Une fourmi dans une tempête. C'était à quoi Zayev se comparait actuellement, tandis qu'il grimpait de plus en plus haut, suivant un hypothétique chemin dans la neige. Quatre jours le séparait maintenant de ses retrouvailles tendues avec son frère, et il ne s'en portait que mieux. Une soudaine rafale de vent le poussa, manquant de le faire tomber.

- Chier ! marmonna-t-il avant de continuer sa route.

Ses pattes commençaient à s'engourdir, et du givre recouvrait peu à peu sa gueule, malgré s'être recouvert de peaux d'animaux qu'il avait dépecé depuis son ascension. Néanmoins, il n'avait croisé personne depuis un bon moment. Il n'y avait pas meilleur endroit pour s'isoler à des kilomètres. Ce n'était pas par choix, bien sûr, mais plutôt par nécessité. Il ne ferait pas long feu s'il passait les portes d'un village comme si de rien n'était.

- Qu'est ce que je donnerais pour un bon peti.....

Une plaque gelée le fit déraper et dévaler la pente raide qu'il venait tant bien que mal de franchir. Le lycan tomba et freina désespérément sa descente avec ses griffes, et s’arrêta finalement à quelques pas d'un précipice. Allongé et encore secoué, il resta un petit moment sans bouger. Zayev regarda autour de lui et aperçut ce qui ressemblait de loin à une cavité dans la roche. Il décida de se relever doucement et partit en direction de ce refuge potentiel.

Refuge qui, vu de près, après plusieurs minutes de marche, semblait plus spacieux qu'au premier abord. L'entrée était en partie cachée par un grand tas de neige, laissant à peine le passage d'un seul homme. Néanmoins, l'intérieur était bien plus grand et spacieux. La grotte s'enfonçait suffisamment loin de telle sorte que la lumière de l'entrée ne pouvait éclairer le fond.

- C'est toujours mieux que de rester dehors, pensa-t-il.

Ni une ni deux, le loup s'attela à ramener quelques branches des rares arbres qui parsemaient le flan de la montagne. De retour dans la grotte, il déposa sa récolte en cercle. Le chasseur arracha ensuite une bonne partie des plantes grimpantes qui recouvraient les murs de la grotte pour s'en servir d'initiateur de feu.

Cherchant dans sa besace, il sortit deux petites pierres et commença à les entrechoquer. Après plusieurs essais bruyants mais inefficaces, il parvint enfin à obtenir quelques braises rougissantes et les plaça sous les branches. Une rafale de vent vint s'engouffrer à ce moment et éteignit d'un coup le feu ainsi que les efforts de Zayev.

- Merde !

D'un coup de patte, il envoya valdinguer le tas de bois au fond de la grotte avant de s'assoir dos au mur, désespéré et grelotant. C'est alors qu'un grondement sourd ainsi qu'un tremblement vint secouer toute la grotte. Quelque chose était au fond de la caverne, et ça devait être de mauvais poil. L'obscurité de l'antre empêchait Zayev de connaître la nature de ce qu'il avait réveillé. Il entendait la bête avancer, puis un craquement de bois l’arrêta.

Un bruit d'aspiration. Silence. Le lycan s'était rapproché de l'entrée, et attendait, Ironie dégainée. Une gerbe de flammes apparue des ténèbres et vint allumer les quelques branches au sol, éclairant entièrement la caverne et révélant l'identité de son propriétaire.

- Nom de....

Un... Un dragon ?

Depuis longtemps, elle ne pensait plus. Allongée là, comme l'épave d'un bateau échouée sur une île déserte, elle avait arrêtée de vivre. Personne ne viendrait la réveiller de ce sommeil forcé. Inconsciemment, elle avait envie de se laisser mourir à petit feu. Mais tout cela lui était égale. et son hibernation durait. Les saisons l'avait vu grandir, vieillir. Le temps ne semblait n'avoir plus de prise sur elle, changé en statue de glace pour l'éternité. Enfin, c'est ce que le destin voulait bien croire. Car par une journée aussi enneigé que les autres, un étranger arriva dans la grotte oublié de tous.

Que... Que s'est il donc passé ? Ai-je dormi tout ce temps ? D'où viennent ces bruits assourdissants qui me martèlent les tympans ?

Les premières pensées de Darla venaient de jaillir, et sa conscience lui revenait peu à peu. Elle examina donc la personne qui avait contribué à son réveil par ses va et viens. Au début, elle eut du mal à le distinguer clairement, ses yeux n'étant plus habitués à la pénombre. Quand cette ombre devint alors une personne, elle retient un grognement d'étonnement. Elle avait devant elle non pas un homme, ni un loup, mais une sorte d'hybridation des deux. Cette espèce lui était inconnue, mais en peu d'années le monde peut changer. Passant outre cette étrange apparence, la dragonne continua à observer ses gestes fluides et rapides. Il ne semblait pas dangereux, tout du moins pour elle ; sa décision fut bientôt prise : elle ne signalerait sa présence que s'il le faut, ou se rendormirait à jamais.

Je me demande tout de même ce qu'il essaye de faire avec ces deux pierres minuscules. Ce n'est pas ainsi qu'il va pouvoir allumer un feu. Je vais l'aider un peu, il ne se rendra compte de rien.

Elle cracha une petit flamme sur le tas de bois, et la grotte s'éclaira. La discrétion de Darla c'était envolée en quelques secondes.

"Mince" grogna Darla pendant que l'inconnu l'observait.

Elle dirigea lentement sa tête vers le voyageur, en essayant de ne pas l'effrayer. Elle était tout de même consciente que voir un dragon n'était pas quelque chose d'ordinaire. Même si, en réalité, le singulier personnage qui se tenait devant elle lui donnait froid dans le dos.

"Qui es tu ?"

Sa voix résonnait dans la caverne, jusque dans la tête du lycan. Une voix assourdissante, digne de son propriétaire. Et l'ouïe du loup n'arrangeait rien. A deux doigts de se boucher les oreilles, il répondit tout de même, avec un certain déplaisir :

- Un lycan... C'est déjà assez dur pour moi d'en être devenu un. Pas besoin de me le rappeler.

L'étonnement sur le visage de la créature blanche traduisait l'ignorance complète de ce qu'était Zayev. Au moins, elle ne le jugerais pas sur son apparence. Ce qui n'était pas plus mal, il faut l'avouer.

- On me nomme Zayev As...
- Zayev. C'est ça.

Feignant l’indifférence, il ne pouvait s'empêcher de réaliser à qui il parlait. Il avait côtoyé des lycans, des sorciers maléfiques, des vampires et autres « aberrations », mais jamais il n'avait osé penser se retrouver en face d'un légendaire dragon. D'ailleurs, ce dernier ne semblait pas agressif, ou du moins, il ne le laissait pas paraître. Le chasseur osa défaire sa garde, mais empoignait toujours sa lame, au cas ou.

- Et... Pourrais-je savoir à qui je fais face exactement ?

Une certaine surprise se lisait sur le visage de la dragonne. Entièrement réveillée cette fois, elle se demandait s'il était vraiment nécessaire de révéler son identité à un étranger. Mais étant la dernière descendante de sa famille, elle n'avait rien à craindre de prononcer un nom qui n'était depuis longtemps que poussière et murmure.

" Je suis Darla, seule survivante de la famille Yuhl qui vivait autrefois dans une autre grotte loin d'ici."

Elle regarda alors l'extérieur de la grotte, qui n'était que neige et glace. Le monde extérieur la tentait affreusement, maintenant qu'elle le voyait. Marcher dans la neige, laisser ses énormes empreintes sur ce manteau blanc... Mais jamais elle ne sortirait d'ici. Si elle s'était renfermée sur elle même, ce n'était pas par égoïsme. La mort l'attendait dans le vrai monde, où elle ne serait qu'un simple gibier. Cette idée ne lui plaisait guère, même pire, elle l'obsédait. C'est ce qui peuplait déjà ces cauchemars, même avant que la Grande Chasse est commencée. Sachant qu'elle était la plus faible de tous, se faire pourchasser n'était pas dans ces priorités. Quand on est une moins que rien, on ne demande plus rien à personne...

"Tu peux rester là autant de temps que tu le désires. Si tu as besoin de mon aide pour quoi que ce soit, appelle moi."

Les mots avaient sortit tout seuls de sa bouche, mais elles les pensaient sincèrement. Qu'importe celui qui venait lui rendre visite, elle l'avait toujours accueilli. S'éloignant de l'inconnu, elle se recroquevilla là où elle était quelques minutes auparavant et continua d'observer de ces yeux d'or le "lycan".

Seule survivante... Autrefois... Ces mots l'avait interpellé. La solitude devait être la seule chose qu'elle éprouvait en ce moment. Il osa un instant comparer sa peine à la celle de la dragonne, mais il s'en retient. Lui n'avait vécu cela que depuis peu de temps, tandis qu'elle semblait y avoir goûté pendant des décennies. Oser penser qu'il endurait la même chose qu'elle n'était que pur égocentrisme.

- Mais contrairement à cette 'Yuhl' tu n'es pas seul, Asulf. Je suis là, ne l'oublies pas.

- Je t'ai déjà dis de ne pas m'appeler Asulf. Je n'ai plus rien à voir avec eux.

La voix avait tout de même raison, le chasseur n'était pas totalement seul. Ce qui l'accompagnait depuis sa transformation ne cessait de lui parler. Devenait-il fou, ou bien était-ce l'incarnation du lycan qui l'avait mordu ? Quoi qu'elle soit, cette voix ne semblait pas vouloir répondre à ses questions et s'amusait à jouer les conseillers sarcastique, ce qui avait souvent pour résultat d'énerver Zayev.

- Tu as d'autres idées aussi brillantes que de rester tranquillement à côté d'un dragon ? Attaques-le avant qu'il ne s'en prenne à nous !

Ignorant une énième fois les remarques dans sa tête, il regroupa les morceaux de bois enflammés et en fit un feu plus important. S'asseyant en tailleur le long de la paroi pierreuse, les bras détendus, le lycan s'exprima d'une vois lasse :

- Si tu le veux bien, je vais me reposer pour le moment. Je verrais demain ce que je ferais.

Darla n'avait pas décroché son regard de cet étrange personnage. Pour une première rencontre depuis son sommeil, il fallait avouer qu'elle était un peu décontenancé. Enfin au moins, il ne l'avait pas attaqué.

- Et merci pour ce maudit feu, ajouta-t-il en guise de remerciement pour son hospitalité.

Darla se réveilla avec une sensation de bien être non dissimulée. Elle pouvait enfin vivre, après avoir vécue trop longtemps dans un sommeil éternel. Et tout cela, elle le devait à cette homme, allongé à même le sol de la caverne. Enfin, le terme "homme" était mal choisi pour le décrire. Ce lycan, ainsi que ce prénommait sa race, se distinguait de tous ce que Darla avait vu jusqu’à présent. Malgré son jeune âge, depuis toujours elle s'était intéressée au monde extérieur, bien qu'elle en était privée. C'était grâce au récits de son amie, de son compagnon, de son...

Non, je ne dois pas me remémorer ces agréables moments. Ils me semblent pourtant si réels, encore présent comme si ce n'était qu'hier. Mais tout cela s'est envolés depuis longtemps, et il ne reste de tout mon bonheur que de la poussière. Je vient de vivre une sorte de renaissance. Je vient de naitre dans un nouveau monde, pour une nouvelle vie.

Darla se leva alors, étira ses pattes, entrechoqua ses écailles tout en veillant à ne pas heurter celui avec qui elle avait partagé son refuge. Il semblait être levé depuis longtemps déjà, ce qui ne la surprenait guère. Quand l'on est solitaire, on se lève tôt, on n'a personne à attendre, et nous n'attendons rien de personne. Zayev, ainsi qu'il se prénommait, regardait l'extérieur de la grotte avec intérêt, sans se soucier le moins du monde de ces gestes. Elle se demandait à quoi il pensait de si bon matin.

Les premières lueurs du jour vinrent éclairer l'entrée de la grotte qui abritait maintenant deux êtres au destin commun. Devoir vivre en exil, comme des parias. Les braises fumaient encore, laissant échapper un dernier crépitement qui tira le lycan de son sommeil. Sa première réaction fut de chercher le, ou plutôt la propriétaire. Elle était blottie au même endroit qu'il l'avait trouvé, toujours endormie. Saisissant son épée, il s'en servi pour se relever, et s'approcha silencieusement de la grande lézarde. De là, il observa cette créature que peu de gens pouvaient se vanter d'avoir vu. A peine plus grande que lui. Des écailles d'une blancheur éclatante. Sa respiration à la fois douce et puissante, faite à son image. L'une de ses ailes lui servait de couverture.

- Regardes-la dormir, elle semble tellement innocente... Abats ton arme sur elle, et la gloire t'appartiendras.

- Fermes-là

- La gloire ne m’intéresse pas, ajouta-t-il en murmurant pour ne pas défaire le sommeil de celle qui l'avait abrité.

- Elle ne sait pas qui je suis. Elle ne m'a pas jugé sur mon apparence et m'a offert l'hospitalité. Rien que pour ça...

D'un geste calme, il leva son bras armé et planta sa lame dans le sol.

- Je serais prêt à l'aider à mon tour.

- Tu es trop sentimental, Zayev Asulf. Un jour, tu feras confiance à une personne qui n'hésiteras pas à te poignarder dans le dos.

Il s'éloigna, puis s'étira, laissant quelques craquements s'échapper. L'ascension de la montagne lui avait laissé quelques courbatures. Ne sachant trop que faire, il s'assit en tailleur en direction de l'entrée en attendant un signe de vie de sa colocataire.

Peut-être était-ce le bon moment pour faire le point. Cela faisait combien de temps qu'il fuyait la civilisation comme la peste ? Deux semaines, trois tout au plus ? A vivre au jour le jour, il finissait par en perdre le fil. Enfin, vivre était un bien grand mot. Survivre correspondait mieux. Cela ne pouvait plus durer, il devait trouver un remède. Il en existait forcément un, pensait-il en serrant ses poings. Il devait aussi trouver un autre lycanthrope. Il lui fallait des explications.

Des bruits apparurent du fond de la grotte, trahissant le réveil de la dragonne.

« Darla ». Elle était la seule à ne pas l'avoir attaqué depuis qu'il était devenu lycan. On l'avait chassé comme un trophée, emprisonné comme un monstre de foire, traité comme une erreur de la nature. Des réponses, Zayev en voulait. Et pour une fois que quelqu'un pouvait lui répondre, il n'allait pas se priver. Le loup se releva, faisant toujours dos à la créature aux écailles blanches, il inspira profondément et lui demanda :

- Dis-moi. Quand tu m'as vu hier soir, pourquoi tu ne m'as pas attaqué ? Pourquoi tu ne t'es pas défendu ?

Il se retourna sans laisser le temps de répondre et regarda son interlocutrice dans ses grand yeux dorés.

- Que suis-je pour toi ?

Les questions de Zayev, claires et précises, réveillèrent en elle un sentiment profond. Ce qu'il était pour elle ? Ce que ce rodeur venu de la neige et du froid qui avait réveillée son âme enflammée avait de particulier ? Beaucoup de chose en vérité. Mais que devait elle lui répondre au juste ? C'est vrai que sa race est souvent associé à un grand savoir, puisque les légendes les glorifient d'une sagesse et de la parole. Pendant de nombreuses années, Darla avait trouvée cette idée stupide, ne voyant autour d'elle que des dragons sanguinaires et sans morale. Jusqu'au jour où elle rencontra le Sage. C'était quand elle était encore enfant, avant qu'elle face le grand saut. S'étant aventurée un peu plus loin que d'habitude dans l'exploration de la grotte avec ses camarades, ils l'avaient trouvé. C'était le plus grand dragon qu'elle n'avait jamais vu, et il savait tout sans n'avoir jamais sortit de son antre. S'il y avait un dragon qui parlait avec sagesse et sans aucune prétention, c'était bien lui. Elle avait souvent voulut le suivre comme un modèle. Le jour était venu pour elle de parler avec franchise et honnêteté. Jamais elle ne parlerait avec sagesse, mais lui dire ce qu'elle pensait n'était pas difficile.

"Je ne t'ai pas attaquée car ce n'est pas dans mon caractère. Je ne suis pas du genre à déchiquetée pour un oui ou pour un non. Et au cas où tu l'aurais oublié, tu venais de me réveiller. Et je n'ai jamais été du matin. Mais ce n'est pas ce que tu veux entendre n'est ce pas ? Tu voudrais juste des réponses à tes questions. Je ne crois pas que je puisse grand chose pour toi sur ce sujet. Il y a des questions insolubles. Mais je peux te dire ce que tu es pour moi sans trop de difficulté. Tu es celui qui m'a libéré de la prison où je m'étais enfermée moi même en perdant la clé. Nous nous ressemblons un peu j'en ai l'impression, et le fait que tu sois un lycan ne change rien. On m'a raconté et j'ai vu beaucoup de chose, mais personne comme toi. Je respecte la différence et c'est ce qui fait avancer le monde. Je n'allais pas manger quelqu'un qui m'est semblable, qui comprendrait mes peines s'il les écoutaient. Et je tiens à te préciser que je ne mange que les animaux, les hommes je préfère les écouter me raconter des histoires."

Darla avait laissée les mots venir un à un, sans vraiment de difficulté. Sa langue claquait contre son palais pour laisser sortir sa voix grave. Après avoir crachée ce qu'elle avait sur le coeur, elle s'approcha plus près de son compagnon de fortune et attendit sa réponse, comme une enfant trépigne pour avoir une histoire avant le coucher du soleil.

La dragonne répondait au lycan avec une grande simplicité, la rendant encore plus sincère dans ses propos. Ce n'était pas les propos les plus sages qu'il avait entendu certes, mais ils semblaient provenir du plus profond de son être, et la rendait crédible. Elle conversait avec légèreté, signifiant qu'elle parlait franchement. Lorsqu'elle fini son petit monologue, Zayev eut un déclic.

...les hommes je préfère les écouter me raconter des histoires."

Était-ce peut-être le moment de lui raconter comment il en était arrivé là, à se réfugier dans cette grotte ? Comment d'un jour à l'autre, sa vie bascula, passant de chasseur de monstre à monstre chassé. De toute façon, ce n'était pas son passé qu'il essayait de cacher, mais son présent.

- Une histoire ? J'en ai une, dit-il en se rasseyant. Je ne suis pas très doué pour en raconter, mais je connais bien celle-là, ajouta-t-il avec un certain mécontentement.

Cela commence par la naissance d'un jeune nordique au sein d'une famille de chasseur de démons. Son enfance était destiné à le forger pour qu'il endosse le même genre de travail que ses parents. Il s’entraînait donc jour et nuit avec ses proches à combattre abominations en tout genre. Son passage à l'age adulte n'en fut pas vraiment différent. Âgé d'une trentaine d'années, il partit de chez lui, se sentant suffisamment fort pour se débrouiller seul. Ce jeune mercenaire vendait ses services aux villages en proies à des monstres dont ces derniers terrifiaient les habitants. Contre rétribution, il allait lui-même tenter de résoudre le problème, quand c'était possible, évidemment. Lorsque le danger était trop important, il faisait tout de même en sorte d'affaiblir la menace, et ne demandait pas d'or en retour puisqu'il n'avait pu enrayer totalement la situation. Ceci fait, il partait pour le prochain village et recommençait. Pendant plusieurs semaines, puis mois, et enfin années, cet homme vagabondait de villes en villages, en suivant toujours le même parcours. En mettant à part les blessures qu'il subissait, il n'avait pas à se plaindre. Au début, les habitants n'osait lui parler, pensant qu'il était la cause de ces attaques et arnaquait les villages en se faisant passer pour un sauveur. Puis, petit à petit, les craintes à son sujet s'estompèrent. On ne voyait plus en lui l'escroc, mais belle et bien le mercenaire bienveillant qu'il essayait d'être. La populace voyait désormais ses arrivées dans leur hameaux comme une bonne nouvelle. Il y racontait ses faits et ses histoires qui divertissaient les plus jeunes et impressionnaient les plus vieux.
Il avait arpenté un chemin différent de sa famille, qui n'appréciait guère les choix du jeune chasseur solitaire, mais ses exploits honoraient leurs nom.
Mais cette histoire ne se termine pas aussi bien qu'elle avait commencée. Une nuit, tandis qu'il s'occupait à pourfendre une sorcière, un lycan vint s'interposer et finit par lui transmettre sa malédiction au terme d'une bataille sanglante. Le jeune nordique perdit connaissance et se réveilla trop tard. Changé en ce qu'il avait combattu, il perdit lien avec le monde. Depuis, il fuit sans relâche, traqué par sa famille qui ne jure que par sa mort, et rejeté par tous.

L'histoire avait jeté un froid. Darla avait clairement comprit que le protagoniste se tenait maintenant en face d'elle et n'osait prononcer mots. Zayev regardait le sol, dessinant grossièrement avec une griffe le blason de sa famille dans la poussière. Puis, l'effaçant d'un coup de patte, il reprit une des paroles de la dragonne.

- Tu disais que la différence faisait avancer le monde ? Peut-être. Mais peu de gens sont capables de la respecter comme tu l'as fais. Ce que tu ne sais probablement pas, c'est que les lycans - dont je fais dorénavant partie - sont des monstres damnés, assoiffés de sang. Ils peuvent se cacher sous une apparence humaine pour vivre près des hommes, mais ils n'en restent pas moins différents. Moi, je n'arrive même pas à redevenir celui que j'étais autrefois.

Condamné à errer sous cette forme, c'est peut-être mon destin, ajouta-t-il en regardant ses paumes.



EDIT : Ce rp est abandonné en attendant le possible retour d'un de ses protagonistes.