Nom : Vaaleayren
Prénom : Helanyd
Âge : 34 ans
Sexe : Masculin
Race : Humain ▬ Tisseur de Wards
Groupe : Neutres
Croyances :Croyance reste, quelque part, trop commun et trop futile pour revêtir un quelconque sens pour Helanyd. Son chemin s’est détourné de celui, trop longtemps faussé et embrumé, des fois passagères qui s’éteignent aussi vite qu’elles n’apparaissent. Il croit en ce qu’il peut accomplir, il croit en ce qu’on peut leur enlever, il croit à la fragilité de son existence mais il ne saurait se résoudre à honorer les dieux. Ce que ses yeux voient, ce que son esprit perçoit, ce que ses mains touchent, c’est sa croyance la plus profonde, la certitude qu’il est ancré dans la réalité, sans avoir besoin d’un symbole à ses côtés pour rehausser les couleurs du monde qui l’entoure.

Description physique :

Glace, expression ternie d’un homme qui n’a jamais pu s’arrêter un instant pour pendre à la vie ses quelques couleurs. Il évolue sans heurts, sans charmes, terne silhouette vite avalée par la brume.

La solidité de son corps s’est construite au fil des années, à la sueur du front et au sang coulant sur les blessures. Il a construit son corps, touches par touches, pour en faire une arme souple et déliée, un roulement de muscles secs et puissants. Le poids des ans commence déjà à peser sur ses os et il s’efforce, chaque jour, d’éloigner la sombre messagère de son chemin, peu désireux de perdre sa robustesse et la puissance mesurée de ses membres.

Dans sa haute stature, on aperçoit une sorte d’arrogance, un soupçon de vanité qui va mourir jusque dans sa chevelure neigeuse. Les mèches rêches, bien que soignées et propres, sont toujours coupées court, pour éviter de cacher le bleu glacé de ses iris. Leur ombre hantée, à la dure teinte azur, renvoie une sécheresse et une rigueur que soufflent ses traits bien taillés.

Son visage a le sérieux et la froideur de ceux croient ne pas laisser les futilités les atteindre. Dans ses contours déjà trop marqués, dans les fines ridules qui commence à entacher sa peau pâle, il croit parfois reconnaître l’ombre du temps, qui guette, qui attend, patient, de lui ravir cette enveloppe qu’il a mis du temps à forger. C’est une œuvre comme une autre, de chair et de sang, la marque de son passage sur terre, le tremplin pour garder son esprit intact. C’est la part mortelle de son être, éphémère et changeante, comme une flamme qui vacille.

Les quelques regards négligents qu’on peut lancer sur sa silhouette nous soufflent qu’il est toute en force contenue, en mouvements silencieux et rapides. Les vagues coups d’œil nous murmurent qu’il a un éclat glacial, naturel, un charme qui gèle l’âme et qui fane les sourires. La vraie observation nous guide sur une voie un peu plus escarpée, la réalisation qu’il n’y a rien de vraiment beau dans cet être qui ne brûle que nourri par ses hantises.

Description mentale :

De rêves et de défaites, de savoir et d’inconnu. Dans les symboles qu’il tissait du bout des doigts il a cru effleurer, bien des fois, l’infini. Mais il s’est toujours heurté à l’impitoyable mur de sa condition.

Une tape un peu bourrue, un sourire en coin, comme une grimace et c’est déjà tout ce qu’on peut obtenir de sa part. Enfant du calme, adolescent sage et studieux, jeune adulte passionné et persistant, il a délimité les contours de son être avec une précision proche de la maniaquerie. Comme tout le reste, même sa propre personne se doit d’être lisse, sans folies passagères, sans rêveries désordonnées. Il a le pragmatisme avéré et presque féroce de ceux qui veulent se suffire à eux-mêmes, sans autre traces de pas dans leur sillage que les leurs.

Helanyd n’a du mage que le nom. Il est bien plus à l’aise dans une sorcellerie froide, mesurée, sans surprises. Les forces de l’habitude façonnent déjà son être et, si dans le monde dans lequel il vit, il n’est qu’un humain à l’existence dérisoire, étoile filante vite embrasée et éteinte, il n’a pas l’intention d’en demeurer là. Tous les artifices qui ont façonné son esprit, tous les rouages qui font avancer sa conscience se tendent, toujours, vers cette voie insensée, ce désir qui écarte tout le reste.

Le pouvoir n’est pour lui qu’un tremplin, la vraie finalité est ailleurs. Dans les couloirs du temps où il se perd un peu, il sacrifie chaque seconde, chaque minute, à chercher à rallonger la trop brève échéance que sa nature lui a soumise.

Qu’il reste, qu’il demeure, à jamais, c’est tout ce qui lui importe. Dans les quelques souvenirs du passé qu’il s’autorise encore à regarder avec indulgence, presque tendresse, il retrouve un peu le jeune homme curieux et enthousiaste d’autrefois. Le temps qui refuse de s’arrêter lui a dérobé son insouciance et son existence qui s’égrène en lourdes vagues d’un chagrin flétri et trop vite oublié n’aura de cesse de remettre sur son chemin les erreurs qu’il a pu faire.

Les remords se sont taris, avec les années, enfermés dans une lourde cage qu’il a accrochée à son cœur vacillant. Il sait que le temps panse tout, qu’il guérit l’esprit en assassinant le corps. Il sait qu’il ne pourra jamais vraiment changer sa nature vaniteuse, trop peu démonstrative et que ses défauts s’en iront croissants, comme un coup de couteau supplémentaire à chaque pas.

Il est plein d’une sagesse trompeuse, d’un calme savamment travaillé et d’une distance qu’il garde en ne cessant jamais d’observer ceux qui l’approchent. Garder un œil, sur ceux qui pourraient nuire, sur les routes qui croisent la sienne sans qu’ils ne s’y arrêtent. Celui qu’il veut connaître, au fond, c’est lui-même, libéré de ses chaines, de ses conduites devenues prévisible sans même qu’il ne comprenne si c’est vraiment lui ou ce qu’il veut montrer.

Tenir, au creux de ses doigts, sa propre essence, pour arrêter le décompte.

Capacités : Tisseur de Wards

Branche de la sorcellerie peu connue, l’apprentissage des Wards et leur utilisation dans les runes sont réservés à ceux qui peuvent les voir et les sentir. Les capacités ayant été étudiées, au cours du temps, on a pu identifier en quoi elles consistaient généralement et les Tisseurs, comme ils se sont appelés, ont commencé à réunir toutes leurs connaissances pour les partager avec ceux qui peuvent voir.

Généralement, une fois qu’on s’est découvert une aptitude à tisser des Wards, la descendance va aussi les maitriser. Il arrive néanmoins que des individus sans dispositions particulières à leurs manipulations se découvrent un certain talent pour cette branche. Un renouvellement de ses utilisateurs est ainsi fait.

Puisant sa source dans les fondements même de notre monde, cette magie un peu particulière repose essentiellement sur la connaissance absolue d’une chose, d’un être, d’un matériau. Voyants un peu particuliers, les Tisseurs ne peuvent nullement lire l’avenir mais peuvent, en revanche, au terme d’un dur labeur et d’une étude constante de leur environnement, découvrir le vrai nom de ce qui les entoure. Ils peuvent percevoir l’essence même du vent, de la pierre, d’un arbre ou même d’une simple brique.

Pour eux, le monde est une gigantesque toile d’araignée, dans laquelle les composants dont ils connaissent le Ward, le nom réel, sont reliés. En utilisant ces liens, les Tisseurs peuvent lier, combiner et utiliser le pouvoir de ces composants comme bon leur semble.

Ainsi, un Tisseur pourra faire fondre un bloc de glace s’il connaît le Ward du feu et ouvrir une serrure fermée s’il y tisse le Ward de l’ouverture.

Que signifie tisser un Ward, pour eux, alors ? Le Ward étant le vrai nom des objets, des êtres vivants et des choses, il ne peut se prononcer mais peut seulement s’écrire ou se tisser. Toujours sous la forme d’un symbole, il fait appel à l’essence de ce qu’il représente pour qu’il puisse fusionner ou simplement être modifié, déplacé, par la personne qui l’utilise.

On voit souvent, dans cette optique, les Tisseurs garder à disposition des pierres sur lesquelles ils ont préalablement tissé un Ward, pour les utiliser en cas de danger. Car même si la connaissance des Wards est suffisante, leur vitesse d’exécution sans catalyseur reste très faible. Le symbole doit être tissé, la plupart du temps, plusieurs fois d’affilée pour apparaître et prendre forme. Ce temps précieux peut être gagné grâce aux runes, qui ont néanmoins comme davantage leur puissance amenuisée et leur durée plus faible. Elles doivent, en effet, être régulièrement renouvelées.

Sorte de magicien, le Tisseur se distingue surtout par sa capacité à pouvoir utiliser le peu qu’il puisse connaître ou le peu d’éléments autour de lui pour pouvoir en tirer une utilisation optimale. Ne connaissant pas l’essence de tout ce qu’il perçoit, il doit savoir user à bon escient des Wards en sa connaissance pour les combiner et, qui sait, découvrir d’autres symboles, encore.

La principale caractéristique du savoir des Tisseurs est qu’il est, en effet, en changement constant. Dans les livres transmis de génération en génération, les savoirs accumulés se superposent pour permettre aux Tisseurs aujourd’hui de dépasser aisément leurs ancêtres. Le nombre de Wards découvert est croissant, même s’il reste toujours des égoïstes qui gardent leurs découvertes pour eux.

Actuellement, le savoir des Tisseurs se limite à des objets inanimés et à des éléments naturels. Il est particulièrement difficile de découvrir le Ward d’une personne ou d’une créature ayant une volonté propre. En constant changement, d’un tempérament à échapper aux autres, les êtres vivants n’ont de cesse de se camoufler et de cacher leur vraie nature. Et la plus grande difficulté reste le temps, Ward toujours incomplet, méconnu, qui refuse de se montrer. Sa complexité en a détourné bien plus d’un et il se dit qu’il est impossible de pouvoir dessiner le Ward du temps, puisqu’il change à chaque moment qui passe.

Magiciens des symboles, des compositions ou bien encore de la nature même des choses, les Tisseurs peuvent les imbriquer entre elles ou simplement définir leur état. Qu’il soit protecteur ou offensif, le Ward n’en reste pas moins une entorse faite à l’équilibre du monde et l’Tisseur en paie toujours le prix avec sa propre énergie.

Son utilisation se fait selon deux méthodes différentes. La première consiste à utiliser les Wards combinés de deux éléments, en les reliant ensemble. La seconde consiste à changer l’état d’un Ward unique. Il peut le détruire, le faire passer de l’état liquide à solide, par exemple ou encore changer sa configuration, l’essentiel étant qu’il ne fasse pas apparaître de nouvel élément ou ne fasse rien disparaître.

La condition étant toujours de connaître les Wards en question, il appartiendra à chaque Tisseur d’utiliser ses connaissances, aussi maigres soient-elles, pour rendre ses désirs réalités.

Équipement : En dehors de ses vêtements discrets et confortables, Helanyd se distingue par cette ceinture de pierres polies, munies de runes que lui seul semble connaître, qu’il porte en permanence. Leur matériau léger est connu de lui seul et la flexibilité de l’accessoire lui permet de l’utiliser rapidement.
Pour pallier à une éventualité d’attaque dont ses Wards ne sauraient venir à bout, il porte toujours sur lui un poignard discret et quelques fioles de poison. Simple précaution.

L’espace d’un instant, sous son regard qui regorge de fils aux lueurs écarlates, sous ses yeux qui s’illuminent devant les symboles, sans fin, qui dansent, il croit posséder le monde, au creux de ses mains palpitantes. Puis l’image s’efface, comme toujours et il serre les poings, en se disant que les fils qui l’entravent finiront bien par être brisés.


Le garçon était curieux de nature. Il venait chaque jour consulter les parchemins, dès le moment où il a été en âge de lire. Ses yeux pétillants, pleins d’un émerveillement chaque jour croissant, pillaient tout ce qui passait à sa portée, n’en laissaient pas une miette. Il semblait avoir envie de tout mémoriser d’un coup, absorber ce savoir que l’on mettait normalement des années à s’approprier. Je lui répétais souvent de ne pas se presser, de prendre son temps car il l’avait, il était si jeune, encore.

Il me regardait de ses yeux comme des miroirs, un peu trop clairs et riait. Oui mais pas pour longtemps. Il s’en va. Et je devais me résoudre à penser qu’il avait raison.

Alors je l’aidais, comme je pouvais. Mes mains tremblaient, mes jambes ne me soutenaient pas toujours et Helanyd faisait comme s’il ne voyait pas les signes de ma vieillesse. Je remarquais qu’à cette époque, déjà, cela le mettait mal à l’aise. Il semblait vouloir gagner toujours plus de temps, c’était un besoin maladif. C’était un enfant calme, studieux, un futur Tisseur de choix de par son sang-froid. Mais moi, je craignais ce qui viendrait après. Cette flamme dans son regard, l’impression qu’il voulait mettre le doigt sur quelque chose qui lui échappait. Qui nous échappait, à nous tous.

Puisse-t-il l’avoir trouvé, aujourd’hui.



Même si sa course folle l’épuise, il ne s’arrête pas, avale la distance, la gorge brûlante, le souffle haletant. Devant ses yeux où dansent des millions de couleurs, il voit passer ce qu’il a appris, ce qu’il veut encore savoir et résiste à l’envie de se donner un coup de pouce. A chaque avancée, il a l’impression de reculer un peu parce que le temps court toujours plus vite que lui et qu’il lui ruisselle entre les doigts.

Chaque inspiration est un moment en moins passé à chercher, à se plonger dans les parchemins jaunis. Il en a fait le tour, depuis bien des années maintenant et il attend toujours désespérément un signe, quelque chose qui pourrait l’aiguiller, une direction à donner à ses doigts qui tracent les Wards, encore et encore. Il sent la magie crépiter sous ses doigts, à chaque fois et c’est comme mourir et renaitre, la sensation est différente. Changeante, jamais la même, il s’en grise, ne s’en lasse pas et recommence, encore, encore, sans toujours se préoccuper des conséquences. Quand on lui fait remarquer qu’il est inconscient il répète que ce n’est rien, que les Wards l’ont appelé et qu’il n’a pas pu s’y soustraire.

Ses doigts frénétiques n’ont plus aucune page à tourner, ses pierres se teintent du vide de l’abandon et il tente tant bien que mal de recoller les morceaux de ce qu’il a perdu. Entre une enfance passée à étudier et une adolescence passer à courir après le temps, il en a oublié d’être insouciant et a sauté, tête la première, vers un début d’âge adulte saturé de remous.

Il ne s’arrêtera pas avant d’avoir effleuré ce qu’il convoite et même si ses os doivent reposer sur son échec, il les éparpillera, même après, pour s’abreuver d’une touche d’éternité.



Il y a les pilleurs, qui saccagent, détruisent, leurs rires tonitruants qui assassinent la nuit. Leurs torches se parent de pourpre et leurs regards accrochent les ténèbres, sans qu’elles ne les arrêtent. La folie qui luit dans leurs yeux fait reculer ceux qui voudraient les combattre et tous détalent, sans demander leurs restes, sous les armes, sous le sang qui coule, sous les pleurs qui déchirent le silence. Entrecoupé de sanglots, d’un désespoir rageur qui fait trembler les frêles silhouettes qui s’entrechoquent, à la recherche d’une fuite qu’ils ne peuvent rattraper parce qu’elle a déjà emmené leur vie au loin. Et sur toutes les lèvres, dans tous les regards, la trahison se répand.


A l’époque, on croyait un peu tout faire. C’était une petite ville calme, qui était née d’abord de quelques alliances. Des voyageurs qui s’étaient trouvés, installés, qui avaient agrandi leurs terres. Un homme s’était désigné comme chef, sans rien demander et notre faute a été d’accepter. De nous laisser gouverner, de le laisser nous mettre des chaines pour assouvir sa soif de pouvoir.

Il y avait toujours dans nos paroles la crainte et un espoir sourd. Il nous disait qu’il avait à ses côtés des mages, des hommes qui l’aideraient, qui nous guideraient. Nous l’avions cru, crédules, nous nous étions laissé leurrer. Nous en avions payé le prix.

Sous les coups ennemis, sous les éclairs qui se déchainaient, sur la violence qui se faisait un territoire de nos corps, nous apprenions le prix de notre orgueil. Nous n’étions que des inconscients, des pions à sacrifier et le roi n’était qu’un leurre. Les plaies béantes accueillaient le sel de nos larmes et nous devions nous relever, sans regarder les yeux vides des morts derrière vous.



Elle avait besoin d’un magicien, elle ne savait pas vraiment lequel, elle n’était pas très difficile après tout. Il lui suffisait que quelqu’un soit là pour soulever la terre et aider les habitants de la petite cité à enterrer leurs morts. La guerre avec celle, voisine, avait semé les dépouilles et le peuple était en deuil, comme un étendard noir que l’on dressait à même la terre.

Ce n’était pas vraiment une reine, ce n’était pas vraiment une dirigeante, c’était juste celle sur qui retombait la folie guerrière d’un père déchu. Il avait mené son peuple à la destruction, l’avait abruti de ses encouragements, l’avait sommé d’obéir et lui avait tout promis.

Ils avaient suivi.

Le roi était tombé et elle riait, seule sur son trône d’ivoire et d’os, en lui répétant qu’elle avait besoin de quelqu’un pour l’aider parce que tous ceux qui possédaient la magie étaient tombés. Il n’y avait plus que les faibles qui veillaient, qui pansaient leur blessure, en se répétant qu’ils partiraient s’ils le pouvaient, s’ils avaient quelque chose de meilleur à trouver.

Il n’avait rien à faire là, il était juste de passage mais il avait accepté parce que même si la pitié ne le touchait pas, la folie dans les yeux bleus de celle qui n’était pas une souveraine l’atteignait en plein cœur.


Chaque jour qui passe, Mirawen semble plus nerveuse. Ses cernes s’agrandissent, son regard se hante d’un fantôme blafard, une marée grisâtre qui constelle sa peau de tâches d’ombres. Elle soupire souvent, elle a les yeux qui brûlent d’une rage sourde et elle murmure Bientôt, bientôt, tout sera fini, la folie au corps et le diable au cœur.

Je n’ose pas la déranger, je n’ose pas lui parler, nous avons tous gardés quelque part, enfouie en nous, la crainte respectueuse de ce père dont elle était l’ombre, suivante calme et réfléchie qui murmurait quelques mots à son oreille. Il semblait toujours satisfaits de ses conseils mais elle ne restait jamais bien longtemps parmi nous, comme si elle fuyait, épuisée et coupable. Je finis toujours par retourner les mêmes questions dans ma tête, en me demandant ce qu’il adviendra de nous. Notre ville n’en est plus une, le fer et le sang ont recouvert nos maisons. Elle n’est pas la fille d’un roi, elle est la fille d’un lâche et elle est seule à porter sur ses épaules le destin d’un peuple qui se compte à une poignée d’hommes.

Il y a cet homme, qui l’accompagne. Il n’a pas l’air d’être d’ici et quand ses yeux froids se posent sur nous, je revois ses gestes, je revois la danse sans fin des mords qui allaient vers leur prison de terre pour y passer l’éternité. Il a offert son aide en silence, s’isole régulièrement pour ne revenir que plus tard, en nous aidant à refaire nos maisons, à soigner nos enfants et en s’en allant, aussi vite qu’il est venu. Il n’y a qu’à elle qu’il accorde des égards mais il y a une gêne dans ses gestes, une méfiance palpable dans tout ce qu’il fait. Comme s’il craignait qu’à tout moment, elle ne tombe, ne se brise ou au contraire, qu’elle ait raison de lui.

La peur m’étreint, à chaque nouvelle nuit, parce que j’ai la sensation que cela pourrait être la dernière.



Sous ses yeux à demi fermés, le feu et le sang font rage. Le rire du malin se déploie, dans un roulement sinistre et son regard accroche le visage grimaçant de Mirawen. La culpabilité l’étreint par flots, le laisse pantelant. Il ferme les yeux sur le massacre, il ferme les yeux sur celle qui lui fait face, il ferme les yeux sur le prix à payer.

Tu as accompli ton devoir, humain. Ta vie sera sauve. La voix de ce qui n’est plus Mairawen est caressante, empoisonnée et ses yeux refusent obstinément de croiser les yeux du démon. Dans ses souvenirs qui semblent prendre la fumée de l’incendie, il se rappelle de ce visage qu’il a toujours vu ainsi, de ce qui habitait la jeune femme, de tout ce qui s’est toujours tramé dans cette ville pour que le démon reçoive ses sacrifices.

Le prix à payer, bien sur.

Il secoue la tête, a la nausée parce que même s’il veut savoir, même s’il est prêt pour cela à aider un démon à emprisonner ses victimes, il ressent quand même des regrets à peine dilués par son impression d’être pris au piège. Il voulait son savoir, c’était tout, le chemin des autres ne lui important pas. Mais dans les cris de détresse qui se sont répercutés, des minutes durant, dans la joie sauvage du monstre, il a vu que quelque chose s’était brisé.

Alors il hoche la tête, il se convainc de reprendre sa route. D’oublier, peut-être mais de ne plus céder à ce mal, parce que Helanyd était droit, Helanyd gardait dans son esprit les voix ténues de son enfance qui lui murmuraient que leur savoir était là pour panser, pour mener à l’ordre.

Mais cet enfant-là est mort, quelque part, dans les décombres de la ville qu’il quitte sans un regard en arrière.



Son chemin se tisse en même temps que les symboles qui l’accompagnent, ils l’emprisonnent dans un étau de fer qui serre, serre, serre, pour ne plus laisser qu’un regard tourné sur les secondes qui s’affolent, les minutes qui s’égrènent et les heures qui s’envolent.

Il parcourt les terres des hommes en retenant son souffle, en retenant la porte close des perceptions qu’il a laissées s’évaporer, en espérant chaque jour trouver la trace de ce qui se dérobe.

Nom : Will.
Âge : 19 ans.
Trucs préférés : Euh. Les hamsters.
Un film : Hamtaro, film 1
Un jeu vidéo : Clic
Un livre : Martine à la plage.
Comment tu es tombé ici : De très haut. Des gens m’ont poussé, j’ai souffert.
Avis sur le forum : Je n’ai pas à m’en plaindre pour le moment : D
Quelque chose d'inutile à dire : Oui. Les neutres devraient être dans les tons bleus ! Comme la mer parce que la mer c’est sympa.