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Ocre Cirrat
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Ocre Cirrat

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Description: Un vieil homme cinquantenaire qui se fond dans la masse, à l'apparence banale et commune, il est oublié de tous. Des cheveux longs et gris, des yeux marrons et ternes, une petite taille, des rides, des lèvres craquelées, une démarche boiteuse et un bâton de marche constituent les éléments les plus emblématiques de cet illustre inconnu. Malgré sa banalité écoeurante il semble parfaitement calme, comme s'il avait quelque chose en tête. Mais cette sérénité est alors trahie quand il plonge son regard dans un vide qu'il est le seul à voir, s'isolant du monde extérieur.
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Ven 25 Jan - 21:11
Il était tard. Habituellement je n’organise pas de rendez-vous la nuit avec Ergos : mon âge avancé me limite beaucoup. Mais c’est surtout la nuit que des méfaits sont commis, et je ne suis pas vraiment un homme d’action. Bien sûr, elle a ses avantages, notamment qu’il est plus facile de se soustraire aux ennuis s’il y avait lieu d’en avoir, mais cette lune blafarde et ce ciel sombre ne m’inspiraient guère. Malgré tout ce rendez-vous était bien plus attractif que la chaleur étouffante de l’auberge et de mon lit douillet.
Le vent froid coulait dans les rues comme un fluide. Des petits frissons me prenaient lorsqu’il me caressait. La vapeur qui sortait de ma bouche était balayée par ma marche rapide et saccadée. Mon manteau de voyage aurait été le bienvenue. J’ai vu beaucoup de gens mourir à cause d’un simple rhume. Une si petite chose.

La cité de Rockford, capitale du royaume des Hommes, mais aussi son plus grand mélange ethnique. L’architecture ne m’intéressait que très peu et je ne me retournais pas pour regarder les grands bâtiments et les murs blancs de la ville, ni les nombreux gardes arpentant ses rues. Je fus soulagé de voir que mon infiltration dans la capitale s’était déroulée sans accroc. Mes contacts n’avaient pas augmentés les prix et les passeurs avaient bien fait leur travail, comme à l’accoutumée. A mon arrivée j’avais réservé une petite chambre d’auberge sous le nom d’Angus Merle. Le protagoniste des œuvres d’un illustre inconnu. Si un jour le tenancier découvre mon imposture, je serais déjà parti depuis longtemps. J’aurais sans doute pu entrer autrement sans payer, mais mes vieux os n’aiment pas attendre.

J’avais eu vent il y a déjà quelques semaines d’une cargaison. La plupart, bien que rares, ne m’intéressaient que très peu, soit car le sujet ne m’intéressait pas, soit que je sais déjà tout ce qu’il y a apprendre. Cependant, quand je fis l’inventaire des ouvrages, un titre me hausser les sourcils. Le Tome du Déchu. Un livre pareil n’est pas sensé être dans les mains d’un petit trafiquant. Ergos n’a certainement aucune idée de la valeur d’un ouvrage pareil. C’est le genre d’objet mentionné dans les légendes. Les archivistes rient généralement à la mention de son existence : c’est une rumeur, tout simplement. Pourtant, le titre était là, noir sur blanc, à me frapper sur les yeux. Ergos ne me connaît que trop bien pour savoir qu’il ne faut pas m’entourlouper - après tout, je paye rubis sur l’ongle, et parfois plus. Je me suis donc hâté en direction de Rockford. Ce livre est à moi.

Je tourne au coin de la rue. Là, Ergos, en train de dialoguer avec un grand homme. A côté du trafiquant, deux vigiles surveillent attentivement les alentours. Il n’y a pas de gardes ici, du moins pas encore, car la cité est une vraie fourmilière. Le grand individu est rapidement introduit dans une cave au bout d’une ruelle perpendiculaire à ma rue, et Ergos se replace nonchalamment contre le mur sali. J’attends que les vigiles soient chacun partis des deux côtés avant de m’engager. Un sourire de malfrat s’étend sur son visage et il ouvre les bras en signe de reconnaissance. Il m’introduit lui aussi dans la cave presque immédiatement, un privilège accordé uniquement après plusieurs années d’affaires.

La puanteur et l’humidité emplissaient la salle et je fus agacé de savoir que le « commerçant » gardait des livres dans un endroit pareil. Tout ce qu’il allait réussir à faire c’était de mettre dans un état encore plus piteux des textes anciens. De nombreuses caisses parsemaient la cave dans un désordre le plus complet et je posai ma sacoche sur la première à portée de main. Ergos descendit me retrouver et me salua avec son habituelle fougue. Il me demanda ce que je voulais mais je ne répondis rien. Ma petite manie. Il me réveilla probablement en claquant des doigts, comme il le fait souvent. Il ne m'a jamais interrogé sur ce tic, sans doute qu'il a affaire à des gens bien plus étranges que moi chaque jour.

Il me présenta la liste des livres, identique à celle que j'avais reçue il y a quelques semaines. Je pointai immédiatement du doigt l'emplacement sur le papier où se trouvait l'écrit qui m'intéressait. Il hocha la tête et disparut au fond de la cave. Un petit moment après, il réapparut avec un paquet sous le bras, emballé dans un vieux tissu. Une maigre protection qui n'aiderait en rien le livre à échapper aux intempéries. Il me le tendit et je dépliai le tissu, essayant de masquer mon excitation. Il ne fallait pas que Ergos me facture un prix trop élevé après tout.

Le Tome du Déchu n'était pas un ouvrage imposant. Plutôt de la taille d'un carnet, mais épais d'environ quatre-cents pages, mesures assez utilisées il y a un ou deux siècles. La couverture était cependant illustrée, chose assez rare. Une simple gravure sans couleurs, représentant un chevalier criblé de flèches. Je passai le gras de mon doigt sur l'enluminure et sentit le poids des années faire frissonner ma peau. Je n'ouvrit cependant pas le livre, car j'étais déjà persuadé de son authenticité. Si ce livre était un faux, alors celui qui l'avait fait était plus que doué. J'ai entraîné mon œil et mon corps à reconnaître les originaux des faux, et celui-ci me paraissait bien trop particulier pour être une simple tromperie. Et si c'était une arnaque, et bien tant pis, je n'osais pas l'ouvrir devant un truand comme Ergos. Il y a des choses que je ne partage pas.
Repliant le tissu sale par dessus la couverture, je garde mon bien dans mes mains. Je savais que ce que le trafiquant avait trouvé était d'une valeur inestimable, du moins pour quelqu'un comme moi. Je n'avais cependant pas assez bien caché mes émotions, car une petite lueur s'anima dans les yeux dans les yeux du « commerçant ».

« Content de ce que tu vois ? Je me suis toujours demandé ce que tu avais avec les livres. Pour ce vieux machin, je te demande, disons, six pièces d'or. »

Je réprimai un hurlement de joie. J'étais forcément béni, ou alors pourvu d'une chance incroyable, pour qu'un tel objet me soit remis à un prix si faible. Bien sûr, Ergos n'était pas un expert, sinon je n'aurais sans doute jamais pu m'offrir ce bijou, même avec une bourse trois fois plus remplie. Les livres que m'avaient fournis Ergos n'avaient jamais dépassé les dix pièces d'or, et il ne s'attendait donc pas à grand chose, mais moi si.
Je lui laissai ses pitoyables pièces, lui en donnant même une en plus, comme gage de notre collaboration. Il me gratifia d'un sourire et je fis de même, je crois. Fourguant le paquet au fond de ma sacoche, je passai la bandoulière sur mon épaule et me dirigea vers la sortie. Le trafiquant me raccompagna et l'air frais de la soirée me parut presque agréable après un achat aussi avantageux. Je saluai mon ami et me mit à errer dans les rues, appréciant le poids délicieux qui venait s'ajouter à mes possessions.

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Morrigan La Vipère
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Morrigan La Vipère

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Description: Là-bas, vous voyez une forme se découper, deux yeux psychiadéliques vous fixer quelques secondes. Elle est folle, délirante, maniaque, psychopathe, pensez-vous. C'est vrai. Que vous veut-elle? Rien, sauf si vous avez le malheur d'être une proie, ou que vous ayez un travail alléchant pour une tueuse dans sa trempe. Mais n'aller plus loin que cette relation de sales jobs; elle ne vous dira rien, elle ne peut. Vous voulez percer ses mystères? Vous oseriez? Alors il vous fera de la témérité et de la persuasion, et si vous réussissez à attirer son esprit autre que par l'argent, vous êtes chanceux. Sinon, le sang coulera.
Localisation : Là où tu ne penseras pas chercher
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Mar 12 Fév - 3:28
Je vous prie de bien vouloir céder à cette simple requête. Nous, érudits, ne pouvant nous occuper d’une telle tâche, et malgré que nous sommes réticents face à une telle méthode, n’avons plus le choix. Nous croyons qu’un réseau de trafic de livres serait présent à Rockford, et nous voulons y mettre un terme, avant que les mauvais tomes tombent entre les mauvaises mains. Éliminer ce cartel le plus discret et rapidement possible, et tenez-nous informés. Vous serez récompensé par une belle somme.

Toutes nos sincères amitiés.


Je regardai le lettre que je venais de recevoir en main propre d’un homme, déjà reparti je ne savais où. J’étais assisse au bar, chope de bière à côté de moi, histoire de bien finir cette soirée…ou plutôt de la commencer, à ce que je voyais. Le papier sentait cette odeur bizarre dans les librairies, et je devais avouer que régler des affaires d’érudits planqués devant leurs bouquins à rien foutre sauf lire et écrire…Cela ne m’enchantait pas vraiment. Mais s’ils avaient pris la peine de me contacter, c’est qu’il devait avoir connaissance de mes contacts. Et que la situation devait être réellement désespéré si aucun gardes, ni avis de recherche, ni même les belles paroles des érudits n’avaient pu mettre fin à tout cela.

Seulement, une petite voix en moi me disait que quelque chose d’autre sous cela; pourquoi moi, et pas un simple mercenaire? Se cachait-il une quelconque personne scrupuleuse? Justement, en y pensant, au bas de la lettre se trouvait un petit papier roulé, contenant le croquis d’un homme, avec quelques mots au bas, ainsi qu’une adresse de lieu de rencontre pour ma récompense;

Si vous le croisez, veillez à nous le rapporter vivant. À la bibliothèque de Rockford, demandé la salle privée 6.

Je comptais me concentrer sur le sujet principal de la missive avant. Puisque chercher un homme sans informations, la nuit et dans une grande ville revenaient à essayer de trouver un cheveu dans une botte de foin, ce qui est théoriquement encore plus difficile qu’une aiguille, alors voilà pourquoi j’y ai inséré cette comparaison.

Je mémorisai chaque détail de son visage; vieux, rabougris. L’âge ne l’avait pas épargné. Devais-je m’attendre à une opposition, une bataille peut-être? Ce bon vieux dicton des apparences trompeuses, je l’aime bien celui-là. L’œil est trompeur, en devenant même un handicap.

Je montrai ce qu’il y avait d’écrit au barman; personne ne connaissait mieux la ville que lui, et il était affilié au réseau. Quelqu’un de fiable et utile en toute somme. Il la lu, grattant sa barbe d’un air pensif; tique récurrent chez lui.

-Oui, je crois en avoir déjà eu des échos. Commencer dans le quartier nord, dans les petites ruelles. C’est tout ce que j’ai cette fois.

Me le redonnant, je chiffonnai cette dernière avant de la jeter dans le feu qui brûlait dans l’âtre; ne jamais laisser aucune preuve pouvant me trahir, et mettre en danger mes contacts. Pas que je me souciais de leur vie, mais cela faisait assez mal à la réputation. Je ne gardai que le dessin de mon homme recherché. Je bus d’une traite ce qui restait de bière avant de remettre mon masque, et de lancer une pièce d’or au barman, pour le service et son aide.

Il me remercia d’un hochement de tête à lequel je répondis de même et je m’élançai en dehors du bâtiment, rabattant ma capuche sur ma tête. Le froid de l’extérieur me fit le plus grand bien.
___

Pendant une bonne heure, je cherchai les ruelles du secteur nord de la ville, tout en évitant les patrouilles, vraiment énervante. Chaque personne était vue comme un ennemi et je tâchai de bien regarder les visages pour ne pas manquer l’inconnu. Finalement, sans une once de désespoir en moi, je finis par trouver ce que je voulais; un homme, sûrement un vigile, était accoté contre un mur, près d’une porte.

La puanteur des lieux agaçait mon odorat, ce que le monde pouvait être des porcs. Et nous qui sommes supposés être civilisés? Laisser trainer ses déchets partout s’appelle de la civilité? Je crois que la compréhension de ce concept n’est pas sa véritable définition.

Bref, je m’égare. Je vis deux hommes sortir, mais dans la pénombre, et à la distance que je me trouvais, leur visage n’était pas assez éclairé pour que je les reconnaisse. Celui qui resta près de la porte dit, sûrement pour lui-même;

-Les affaires sont dans le sac, d’ici quelques jours, on aura un bon pactole!

Sa voix n’inspirait guère confiance, et encore moins le sujet de conversation. Pas de doute, il se passait quelque chose ici. Ne me restais qu’à trouver un moyen d’entrer et il ne fut pas long avant d’avoir une idée en tête. J’attendis que la deuxième personne rentre avant de le mettre à exécution.

Je vis un tonneau près de moi, et je le balançais violemment par terre, vidant le contenu. Le vigile releva la tête, alors que je me cachais derrière un mur, dans le noir. Il ne devait pas avoir grand passant dans ce coin, pour qu’un tel cartel existe. La voix de l’homme retentit, expirant la crainte et le doute. Il sortit son épée en se dirigeant vers ici, doucement. Au moment qu’il fut près de moi, torche à la main, ce qui me fit raidir d’un seul coup en voyant le feu, je lui envoyais mon avant-bras directement sur son coude, qui cassa vu la pression faite dans le mauvais sens. Je m’empressais de lui mettre ma main sur sa bouche, et de lentement lui glacer le sang dans le cou, ce qui conduisit à une hypothermie. Il ne valait pas la peine d’être occis.

J’entrais avec discrétion dans le bâtiment, qui menait en fait à une cave, humide et crasseuse. Un désordre complet y régnait, ce qui m’énerva, étant habituée que tout soit propre et ordonnée. En voyant les tonnes de livres éparpillés sans délicatesse sur le sol et les caisses nombreuses, je savais que je me trouvais à la bonne place. Pas grand-chose à dire, sauf que c’était une grotte des plus banales.

-Qui est là?, demande l’homme de tout à l’heure.

Le silence fut sa seule et unique réponse, avant que je fonde sur lui, discrète telle une ombre, mortelle. Je lui plaçai une lame sur la gorge et ses supplications vinrent me casser les oreilles, alors qu’il comprenait que ce n’était pas une blague.

-Pitié! Je…Je vous promets de vous donner tout ce que vous voulez! De l’or, tout mon stock!

Sans répondre, je sortis le dessin. S’il savait la moindre information, il allait cracher le morceau sous l’effet de la peur. Sauf s’il était déjà intimidé par celui-ci, ou bien que ce soit un têtu.

-Oui, je l’ai vu, c’est lui qui est parti tantôt! Par pitié!

Seulement, moi, je n’avais pas affaire à des crapules, et je lui brisai la nuque telle une allumette. Il ne m’était plus d’aucune utilité, je n’avais pas envie de me salir les mains, si j’avais à poursuivre quelqu’un, voir du sang ne disait jamais quelque chose qui vaille.
Comme preuve, j’emportai un registre de nom de livres que je trouvai sur une caisse. Ces érudits ne pourraient douter d’un travail incomplet et je notai l’emplacement du cartel, s’ils voulaient faire le ménage. Je m’élançai ensuite vers la porte, sachant que chaque seconde perdue pouvait me faire perdre la trace de l’inconnu.

Je fus de nouveau dans les rues, y allant au pas de course. Par chance, presque toutes les petites ruelles menaient à l’allée principale, qui était ma direction. Je finis par entrevoir une silhouette, que je suivis à distance raisonnable pendant au moins 5 minutes, jusqu’à pouvoir identifier son visage. C’était lui. Seulement, par malchance, une patrouille arriva à une intersection, et je m’empressai de me cacher derrière le premier mur venu. Je pestai mentalement contre ses saletés de gardes, toujours à tomber pile au moment inconvenable, comme s’ils faisaient exprès.

Je pus sortir de ma cachette quand le danger potentiel fut parti, mais je l’avais perdu de vue; où avait-il tourné? J’arrivais près de l’intersection, fixant de mes yeux cyans les multiples chemins à la recherche d’un mouvement. La fatigue se faisait sentir sur moi, n’ayant pas fermé l’œil depuis près de 48 heures. Je serrai les poings en étouffant un grognement de colère face à cet échec, si l’on pouvait appeler cela ainsi.

J’ignorai par où aller, mais rentrer à l’auberge alors que j’étais si près de mon second but serait stupide et lâche. J’avais l’intention d’y mettre un terme ce soir, du moins, essayer par tous les moyens.



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Ocre Cirrat

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Description: Un vieil homme cinquantenaire qui se fond dans la masse, à l'apparence banale et commune, il est oublié de tous. Des cheveux longs et gris, des yeux marrons et ternes, une petite taille, des rides, des lèvres craquelées, une démarche boiteuse et un bâton de marche constituent les éléments les plus emblématiques de cet illustre inconnu. Malgré sa banalité écoeurante il semble parfaitement calme, comme s'il avait quelque chose en tête. Mais cette sérénité est alors trahie quand il plonge son regard dans un vide qu'il est le seul à voir, s'isolant du monde extérieur.
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Mer 20 Fév - 15:35
Je rajustai ma bandoulière d'un mouvement sec et stressé. Le poids de ma sacoche, bien que confortable, ne put s'empêcher de peser lourdement dans mes peurs et mes craintes. A vrai dire je ressens toujours cela avec cette sacoche : une paranoïa qui me prends. Il est bien utile de réunir toutes ses possessions, mais s'il m'arrivait de la perdre, je ne saurais pas vraiment quoi faire. D'un autre côté, ce fardeau me rappelle l'importance de ma mission et me force à persévérer dans ma voie.
Les gardes semblèrent redoubler en nombre. Je me hâtais de plus belle, prenant des ruelles détournées. Heureusement, je connaissais le quartier par cœur, ayant lu et mémorisé la carte de la cité il y a de ça déjà quelques années. Je trouve cela toujours étrange à quel point une carte ne rends aucunement compte de la réalité. On y effleure seulement la surface des choses.

Malgré ces soucis, je ne pouvais m'empêcher de ruminer une réflexion vaseuse et insatisfaisante, de par l'heure tardive, sur le contenu du Tome du Déchu. De ce qu'en j'en savais, c'était un ouvrage que l'on pouvait en réalité trouver si l'on cherchait. Mais les versions disponibles ne sont que des fausses, textes incomplets et résumant le livre. Des impostures totales, où il est inutile d'examiner longtemps le livre pour en comprendre la teneur. Le paquet d'Ergos qui reposait au fond de ma sacoche était une édition originelle. Un pur bijou. Probablement réalisée il y a deux cents ans, auraient dit les libraires. En temps normal j'aurais été d'accord, même avec eux, mais l'odeur du papier, l'état du livre, et surtout l'impression qui émanait de cet artefact me faisait dire que c'était un ouvrage ancestral. De sombres rumeurs circulent sur ce genre d'éditions : on raconte que comme elles recopient le texte original, mot à mot, la magie maudite contenue entre les lignes peut être exploitée par un lecteur averti et minutieux.
A ce moment là, je n'avais guère envie de sortir l'objet de mon attention pour l'étudier, surtout en pleine nuit, dans une cité grouillante de gardes bien-pensants. Mon esprit devait être quelque peu embrumé, après tout il devait être facilement deux heures du matin. Ma main se faufila dans ma sacoche et tâta le livre avec des doigts avides. Je marchai sans m'en rendre compte, victime de ma manie à rêver debout, et finalement, quand je me réveillai de cet étrange moment, je me rendis compte que j'étais perdu.

Cela m'agaça mais m'inquiéta surtout. Ma mémoire me jouait-elle des tours ? Je l'entraîne et l'exerce pratiquement tous les jours et jamais elle ne me trompe ainsi. Ce fut la première fois en tout cas, et j'espérais que c'était la dernière. Je ne me retrouvais plus dans ces ruelles sombres. La fatigue m'avait sans doute perturbé le cerveau. Je ravalai une bouffée d'air froid et prit une direction avec un air faussement décidé. Je n'osais pas me l'avouer, mais je n'avais probablement aucune idée de ce que je faisais. pourtant, si je voulais m'y retrouver, il fallait bien que je retourne à une rue connue.

J'empruntai le chemin que je venais de choisir, en colère face à cet imprévu mémoriel. Ma main n'avait d'ailleurs pas quitté ma sacoche et je la retirai brusquement, les nerfs à vif. D'habitude je reste calme, même quand il n'y a personne. Je ne suis pas un homme colérique, mais il faut me comprendre, c'était la première fois que ma mémoire me trahissait ainsi. Jamais je n'ai eu à souffrir de troubles. En l'occurrence, mon énervement devait être bien visible, surtout que je n'étais pas seul.

Une silhouette se dressait dans la ruelle. Une allure féminine, jeune. Je reconnais la jeunesse de loin. De très loin. Mais je n'avais pas envie d'y penser pour le moment, car ma colère ne devait pas être renforcée. Je me rapprochais petit à petit et m'aperçut qu'elle était un peu plus grande que moi. Loin d'en faire un complexe - j'ai mieux à faire - ce genre de petits détails me rappelle toujours que je suis un être insignifiant. La vie est un chaos duquel il faut s'extirper. La femme était curieusement habillée, voire beaucoup trop, et je fus rapidement inquiet une énième fois en une nuit. Un personnage pareil au fond d'une ruelle n'avait rien d'accueillant. Je me mis à triturer mes mains.

« Bonsoir. »
Ma voix, banale et fade, fit un vacarme assourdissant dans la ruelle silencieuse. Je fus gêné au début de ce bruit agaçant mais je décidai de ne pas m'en occuper outre mesure. J'ai rarement l'occasion de prendre la parole, tout de même. Cela devait probablement faire quelques mois que je n'avais pas prononcé un seul mot, errant seul dans le paysage et passant mes nuits à étudier d'anciens parchemins. Je suis assez cyclique dans mon fonctionnement : pendant de longs moi je m'isole, arpentant les terres à la recherche de sombres réponses, et quand je les ai trouvées je cherche une lumière qui vient de la civilisation, une lumière qui me permets de connaître de nouvelles questions. Et le cycle continue ainsi pendant des dizaines d'années.

Je m'attardai de nouveau sur l'attirail de la passante. Un costume moulant et sombre, bardé de métal qui ressortait comme des excroissances menaçantes. Je trouvai cela ridicule et grotesque, mais formidablement dangereux. C'était la première chose que j'en déduisis de cette allure : une sorte de prédateur métallique et déguisé. Un demi masque aberrant lui couvrait une partie du visage et je me demandai quelles commandes cette demoiselle avait du passer pour se parer de bijoux aussi singuliers.
Quand j'y repense, il n'y avait rien de sensé à ce que j'ai fait à ce moment précis. D'habitude je suis bien plus pragmatique et logique. J'ai mes soupçons pour expliquer les bêtises de cette nuit, mais en tout cas, je regrette fortement mes paroles. Digresser sur mes erreurs ne me rapportera rien malgré tout.

« Excusez moi, je cherche l'auberge du coin. Pourriez-vous me l'indiquer si vous savez où elle se trouve ? »
Mon parlé incertain était tout à fait risible, d'autant plus que je m'adressais à ce qui semblait être une vulgaire racaille. Des années d'existence m'ont appris que parfois les premières impressions sont justifiées. Il est triste de constater après tout que certaines personnes sont fades. Je persistai à jouer avec mes doigts, et ne sachant quoi en faire, je résolus à les joindre dans mon dos, parfaitement conscient que la figure de la demoiselle m'intimidait. Chose rare, j'ajoutai un petit sourire pour ponctuer ma question. On m'a longtemps dit qu'il était essentiel de communiquer avec des expressions faciales. Je ne vais pas contredire cela, car on en sait probablement plus que moi à ce sujet, mais je ne suis pas convaincu. Surtout avec un interlocuteur pareil.

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Morrigan La Vipère
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Description: Là-bas, vous voyez une forme se découper, deux yeux psychiadéliques vous fixer quelques secondes. Elle est folle, délirante, maniaque, psychopathe, pensez-vous. C'est vrai. Que vous veut-elle? Rien, sauf si vous avez le malheur d'être une proie, ou que vous ayez un travail alléchant pour une tueuse dans sa trempe. Mais n'aller plus loin que cette relation de sales jobs; elle ne vous dira rien, elle ne peut. Vous voulez percer ses mystères? Vous oseriez? Alors il vous fera de la témérité et de la persuasion, et si vous réussissez à attirer son esprit autre que par l'argent, vous êtes chanceux. Sinon, le sang coulera.
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Dim 17 Mar - 22:57
En ce moment, je ne savais quoi penser. J’avais beau réfléchir et trouver des indices à un point que j’en avais des maux de tête, mais rien; les mêmes dalles de pierres irrégulières, les mêmes murs gris et sales et le même silence constant. Pourtant, malgré que des personnes aient pu s’énerver face à une telle situation, moi, je me sentais calme. En fait, je rajouterais un brin de….hum, frustration? Oui, c’était bien cela. Ou bien le doute? Un doute face à un choix difficile. Oui, doute et colère mélangés ensemble, mais conservés en-dessous de la tranquillité que j’affichais.

3 chemins, un seul était le bon. 1 chance sur 3. J’avais l’impression de jouer aux dés avec mon avenir; je les jetais, espérant que le chiffre obtenu sera le bon. Du hasard, il n’y a rien que je hais le plus au monde. Il n’y avait absolument rien de logique dans cela et tout ce que je faisais était basé sur des raisonnements et pensées cohérentes qui se succédaient. Voilà un autre aspect de la vie que j’étais incapable de comprendre; les jeux de mise. Stupide et dépourvu d’intérêt; comment pouvait-on être capable de sa monnaie, où l’on pouvait se ruiner aussi facilement que de devenir riche? Le hasard était abruti, mais la chance que deux événements coïncides est une autre. Je croyais plus en une voie qui était déjà toute écrite et tracée.

Je finis par éliminer celui à ma droite, menant à une rue qui ne débouchait que sur un quartier de maison. Ne restait plus que lui devant et la gauche. Étant gauchère, j’étais légèrement plus tentée à prendre cette direction. Je regardais une nouvelle fois avec une minutie des détails tout ce qui aurait pu m’échapper comme indications la première fois. J’étais concentrée, mais pas au point de ne pas entendre venir une patrouille, surtout avec leurs armures de métal grinçantes et leurs pas lourds. Mais un homme ne portant que des vêtements sur le dos, silencieux, cela était hors de mes capacités mentales. En fait, le cerveau ne pouvait que se concentrer sur une seule chose en même temps. Essayer de penser à quelque chose et de parler au même moment. Très difficile de stimuler deux parties entièrement différentes du cerveau.

-Bonsoir, dit une voix râpeuse et dénudée de sympathie, voir même d’émotions.

Je fus brusquement tirée de mes observations. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et comme tout bon assassin ou guerrier entrainé, le premier réflexe fut de me retourner d’un mouvement rapide, prête à me battre, un poignard caché dans ma paume. Qui pouvait bien sortir à cette heure et vouloir importuner une inconnue? Je croisai le regard presque vide, excepté une flamme qui dansait au fond de ses yeux; impossible pour moi de déchiffrer ce message, c’était trop demandé pour mon peu de connaissances envers les émotions. Je fus littéralement frappée par l’apparence de ce vieil homme avec une canne et une sacoche à bandoulière. Je le reconnu trait par trait avec ce visage que j’avais vu de dessiné sur le papier. Je ne mettais donc pas tromper en admettant que c’était bien lui. J’étais arrivée pile au bon moment et à voir la banalité de l’homme me faisant face, j’ignorais comment j’aurais pu le trouver en plein jour, avec le peu de détails que j’ai eu.

Ses rides multiples, ses cheveux gris délavés; 50 ans, si ce n’était pas plus. J’avais déduit par simple logique qu’il était sûrement relaté à ce trafic d’ouvrage, d’où l’idée de me le mettre dans la lettre, ce fut donc le pourquoi le contenu de sa sacoche attisa….comment s’appelle cela déjà? Hum, ma curiosité plus développée que la normale. Qui me disait qu’il n’était pas un adepte des arts des arcanes, même ceux interdits? Je rangeai discrètement ma lame, puisque j’avais l’effet de surprise foutu, j’ignorais à qui j’avais affaire sans parler qu’une paire de yeux pouvaient se terrer quelque part. Je devais le rapporter vivant aussi, mais ça serait pour plus tard. Et s’il était érudit, puisque selon moi, un minimum d’intelligence était requis pour la magie, pourquoi n’avait-il pas eu des soupçons tant qu’à mon apparence, en pleine nuit? Erreur? Peut-être, mais il n’était pas écrit sur mon accoutrement que j’étais une meurtrière hautement recherchée.

Maintenant, que devai-je faire? Je ne pus m’étendre plus sur une solution que le vieux m’en fournit une et très facile;

« Excusez-moi, je cherche l'auberge du coin. Pourriez-vous me l'indiquer si vous savez où elle se trouve ? »

Je me contentai de le fixer de mes yeux cyans, dont un éclat de contentement y brilla quelques secondes. L’auberge du coin? La plus proche, du moins, celle d’un minimum de confort et de qualité, était exactement celle d’où je venais; le Franc-Tireur. Il allait tomber dans mon terrain de chasse; non pas qu’ils allaient tous lui sauter dessus. Personne ne se mêlait des affaires des autres, je comptais m’en charger seule. Je ne crois pas trainer cet homme avec moi; sûrement allait-il s’y rendre lui-même à la bibliothèque ou bien les érudits envoyerait des gardes, j’allais donc me contenter d’aller avertir mes contacts de sa venue et de l’accomplissement de l’entente. Ils se chargeraient des broutilles et des excuses.

Quelque chose s’expirait de ce vieux; doute, incertitude… je pouvais le sentir dans sa voix, dans sa façon de se tenir, tous des petits gestes montrant qu’il était un peu nerveux. Il me sourit et j’hochais la tête avant de lui faire signe de me suivre. Puisque d’ici, je ne pouvais indiquer l’auberge du doigt et je ne pouvais parler. Il serait donc obligé de me suivre. Je fis demi-tour pour m’élancer dans une autre rue, ralentissant mon pas avec ce vieillard; non pas que j’étais pressée, en fait, il parait que c’était un signe de politesse envers autrui. Je n’ai jamais appris la politesse, donc je me contente du bouche à oreille ou de certaines remarques, mais je n’en change pas mes habitudes.

Jetant quelques coups d’œil derrière, pour voir s’il me suivait toujours de près et s’il ne préparait quelques mauvais coups dans mon dos. Ce ne serait pas la première fois qu’on essaierait de me faire une tricherie pareille. L’immense bâtisse sentait la nourriture et la bière de loin, mais l’odeur était déjà plus appétissante que du chien mouillé ou des ordures collectives qui trainaient. Nous devions donc être près de l’auberge; j’aurais pu prendre des risques en allant directement à la bibliothèque, mais j’ignorais si ce vieux était un connaisseur de la ville. Si oui, j’allais me faire prendre à mon propre jeu. Il y avait aussi le pourquoi il voulait cet homme et aussi, le contenu de sa sacoche, qu’il tenait toujours dans sa main. Assez important pour toujours garder un œil dessus et ne pas sembler vouloir s’en séparer? Cela m’intriguait. S’ils avaient affaire à des trafiquants de livres, c’est que quelque chose de sombre devait se tramer, encore plus s’il était recherché. Conclusion; Je comptais en apprendre plus cette nuit. Malgré que l’envie de dormir me tenaille, je tenais à essayer d’éclaircir tout ça. Puisque les érudits étaient bien les dernières personnes à lesquelles je faisais confiance; gardant leur savoir pour eux, jaloux. C'était rare que je me mêlais du pourquoi d'un contrat...mais celui-ci ne m'inspirait pas. Je pouvais donc faire une petite exception à ma règle.

On vit l’enseigne de l’auberge, au loin, qui se ballottait au gré du vent sous des grincements audibles. Plus que quelques mètres, et la destination était à portée de main. Je lui indiquai l'endroit, restant à côté de la porte et suivant ses moindres mouvements d'un œil critique.

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