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Là où, l'esprit du vent accordera sa bénédiction,
Soufflera le chemin des désirs insaisissables,
Que même les cœurs nobles n'oseront s'avouer,
Jusqu'à atteindre le bout du chemin.

Derrière s'abattait la fureur d'une tempête poudreuse, dont le sifflement se déchaînait violemment, puis cessait momentanément en une mélodie peu appréciable à celui l'ayant bravé. Devant, au bout du long périple attendait patiemment le trésor allant s'inscrire dans le livre des enchantements, noble d'une structure élégante et aux propriétés remarquables vis-à-vis de cet art. Et entre ces deux contours aux allures extrêmes, demeurait une ambiance des plus lugubres, d'une traversée où le plus confiant des guerriers de ce monde ne saurait contenir cette sensation instinctive de ne posséder aucune emprise sur les circonstances à venir ... Les parois glissants sous la paume de la main semblaient à la base rugueuses, en de certaines parties épargnées, mais se montraient le plus souvent humides, soit d'une fine couche d'eau, soit d'une substance visqueuse assez difficile à distinguer de par sa puanteur. L'obscurité si profonde n'accordait pas une vision assez claire, si ce ne fusse aucune, régnant en maître en ces lieux coupés de tout astre divin dominant les cieux. Seule la certitude de ne pas être le premier à arpenter cette galerie persistait dans les pensées du mercenaire, évoluant à tâtons selon la configuration du terrain. Pourtant, malgré les risques et le courant glaciale parcourant les tunnels, ses jambes continuaient de le mener grâce à ses propres ambitions, sur une durée qui à ses yeux se définissait en plusieurs heures. Là où la réalité n'en définissait à peine une.

Ce fut une escapade éprouvante, où les embranchements et réseaux se disaient assez sommaires, presque grossiers, pour ne pas être l'oeuvre des fameux nains qui siégeaient au sein de montagnes plus lointaines, au centre de cette chaine. De toute manière, l'enchanteur ne comptait pas vraiment les rencontrer, histoire d'éviter des désaccords peu utiles ; D'ailleurs le choix de cette zone incluait cette logique. Le pas léger de l'elfe lui assurait une bonne prévention contre les signes indiscrets de sa présence, et aussi à maintenir un équilibre vers l'arrière, afin de ne pas tomber malencontreusement dans une crevasse masquée ... Mais cela ne le préoccupait pas autant que l'absence de toute autre bruit, d'une créature supposée peu intelligente. Une cave abandonnée ? Peu probable. Ainsi passa le temps, au milieu de la mort en personne ... Et, même si ces structures ne lui plaisaient pas du tout, la récompense se présageait peu à peu. Au détour d'un tournant, brillait d'une lueur constante le joyau de sa convoitise, bien différente de cette d'un feu en termes de couleurs. Assurément, une telle marchandise correspondait toujours à la possession d'une autre âme ...

Pas le choix, après avoir entamé toute cette escapade. Lentement, sous la grâce de la légèreté elfique, un bras prêt à dégainer le sabre sur son dos, il effectua plusieurs mètres vers la source de lumière, tout en essayant de deviner le reflet d'un corps difforme. Rien ... Constat assez contrariant. L'intérieur formait une salle de fortune où siégeait de nombreuses babioles, pour la plupart sans intérêts, voire de l'ordre du déchet, le reste étant un amas de casques et de pièces d'armures fracassés, rouillés. Surement récoltés sur les proies ... Mais là, incrusté au milieu d'un trou spécialement creusé dans le mur, l'on apercevait les fameuses pierres précieuses, uniques en leurs genres et fortement adorées des habitants ignares de la montagne. Sindar ne put s'empêcher d'en admirer un instant la beauté, dessinant aussi leurs contours, en des morceaux ni trop petits, ni trop grands. L'une d'entre elle exposait même l'aspect idéal à ses projets d'utilisations ... Malheureusement, cette contemplation fut soudainement interrompue. Une espèce de tremblement causé visiblement par l'emplacement maintenant vide de butin, et suivi d'un horrible cri déchirant toutes les cavités ... La mort approchait, très rapidement.

Telle une avalanche roulant sur les flancs de l'amas rocailleux, l'embout d'un géant gourdin de bois jaillit des ténèbres, avant de laisser place à un colosse de gras grisâtre, grondant à la vision de l'elfe d'une rage incommensurable. Son bras s'agitât dans tous les sens, tapant en de multiples reprises les parois, puis juste après, l'outil de terreur balaya la salle d'une hargne sans limite ... Cette apparition suffit à faire tressaillir le chasseur aguerris, dont les réflexes de survies reprirent le dessus dans le feu de l'action, résultant à une roulade sur le côté pour esquiver. De peu. Cependant, le monstre ne comptait s'en tenir à cela ... L'affronter s'avérait bien trop téméraire ! Surtout pas en ces terrains défavorables. Sans marquer de temps mort, le maître d'arme rebroussa immédiatement le chemin et s'engagea dans une fuite exténuante vers la sortie, guidé maintenant par la lueur de sa trouvaille. Plus d'hésitation. Les secousses le menacèrent seconde après seconde, la fureur du troll résonna de part en part, brouillant par la même occasion toute piste précise par rapport à sa localisation ... Simplement courir, sans se retourner. De sa nouvelle allure, la lumière de la sortie lui parut plus proche, et le revigora d'une motivation nouvelle, galvanisante.

Un pas, deux pas, trois pas … En un flash lumineux, le voilà dehors, se confrontant au changement spontané de conditions climatiques. Alors que sa main s’attela à ranger les pierres précieuses, un mauvais présage le percuta violemment. Le passage emprunté pour atteindre l’ouverture était fracassé, probablement par une chute de rocher. Tch ! Deux solutions. Périr de la main d’un monstre, ou tenter le tout pour le tout. Le zèle de sa détermination l’emporta … D’un élan bien mesuré, il s’élança de tout son corps vers la plateforme séparée d’un vide impressionnant, sans retenir un puissant cri de rage, pendant que celui de son prédateur explosait dans l’embouchure, avec un écho incroyable à travers les sommets enneigés. Tiré d’affaire ? Pas encore. Le visage empli d’une sévérité lié à l’effort et de gémissements forcés, l’héritier des Nimaë tenta tant bien que mal de se tracter vers le haut, de ses deux bras accrochant les bords de la roche. Sans succès. La poudreuse n’aidait guère à la tâche … Seul parmi cette nature sauvage …

Peut-être était-ce le châtiment d'une trop grande inconscience à défier les limites du destin et de chercher finalement la mort. Ou bien l'exaspération des divinités ne parvenant plus à le supporter. Certes, le contexte ne prêtait pas trop à la réflexion et aux regrets, à cause du risque pesant sur son existence. Mais l'esprit se laissait envahir d'une réaction étrange - pourtant si naturelle - lorsque l'on frôlait cette frontière subtile, en équilibre sur un fil à peine plus épais qu'un cheveu ... Plus rien ne semblait avoir d'importance, ni la morsure de la brise glaciale s'écrasant sur son visage, ni la souffrance de ses muscles portée à la limite du supportable, ni le temps qui ralentissait peu à peu à ses yeux. Dans cette euphorie incontrôlable de pensées défilant dans les méandres de sa tête, le mercenaire assistait à un enchainement de souvenirs millénaires fulgurants, à la poursuite de réponses à ses interrogations existentielles sur le sens de toute cette mascarade ... Quand, contre toute attente, une main porteuse d'espoir s'empara fermement de son bras afin de le hisser sur le plateau rocailleux, au prix d'un dernier effort bien douloureux. Qui ? Quoi ? D'où ? Ce ne fut qu'une vague succession d'images et de sons mêlant les signes distinctifs d'un faucon, puis comme par magie, ceux d'une personne aux contours familière, d'origine elfique.

L'enchanteur remonta tant bien que mal la paroi glissante, et ne put directement se remettre entièrement debout, s'asseyant le mieux possible contre le flanc de la montagne, avec un air exténué non caché. Son regard se posa un instant sur celui qui venait de le sauver, puis se dirigea vers le vide à proximité, évaluant l'ampleur d'une chute à cette hauteur ... Aucune chance. Même pour un chasseur de formation complète, sauvage et solitaire, avec l'assurance d'une expérience innommable, demeurait des cas où l'entêtement s'inclinait face à une intervention miraculeuse, et considérait plus précieusement cette âme charitable. Surtout en ces lieux, où de base, il ne comptait rencontrer aucune entité douée de raison. Sa main attrapa ainsi la gourde d'eau proposée, laquelle passa brièvement sous les pupilles de vagabond avant d'être redirigée vers le fameux inconnu, sans pour autant exprimer un refus de mépris. Lui-même savait ce que cette denrée représentait, plus encore lors d'une expédition dans ce genre d'endroit. Aussi envisageait-il un empressement étouffé par le sérieux toujours ancré sur son faciès ...

« Tu devrais ne pas la gâcher, je possède déjà mes propres réserves. Pour le reste … C’est une longue histoire. Mais pour l’instant, nous devrions partir d’ici … »

Là-haut, les sommets vaguement perceptibles attirèrent son attention, d'une intrigue particulièrement dérangeante. Son interlocuteur ne pouvait pas forcément le deviner, mais lui étant entré dans cette ouverture bien des heures auparavant connaissaient l'intégrité de ce chemin au départ, jusqu'à sa destruction par un éboulement qui avait probablement eu lieu durant son périple au sein de l'obscurité. Et ce ne serait pas du luxe de se prévenir d'un second incident, histoire de rester en vie ... Ainsi, Sindar se releva en s'appuyant sur la pierre, puis sous une secousse inquiétante, bien que légère, invita l'étranger à le suivre. Ce fut assez éprouvant de mettre un pied devant l'autre sous cette tempête plus véloce qu'au matin, à se cramponner avec le peu de moyens aux difformités de la façade à droite, alors que sur le versant gauche s'exposait les abysses d'un vide dessiné par les pics meurtriers en bas. Cependant, cette traversée relativement longue s'avéra gratifiante, grâce à l'apparition d'un des campements de l'explorateur lors de son escalade, avec aussi une petite ronde de bois apportés des forêts tout en bas. Preuve d'une préparation des plus minutieuses à ce projet de titan ... Ainsi, sans attendre, sa silhouette pénétra dans le creux du mur perchée en hauteur, à l'abri du vent et d'éventuelles retombées indésirables.

« Sans ton intervention, je ne serais jamais revenu ici vivant, même si je ne m’attendais à aucune autre présence dans ces montagnes … C’est très étonnant. Mais je te suis grandement redevable, je t’épargnerais ma curiosité. Merci. »

Les remerciements, une habitude ayant disparu le long de ces deux cents années d'errances ... Cela avait de quoi paraitre froid, rustre, voir même trop expéditif. Mais assez conforme à l'impression dégagée envers les autres, d'un mercenaire travaillant à son propre compte. Après s'être installé en déposant certaines affaires vouées à être déployées, l'héritier des Nimaë s'attela à rallumer au plus vite la flamme à l'aide de deux pierres spécifiques, malgré plusieurs tentatives frustrantes requises à cette tâche. Celle-ci réussirait à tenir grâce aux contours de cette demi-grotte les isolants des puissantes rafales ... Enfin, satisfait de la lueur de braise, il alla prendre place sur un coin, sortant une petite réserve de lembas, en tendant une ration à son sauveur. Impossible de savoir si ce n'était qu'un simple passage, ou un futur compagnon de route ... En tout cas, ses facultés semblaient impressionnantes, à l'amener ici sans séquelles apparentes.

« Ma quête ici n’est pas encore terminée. Je suis un enchanteur, de ceux qui de cet art donnent naissances aux plus majestueux trésors que le monde puisse connaitre. Et aujourd’hui, je suis à la poursuite d’une nouvelle création, qui à jamais guidera les âmes perdues, et de partout dans le monde, tissera les destins inavoués. Et seulement en haut de ces cimes enneigées irait-je puiser la dernière essence suprême … »

Pourquoi tant de confiance ? Tout dépendait de ce que l'on entendait par cette notion. Pas encore, bien trop tôt. Mais, si cet elfe le connaissait vraiment, ou se liait à son propre passif, alors sa compagnie se dirait d'au moins un autre de ses compères. Et à savoir, sa hargne aurait peut-être sonné le glas de son existence ... Aussi se déclarait-il si facilement afin d'attiser sa curiosité, de récolter éventuellement certaines informations nouvelles. Plus encore, un lien encore peu clair se formait dans ses pensées, entre ses constat précédents ... En plus de neuf siècles d'études sur les légendes du monde, cela lui rappelait bien l'idée des chamans du nord, capables de transformations de ce genre, même si la description physique n'y correspondait pas. Mieux valait creuser un peu cet être mystique ...

Ce n'était qu'une fois à l'abri, débarrassé de toute obligation de mouvement que l'on se rendait compte des horribles conditions régnant sur ces chaînes de montagnes, capables de faire frémir les plus grands explorateurs de ces terres. De son entrée dans la grotte, sa fuite du troll, son saut périlleux et le chemin jusqu'à ce point reculé, le mercenaire ne reprit vraiment ses esprits qu'à cet instant, où les paroles de l'étrange individu résonnèrent bien agréablement à ses oreilles d'elfes, aptes à apprécier ces nuances contrairement aux hommes s'en lassant si facilement .... Même si, de sa personnalité actuelle, ses lèvres n'en commenteraient rien. D'ailleurs, la description de l'étranger préservait une bonne partie des explications précises sur sa condition et sa nature, n'en exposant qu'une métaphore fantasmagorique, si ce ne fusse une réalité insondable, là, assit juste à le jauger des yeux. Seulement, la promesse l'empêchait d'étancher davantage sa soif de connaissances. Mieux valait se garder pour sa quête initiale.

Après le partage du récit autour des flammes qui crépitaient au milieu de la demi-pièce, le vagabond entama un morceau du lembas entre ses mains, sans encore l'accompagner de suite d'eau, histoire de se concentrer sur les réactions de son interlocuteur. Certes, cette nourriture se montrait parfois redondante, surtout pour un être millénaire, cependant ses apports en termes d'énergies s'avéraient impressionnante, jusqu'à tenir une longue durée. Puis, il ne s'agissait généralement que d'un complément, en cas de longues routes sans ressources ; Le reste étant composé des trouvailles sur le chemin. Ici, la suite de son excursion en exigeait assurément, puisque la prochaine étape prendrait place dans les sommets enneigés ... Soudain, la proposition de Seth le tira de cette pensée instinctive, d'une charitable sans rémunération ... Un élément rare de nos jours, surtout dans l'univers infâme où évoluait l'héritier des Nimaë.

« Une aide ? Je pense que je n’ai pas vraiment le choix. Une proposition honorable … Malheureusement, je ne peux pas encore te dévoiler mon nom. Du moins, tu le découvriras si jamais tu restes jusqu’au bout de cette quête … On me surnomme généralement l’étranger. »

Pas encore. Pas avant de mener son projet à bout, de combler ses objectifs et aboutir à cette nouvelle merveille enchantée. Révéler son identité comportait un risque, surtout si la personne en face comptait des intérêts quant à son passif sur les terres de l’ouest … Bien que, le visage non loin et sa réputation n’évoquait pas vraiment de soucis particulier de ce point de vue. Ainsi, après une petite pause, reprit-il de plus belle.

« Je dois grimper à une bonne hauteur sur la montagne après cette halte. Une fois là-bas, il me faudra accomplir la dernière étape, celle d'insuffler à ma création l'essence du vent. De cela, j'en tirerais un nouveau joyau resplendissant, dont la faculté pourrait à jamais guider toute âme perdue dans ses propres volontés. Les guider vers leurs destins, d'une pointe qui ne donnerait aucune autre indication qu'un chemin à suivre, selon le coeur de son possesseur. Tout cela par la grâce et l'omniscience du vent, si jamais je parviens à en gagner sa bénédiction ... Puis, conformément à la tradition, les légendes et les chants transporteront son histoire à travers les peuples, les terres et les royaumes. En cela, même si je ne puis deviner les dessins de cette rencontre, je puis te dire de ma longue vie elfique, barde du vent, que ta renommée n'y semble pas étrangère ... »

Sous le joug de la lueur du brasier, s'intensifiant puis s'amenuisant secondes après secondes, Sindar parut subitement changé, à clamer l'avenir dans ses propres pensées comme une fausse coïncidence qui se transformait peu à peu en sorte de destinée toute tracée. L'on remarquait maintenant sa facette d'enchanteur érudit apparaitre à la surface, noble de son art ancestral, essayant de voir au-delà de ce que le monde leur présentait. Ces notions-là de rouages guidant les entités vivantes demeuraient ancrées dans leur culture, à étudier et communier longuement avec la nature les entourant en Enelis. Et de son regard, comme illustrant cette impression, jaillissait l'expérience de plus de mille années d'existences, à interpeller son partenaire de mystère ... Cette rencontre ne tenait pas au hasard.

« Ainsi donc ... Prendras-tu place, toi aussi, dans la légende de ce joyau ? »

Souvent, au détour d'une aventure rocambolesque, il lui arrivait de s'arrêter un instant, de se débarrasser de toutes ses préoccupations éphémères, et de s'interroger sur sa position vis-à-vis des différentes forces régissant ce monde. Jamais cependant ne tombait de conclusion valable, où même à ses yeux aiguisés n'apparaissait qu'un avenir trouble, aux contours indéfinissables. Les avis divergeaient d'une personne à l'autre, selon les circonstances et les intérêts : Certains le bénissait d'accomplir leurs requêtes, pendant que les victimes le maudissaient de sa présence ... Puis, existait aussi des êtres comme cet elfe en face, parvenant à apprécier les richesses de son peuple à travers lui. D'ailleurs, ces dernières phrases furent bien étonnantes ; Ou du moins, ne seraient-elles pas ainsi devant toutes les vérités concernant le mercenaire. Un métier où l'on évoluait finalement sur cette fine frontière séparant les ténèbres de la lumière ... Malgré toutes les apparences filtrant selon la situation.

Désormais, l'unique accroche résidait en ses propres ambitions. C'était ce qui transparaissait lors du discours très instructif du barde du vent, dont l'attention du chasseur n'en perdit aucune miette. Tout élément portait à être considéré, d'autant plus que son habilité à l'expression enveloppait les informations sous des tournures embrumées ... En cela, à aucun moment ne lui coupa-t-il la parole, en profitant pour boire raisonnablement dans sa réserve d'eau. Le froid n'en exigeait pas beaucoup de toute manière. Parler avec le vent. Être façonné par le vent sous une autre nature. Se laisser porter par le vent ... Ces trois principes, à en sonder ses origines initiales elfiques le portaient à un stade transcendant les bases de la magie que l'on répertoriait dans les bibliothèques d'Enelis, pour une forme plus évoluée souvent disséminée à travers les légendes ou fables impossibles à vérifier ... Ici s'y tenait une preuve palpable.

« Il n'est de telles rencontres que dans les contes et légendes ancrés dans nos imaginations ; Tu sembles être, à n'en pas douter, un recueil de bénédiction dont la nouvelle forme évoquerait en nous la nécessité d'en apprendre davantage par l'admiration qui nous sied pour les affaires de la nature. Si bien que, moi-même, sans les tumultes de cette quête me pesant lourd, me serais dérogé à la promesse de taire ma curiosité pour en obtenir plus. Ou seulement puiser dans ce miroir, les nouvelles histoires du Naldor, en des sièges et conditions plus confortables ... »

Le voilà qui, durant cet échange avec un esprit semblable à ceux de sa maison et de son peuple, remontaient à la surface les règles de bienséances en termes d'expressions et de langages, deux notions rapidement oubliées au contact des hommes, plus rustres dans le comportement. En effet, Sindar n'en reniait jamais ses origines, peu importe le style de vie adoptée. L'on hésiterait de prime abord sur la source de ces semblants de flatteries, entre manipulation ou admiration. Cependant, le ton et la manière employée s'éloignait pas mal de ces jeux futiles, banals, pour cette caractéristique propre aux elfes de pouvoir apprécier les entités de cet univers comme le ferait un érudit empli de savoir ; Ni en bien, ni en mal, juste par la fascination brute. Certes, cela aurait peut-être pu l'intéresser autrement, en d'autres lieux ... Mais, dans ce cas précis, tous les réunissais provisoirement.

« Mais pour l'instant, ton aide me sera très précieuse. Ainsi, ne puis-je que l'accepter. Sur ma personne résidera l'enchantement ... Et la tienne les arcanes du vent. Lorsque la tempête s’allégera suffisamment, l'on devra partir, grimper et trouver une place adéquate pour terminer ma création ; Puis, entamer la dernière étape du rituel, où tout se jouera sur l'esprit du vent. J'ai des réserves suffisantes, plus que nécessaires même. Je pourrais te fournir. Mais ensuite, je ne pourrais surement pas te suivre dans ta propre quête. Cela me fera une dette pour un jour à venir. »

Une conclusion plutôt fructueuse a priori ... Cependant, cela faisait naître chez le chasseur une certaine appréhension quant au résultat à venir. D'après son interlocuteur, le vent se disait plus omniscient encore que dans ses pensées. Et il fut tout de même envoyé ici ? Visiblement, le rôle de ce joyau s'annonçait d'une plus grande ampleur que dans ses projets. Maintenant, par rapport à sa personne ... Impossible de le deviner. Ainsi, le chasseur profita des derniers instants de repos, plongé dans le doute, jusqu'à s'engager de nouveau sur la montagne ...