionnelle si j'ai bonne mémoire.
-Cr...Le Prieur Majeur et son influence m'ont bien secondé au cours de mes années de service, monseigneur.
-Certes, certes, mais votre talent dans la chose martiale n'est plus à remettre en cause. J'ai encore en mémoire le rapport de ces miliciens
humains (l'on sentait qu'il avait prononcé le terme avec mépris) que vous aviez sauvé des Lycans lors de votre service sous l'Honoré seigneur Astérion. Après cet épisode, vous aviez été promu commandant, je crois ?
-C'est exact, seigneur, mais j'ai quitté la garde ensuite.
-Oui, on m'a mis au courant. Depuis cinq années maintenant, vous obéissez aux directives de mon estimé pair, le Fomoire Fylnys.
Le regard du vampire derrière le bureau étincela un bref instant.
-Il m'a souvent vanté votre talent. Aussi j'en suis venu à penser que moi aussi je pourrai en venir à user de vos service.
-Seigneur, ce serait un honneur que de...
-Inutile de vous confondre en formules. Je sais fort bien que cela ne vous sied guère. J'ai moi aussi rampé dans la boue avant que la Nuit ne me fasse sienne, mon ami.
Le Fomoire s'est levé et fait maintenant face à Ahiyyad. Il paraît la cinquantaine, les cheveux blancs, un visage anguleux. Il se nomme Vlad et fait partie du Conseil qui dirige Serkheim conjointement avec les Trois. A partir de maintenant, Ahiyyad était son vassal. Le Fomoire Fylnys venait de lui offrir les services de l'ex-esclave en signe d'allégeance politique.
Il observe le jeune vampire avec attention puis sourit doucement.
-Connaissez-vous le Noara, mon ami ?
-Ahiyyad, surpris, croisa les yeux de son nouveau supérieur.
-Je...Oui, votre seigneurie.
-Il me semblait bien. Vous vous rendrez à un endroit qui vous sera précisé par mon secrétaire dans quelques instants. Dans un petit mois, vous y serez rendu. Là-bas...J'aimerais que vous vous mettiez à la recherche d'un certain individu.
Docilement, Ahiyyad attendit la suite.
Vlad se déturna et plongea son regard dans l'âtre.
-Une personne...particulière. Elle est venue à Serkheim voici déjà quelques temps et nos chemins se sont...croisés brièvement. Il à disparu avant que je puisse jamais en savoir plus sur lui. Et...La Nuit sait que je retrouverai cet homme. Durant un siècle entier j'ai échoué à le retrouver, mais récemment, on m'a rapporté certaines choses...Et je peux désormais vous indiquer ou chercher. Vous devrez approcher cet homme, vous renseigner sur son identité véritable et ses buts. Et, si c'est dans vos moyens, l'amener ici, de gré ou de force.
-Il en sera selon vos souhaits, monseigneur.
-Bien. Vous partirez demain, votre destination est le vieux Temple Sablier. Vous pouvez disposer.
-Bien, Seigneur.
Ahiyyad commença à se retirer lorsque le Fomoire l'interpella.
-Maître Al-Fahd ?
-Oui, Seigneur ?
-Est-ce vrai que le Chien des Noirceurs soit de retour parmi nous ?
Le vampire se raidit imperceptiblement. Quelques années plus tôt, il se serait précipité sur le Fomoire pour lui faire cracher ce qu'il savait. Mais avec les ans, la discipline insidieuse s'était installée. Les chaînes, oui, les chaînes...Il ne les avait pas encore brisées.
-En effet, Seigneur.
Un fin sourire distendit les lèvres blêmes du membre du conseil.
-Merci, maître Al-Fahd, et bonne chance.
Enfin, il put sortir du bureau à l'ambiance soudain devenue étouffante.
Il resta quelques instants devant la porte close à considèrer sa situation. Puis s'en fut, songeur. Il sortit sur le rempart du Palais et leva les yeux : La Nuit tombait sur Serkheim.
Ici : Suite du RPLien