Depuis deux jours déjà Leantena traversait la région des Falaises d'Enoris, sinistrement appelée le "Royaume des vautours" la jeune femme frémissait rien qu'a penser au nom de l'endroit. L'affranchie, depuis peu, marchait au pied des ces immenses falaises abruptes, leurs splendeur n'enlevait rien à la peur qu'elles inspiraient. Quelle drôle d'idée a eut père songea elle. En effet, la rébellions remontait maintenant à deux mois et depuis ce jour elle n'avait cessé d'arpenter le Noara à la recherche des survivants de son clan. Jusqu'alors, l'investigation c'était révélée infructueuse. Son père avait donc décidé qu'ils devaient se séparer, lui était allé chercher au Nord, vers les falaises d'Eroth, et il avait envoyé sa fille dans le sud. Drôle d'idée, la ou elle se trouvait il n'y avait personne à questionner, l'endroit était désert. En y repensant elle se trouvait assez bête de chercher avec tant de fouge, si ils avaient une once de jugeote, Tealdemis et Misugiri, auraient quitté le pays depuis longtemps. La voyageuse se trouvait bien inconsciente de s'approcher si près de l'endroit qu'elle venait de fuir. Quand elle regardais vers le sud son cœur se nouait, les terres orientales... Enfer camouflé sous d'hypocrites sourires et des montagnes de pièces d'or. Non, Leantena préférait regarder vers le sud. Les terre des hommes n'étaient pas si loin que ça. Quelques jours à cheval et elle y était...
Elle soupira, son père malgré tout avait raison. Elle ne pouvait prendre le risque de quitter ces terres et de passer à coté de ses amis.
L'inquiétude s'emparait de son âme à chaque fois qu'elle pensait à son clan. Et si ils avaient été capturées ? Et si ils c'étaient fait tuer durant la rébellion... Elle secoua la tête, non ! Le pire était derrière elle, il fallait positiver dorénavant. Ils avaient survécu, c'était certain...
Tealdemis la montagne, Cet ancien marin avait été capturé à l'âge de onze ans par des pirates, alors qu'il travaillait comme matelot dans un bateau de pêche. Quand il était arrivé c'était un petit être frêle plein de rage. Son caractère impétueux et téméraire lui permis de se lier rapidement avec Leantena. Avec nostalgie elle se rappelais leurs séances d'entrainements dans le sable sous la chaleur cuisante du soleil.
Misugiri quand à lui était bien plus calme et, il fallait l'avouer, intelligent que ses deux camarades. Élevée par un marchant, il avait été capturé à l'âge de huit ans, et enfermé dans le camp avec son père. Le paternel ne teint pas deux jour, l'enfant avait retrouvé son corps se noyant dans son propre sang. Dès lors il s'était endurci, il travailla sans relâche son corps et son esprit. Il devint un bon ami et un allié précieux.
Perdue dans sa nostalgie la jeune femme eut soudains une sensation étrange. Elle avait le sentiment d'être observée. Comme si une présence invisible la suivait. Elle s'arrêta alors de marcher. Impossible... Se dit elle. La ou elle se trouvait il n'y avait pas le moindre endroit pour ce cacher, seul un maitre du camouflage aurait pu espérer passer inaperçu. Elle repris alors ça route, mais à peine eut elle tourné les talons, que cette étrange sensation fit son retour. Elle s’arrêta. Depuis le temps Leantena avait appris à faire confiance à son instinct. Si quelque chose, ou quelqu'un la suivait elle devait en avoir le cœur net.
Elle monta donc un bivouac, rudimentaire au pied d'une de ses majestueuses falaises. Elle prit ses vivres, mangea quelques croutons de pains, bu quelques gorgée d'eau. Et fit mine de s'endormir. A peine fut elle allongée que la présence se fit encore plus forte. Un souffle glacé lui parcouru l'échine. Mais elle ne broncha pas. Elle mit un main sur l'un des ses sabres, elle était prête a dégainé au premier son venu. Tous les sens en alerte la jeune femme écoutais.

Cela faisait maintenant un an que Fylnys avait envoyé son vicaire "préféré" en Noara afin de garder un œil sur les intérêts de Serkheim. Et ils étaient nombreux. La traite des métaux précieux en particulier était surveillé, un certain pourcentage de la production totale étant détournée vers la terre des Prieurs. Il avait séjourné un certain temps à Saâbre et avait pu admirer les hautes tours de la ville de nomades. Durant son séjour il avait pris contact avec divers vicaires et servants infiltrés dans la population. Un commandant de la garde, un marchand de tissu, un haut-dignitaire...Serkheim avait d'ores et déjà commencé a tisser sa toile en Noara sous le nez des Obliques dédaigneux. Après s'être assuré du bon fonctionnement de certaines institutions ( il avait dû pour cela faire disparaître un vicaire trop avide) il s'aventura en dehors de la ville et partit pour les différents camps d'exploitation. Il inspecta ainsi quelques uns de ces endroits atroces, au bord de la nausée, mais n'ayant pas le choix. Les cris, le sang et la poussière, tout cela réveillait en lui divers souvenirs..pour le moins malvenus.

Puis il entendit des bruits. Une rumeur de révolte. Il croisa des marchands d'esclaves paniqués qui parlaient d'une rébellion, d'esclaves en fuite. Ahiyyad ressentit une légère ivresse naître en lui. S'orientant grâce aux dires, il apprit que les rebelles s'étaient divisés en plusieurs groupes. Sur place, il parla aux quelques responsables survivants. Ils lui parlèrent des probables instigateurs de l'évènement. Une femme et deux hommes semblait il.

Le nocturne ne savait que faire. Punir ou aider ? Ces fous avaient perturbé un commerce primordial pour Serkheim. Dès que le bruit parviendrait à Saâbre, il recevrait l'ordre exprès de retrouver et liquider les fauteurs de troubles. C'était pour cela qu'il avait été envoyé. Autant prendre l'initiative. Il commencerait par rechercher la femme. Elle savait tuer lui avait-on dit. Si elle l'attaquait a vue cela règlerait son problème de conscience...

Voyageant la nuit comme le jour, le vampire se mit a sa recherche, usant de toutes ses ressources disponibles, à savoir la corruption et le réseau de Servants infiltrés parmi les Nomades. Il ne tarda guère a retrouver sa trace deux mois plus tard. Elle n'avait toujours pas fui le pays et s'était dirigée vers les falaises d'Enoris. Il la rattrapa rapidement, à pied et à cheval. Il vit sa silhouette se dessiner en contrebas des fameuses falaises. Il n'avait pas été repéré. Abandonnant sa monture il continua a pieds, utilisant ses rudiments d'illusion afin de se dissimuler partiellement a son regard. Il la suivit ainsi toute une journée. Le crépuscule tombait et le vampire n'avait toujours pas décidé quoi faire. Tenterait-il de la tuer ? L'aiderait-il ?

Lorsqu'elle parut s'endormir, couchée sur le sable, il s'approcha, silencieux comme l'ombre qu''il était. Interdit, il resta un instant immobile face à son bivouac. Il se détendit, prêt a agir. Au vu de sa position et de celle de son armement, elle n'était pas du tout endormie. Deux lames, un arc. C'était bien la guerrière qu'on lui avait décrite. Une ex-esclave. Le penser lui fit mal.

Pourquoi ? C'est une humaine.

Particulièrement forte au demeurant. Mais cela ne changerait pas grand-chose au final. Elle avait nui à Serkheim. Il étendit les bras et déploya les ombres. Elle déplaça sa main de manière à pouvoir saisir son arme en un instant.

-Éveillez-vous, dame. Nous devons parler.

A l'instant où il prononça ces mots il le regretta. Il aurait mieux fait de lui écraser la gorge. Mais le mal était fait et a présent debout et armée, elle le regardait, emplie d'une défiance inextinguible.

Plus que jamais crispée sur ces armes, Leantena dévisageait l'inconnu. Tout les sens en alertes elle se fit prudente. Il m'a suivi jusqu'ici avec une discrétion remarquable, ce n'est pas n'importe qui se dit elle à très juste titre. Ténaé, sa lame, était pointée droit vers l'homme, prête à frapper au moindre mouvement. Ils restèrent tout deux immobiles un moment, la tension était plus que forte. Ou du moins elle l'était pour la jeune femme, son adversaire la mettait mal à l'aise. De tout son corps émanait une aura terrifiante, de toute évidence il n'avait rien avoir avec les chasseurs de primes dont elle c'était débarrassé auparavant. Cependant si il inquiétait la jeune femme, il y avait en lui quelque chose de rassurant, même si elle ne parvint pas à identifier de quoi il s'agissait. Malgré cela, la guerrière ne devait pas prendre le risque de baisser sa garde, la seule chose dont elle était vraiment sûre, c'était du risque que représentait son adversaire.
Elle commença alors, à échafauder un plan tout bête mais qui avait déjà fait ces preuves. D'un pas leste elle se déplaça vers la gauche, sans quitter des yeux, ni de la lame, l'inconnu. Ce dernier tourna vers sa droite, il semblait... Perturbé C'est étrange, il n'a rien du chasseur de prime. En effet, malgré des habits de voyages, il avait une allure noble et élégante, et surtout il avait tenu des propos invraisemblables pour quelqu'un qui voulait juste la capturer.

"Éveillez-vous, dame. Nous devons parler."

Leantena ricana nerveusement en son fort intérieur Dame ? Visiblement, il lui donnait un titre qu'elle était loin d'avoir. Mais surtout de quoi voulait il Parler ? Que faire ? Lui répondre ? Une partie d'elle même ne souhaitait qu'une chose, se ruer sur lui, armes sortie et rage au ventre. Mais le risque de voir sa propre dépouille picorée par d'horribles vautours ne l'enchantait guerre. Bon après tout si il voulait parler, qu'à cela ne tienne, c'était un bon moyen de gagner du temps. Et cela aurait sans doute permis a la jeune femme de savoir si elle devait fuir, l'écouter ou combattre.
C'est alors qu'elle remarqua, durant une minuscule seconde seulement un détail presque imperceptible. Dans le regard de l'homme était apparue une expression que la jeune femme connaissait bien. La lassitude, toutes sa vie elle avait été confrontée à ce regard, et même entre mille elle l'aurait reconnu. C'était la lassitude qui vous envahissait par fragments quand lorsque le vécu était trop lourd, que le poids du passé était insupportable. Un esprit fort pouvait contrôler ce sentiment, mais les faibles... Ils la laissait les envahir, et ronger leurs esprits, ils se vidaient alors de toute volonté de vivre. Mais il ne semblait pas faire partie de ceux la, au contraire. Mais ce petit détail intrigua Leantena. Elle se risqua alors à demander.

"Qui êtes vous ?"

Sa lame en main, elle ne lui répondit pas. Elle l'avait dégainée à une vitesse impressionnante. Il se demanda si elle comptait fuir sur-le-champ, mais elle avait paru comprendre qu'il ne serait pas aisé de lui échapper.
Elle le jaugeait à présent. Allait-elle lui sauter dessus ? Non...Sans le quitter des yeux, la lame pointée vers son torse, elle se déplaça de quelques pas vers la droite. Il se positionna pour rester face à elle, indécis. Devait-il frapper maintenant ? Ou continuer le dialogue ? Cela faisait quelques jours qu'il ne s'était pas nourri, et la Faim se faisait ressentir. Sa dernière victime avait été une nomade s'étant trop éloignée de campement. A l'heure qu'il était, elle devait avoir été retrouvée par sa famille. Il pensait n'avoir pas trop abusé de ses fluides vitaux. Elle devait s'en être tirée. Son souvenir le ramena à sa faim. Il observa la jeune femme, vit sa jugulaire palpiter, ressentit son cœur battre...Le festin était à portée de main. Cela règlerait tout. Elle ne souffrirait pas, ou presque.

A l'instant où il allait s'élancer, elle lui demanda :

"Qui êtes-vous ?"

Un prédateur.

Non. Ce n'était pas lui qui pensait cela, mais Sayeb. Et sayeb était mort depuis longtemps. Il cligna des yeux et fut soudain conscient d'un fait simple : Il aurait pu être a sa place. Si sa mère l'avait vendu à un exploitant commun, il aurait lui aussi fini dans les mines. Et qui sait, peut-être se serait -il échappé, perturbant le commerce, et peut-être aurait-il dû affronter lui aussi de mystérieux poursuivants.

Il se demanda un instant si elle gardait elle aussi diverses cicatrices dues au fouet. Cela le décida. Il allait faire en sorte qu'elle survive, même si pour cela il devait user de sa force afin de tuer d'autres vampires. Fylnys n'en saurait rien s'il était assez habile. Et il était fatigué de servir ce Fomoire de bas étage.

-J'ai été envoyé ici par des personnes auxquelles vous avez nui. Ils vous veulent morte. Vous n'en saurez pas plus pour le moment.

Il l'observa encore un instant. Elle n'allait pas lui faire confiance si facilement et il n''était pas décidé a discuter trop longtemps. De ce qu'il savait, il n'était pas le seul en chasse. Les autorités du Saâbre avaient dû envoyer quelques hommes, et parmi eux se trouveraient a coup sûr des nocturnes... Il étendit le bras vers elle. Surprise, elle recula de deux pas, mais cela ne fit que lui faciliter les choses. L'ombre recouvrit ses yeux ouverts et son univers ne fut plus que ténèbres.

Il s'avança avec célérité et frappa son poignet, visant les muscles moteurs. Elle lâcha son arme et fit un bond en arrière. Il haussa les sourcils. Il aurait voulu la faire tomber par la même occasion. Ses réflexes étaient surprenants. Il avisa sa seconde lame, restée au sol. Il la saisit et d'un mot a peine chuchoté, il lui rendit la vue. Brandissant ses armes sous ses yeux il déclara :

-Peut-être a présent comprendrez-vous que je suis de votre côté. Êtes-vous prête à me suivre ?

Et il lui tendis ses lames.

-Peut-être a présent comprendrez-vous que je suis de votre côté. Êtes-vous prête à me suivre ?

C'est abasourdie et avec le bras douloureux que Leantena devait prendre une décision. Que faire ? La question était difficile, s'enfuir ? C'était risqué vu la manœuvre qu'il venait d'accomplir, il pourrait la paralyser facilement. Se battre semblait encore une plus mauvaise idée. La capacités de cet hommes étaient terrifiantes, littéralement. Jamais elle n'avait rencontré personne d'aussi fort, si ce n'est Glern. Si il le désirait il pouvait abattre la jeune femme sans le moindre effort, peut être même sans bouger le moindre muscle. Cet écart était intolérable, encore une fois la guerrière prit conscience de n'être finalement encore qu'un numéro parmi d'autres. Mais cela ne durerait pas, elle se le promit.
Mais ces réflexions ne la mènerait pour le moment à rien. L'homme attendait toujours face à elle. La voyageuse s'hasarda alors à poser une question.

"Et si je refuse ?
-Vous mourrez."

Évidement A vrai dire la question était plus rhétorique qu'autre chose. Leantena tendis alors doucement les mains vers ses sabres, quand elle posa les doigts dessus, l'idée de tenter de le décapiter lui traversa l'esprit. Mais quand le regard de la femme croisa celui de l'homme, elle eut une sorte de vision. Son propre corps était allongé sur le sol, mutilée, un des ses bras gisait a plusieurs mètres de son cadavre. Elle se vit les côtes éclatées, et les tripes rependues sur le sable. C'était absurde, comment un tel homme pouvait il avoir une aura aussi terrifiante ? D'un simple regard, toutes les horreurs qu'il pouvait commettre s'étaient projetées dans l'esprit de la jeune femme. Et l’expérience fut particulièrement désagréable.
Personne n'avait bougé, mais la situation avait complètement changé, elle prit conscience qu'elle n'avait que deux options. Le suivre, ou la mort... Le choix était vite fait, même si elle était loin d'être rassurée à l'idée de le suivre. Enfin, elle attrapa ses lames, et d'un mouvement, significativement lent, elle les remis dans leurs fourreau respectifs. L'inconnu semblait satisfait. Leantena fit tout ce qu'elle pouvait pour cacher sa peur à l'inconnu, mais les gouttes salées qui ruisselaient sur son corps avant de s'écraser sur le sable trahissait une terreur évidente.
La guerrière prononça alors les mots que l'homme attendait. Mais les prononcer lui demanda un effort considérable, en sortant les mots lui brulèrent la trachée, et lui mirent la rage au ventre.

"Très... Très bien... Je vous suis."

Lorsqu'elle accepta, l'oriental relâcha l'emprise qu'il exerçait sur ses perceptions. Nul besoin de la terrifier à présent, elle avait eu son content. Il fallait faire vite, il avait laissé une piste aisément repérable en venant ici. Se retournant, il contempla l'immensité désertique. Personne encore, rien que la nuit et le silence. D'un geste il indiqua à la femme de rassembler ses quelques affaires. Mais où aller ? Le Nedora ? Cela ne ferait que la rapprocher de Serkheim. Elle ne parviendrait sans doute pas à se fondre dans la masse et les Maudits étaient trop nombreux là-bas. De plus il ne pourrait pas se permettre de rester à ses côtés trop longtemps, Fylnis et ses séides ne se méfiaient pas mais ils ne seraient pas trompés facilement. Contourner Saâbre par le nord était trop risqué. Mieux valait obliquer Sud-Ouest. direction l'Eroda.
Là elle serait assurée de n'être pas poursuivie. Les hommes de Saâbre n'oseraient pas l'y poursuivre, on ne foulait pas la terre des Obliques impunément. Les Nocturnes n'avaient que très peu d'agents infiltrés dans cette région, et, étant dispersés, les communications étaient encore très difficiles. Peut-être pourrait-elle s'abriter au Varnhak, ou à Yamrad ? Cela serait risqué mais...Les Orcs reconnaissaient la valeur guerrière avant les origines. Si elle parvenait à les impressionner...

-Viens, fit-il sobrement. Et il ouvrit la route.

(Hrp : Pas cool la courtitude, malheureusement très occupé, pas beaucoup d'inspi. On cause de la suite sur la cb , j'ai un truc ou deux en tête x))

Encore sous le choc Leantena contemplait l'homme qui se trouvait face à elle. Il avait, avec une facilitée absurde, plié comme une simple feuille, la volonté de la jeune femme. Elle qui s'était pourtant engagée à ne plus jamais obéir à quiconque, se voyait contrainte de briser sa promesse. Elle serra les poings, sa faiblesse était une fois de plus un poids d'une pesanteur qui semblait insurmontable. Frustrée la guerrière se sentait comme un lion en cage, que le primer venu prenait plaisir à narguer.
L'inconnu lui fit signe de ramasser ses affaires d'un geste. Elle s’exécuta, à contrecœur, elle était une fois de plus soumise, victime d'une force supérieure. Mais elle n'en resterait pas la. Telle une panthère, elle allait à présent attendre son heure. Le moindre petit moment d’inattention de son geôlier causerait sa perte.
Il lui avait laissé ses armes, c'était une bonne chose, mais même sans cela elle aurait prit tout les risques pour se débarrasser de cet homme. Dusse elle lui arracher la trachée à coup de dents ou lui lacérer le visage avec ses griffes.

La voyageuse se dirigea vers son bivouac, elle y ramassa ses quelques provisions et surtout elle prit dans les mains Nivôse. Son arc fidèle, l'instrument de sa liberté. La peur qui parcourait son corps se transforma. Pour laisser place au dégout d'elle même. Elle n'avait pas tant sacrifié pour se retrouver à nouveau aux ordres du premier homme plus fort qu'elle.
Elle serra sa main droite qui tenait fermement le présent de Tealdemis. Quand elle revu son visage, l'ancienne esclave ne put s’empêcher de s'émouvoir. Quelle déception aurait il ressenti si il avait vu sa camarade se plier aussi facilement aux ordres d'autrui ?

"Peut-être a présent comprendrez-vous que je suis de votre côté."

Cette phrase ne cessait de raisonner dans l'esprit de Leantena. Comment savoir si il mentait ? Ce détail la perturbait. Elle prit alors une décision. Sa main gauche, tremblante, se dirigea vers le carquois de la jeune femme. Du bout des doigts elle saisi une flèche. Tout doucement elle l'encocha, sans bander son arme. Tut doucement elle tira sur la corde, le frottement de la flèche sur le bois de Nivôse se fit entendre avec une teinte presque rassurante pour l'archère. Elle pointa alors sa cible qui avait prit quelques pas d'avance.
L'homme cessa de marcher. Il resta un instant à contempler les falaises qui se trouvaient devant lui et se retourna pour faire face à la jeune femme. Interdit il n'esquissa pas la moindre espèce de mouvement.
Clairement il était terrifiant, à peine son regard avait il croisé celui de celle qui le pointait qu'elle avait semblé tressaillir. Mais cette fois elle teint bon, elle était déterminée à aller jusqu'au bout. Son corps tout entier tremblait, à l’exception de ses bras et de sa tête, son tir était parfaitement ajusté. Une goutte de sueur tomba sur Ténaé, qui, même elle, semblait frémir d'excitation.

"Je ne vous suivrais pas"

Avait elle dit. Sa voix bien que peu rassurée était sans la moindre équivoque. Ils se fixèrent tout deux un moment.

"Du moins pas avec uniquement ces informations ridicules. Expliquez moi ce que vous contez faire de moi. Je jugerait et agirait alors en conséquence"

Elle avait employé des thermes presque juridiques, son verdict serait lui aussi sans appel. Un nœud dans le ventre, elle attendit la réponse.

Il s'était presque mis en route et envisageait déjà avec appréhension les jours qui viendraient. De la marche forcée sous ce soleil impitoyable, il leur faudrait en plus semer d'éventuels poursuivants. Cette affaire était bien malvenue, mais l'oriental ne revenait sur ses décisions que dans de rares cas.

Puis il entendit le craquement d'un arc que l'on tend et s'arrêta net.

Peut-être au final n'avait-il pas été suffisamment convaincant. Il attendit quelques instants puis fit face à la jeune femme. Elle pointait fermement son arme sur lui. Il planta ses yeux dans les siens. Puis son regard dériva vers la pointe de la flèche qui tremblait imperceptiblement.

L'oriental allait peut-être devoir reconsidérer sa décision.


La sensation de danger raviva sa faim et il sentit son corps le presser de la satisfaire. Tout serait infiniment plus facile ainsi. Il se retint de soupirer. Pourquoi fallait-il qu'ils jouent ainsi ? Elle n'avait pas l'air de bien appréhender la situation. Dommage qu'il n'ait pas le temps de lui raconter sa vie...Il éprouva soudain le besoin de mordre et de boire. Elle était toujours face à lui et n'était pas tranquille. Ses veines continuaient de se soulever au rythme de son pouls.

"Je ne vous suivrais pas"

Merci de la précision.

"Du moins pas avec uniquement ces informations ridicules. Expliquez moi ce que vous comptez faire de moi. Je jugerait et agirait alors en conséquence"

Et voilà. Il avait oublié que les êtres humains étaient si versatiles. Incapables de saisir la crucialité de l'instant, l'enjeu de chaque seconde qui fuyait vers le néant des choses et des instants. Toujours avoir des assurances, des certitudes. Des bases sur lesquelles se reposer en cas de défaillances. Dieux. Chefs. Principes. Idéaux. La grande faiblesse de nombres d'êtres dit "civilisés". Mais la civilisation avait pris garde à étouffer toute velléité de révolte grâce à ces même bases sur lesquelles elles reposaient.

Et cette jeune humaine devant lui, le menaçant et réclamant de quoi tenir debout. Il eut un rictus féroce. Il l'avait crue moins... dépendante. Qu'elle apprenne à marcher seule. Il n'avait pas la moindre envie de l'aider. Oh, il ferait en sorte qu'elle survive, ça c'était certain.

Mais elle allait devoir trouver son équilibre sur le fil sans lui.

-Les chiens de Serkheim arrivent. Si tu veux mourir, tu as deux choix. Rester ici ou décocher cette flèche. Si tu veux vivre, il n'y a qu'un chemin. Il sourit largement, découvrant ses crocs luisants.

-Celui que j'ouvre.

Sur ce, il se retourna et s'éloigna vers le sud. Il lui faisait confiance pour faire le bon choix. Si elle ne le suivait pas eh bien il irait tuer ses poursuivants par acquis de conscience, sans doute. Il secoua la tête lentement en traînant les pieds dans le sable chaud. Toute raison semblait l'avoir déserté depuis cette rencontre. Sans doute était-ce ses regards qui l'avaient troublé. Ses yeux aux éclats durs qui, alors même qu'il la menaçait de mort, n'avaient cessé de crier ce mot qui seul pouvait l'ébranler : Révolte


Quelle est l'unique noblesse de l'esclave, Ahiyyad ?

La guerrière était tétanisée. Un vampire. Une de ces créatures de l'ombre, qui devait sans cesse s'abreuver dans le sang humain. Cet empire présent absolument partout mais pourtant invisible. Cela expliquait tant de choses. La situation était devenue totalement différente. Elle qui avait peur de se voire capturée puis revendue, se trouvait face à un danger bien plus grand. La simple vue des crocs de la créature avait suffit à glacer la voyageuse. Malgré la température élevée et le climat aride, elle avait la chair de poule. Pour la toute première fois elle expérimentait l'expression avoir des sueurs froides. Leantena prit soudain conscience d'être un incroyable festin, un met délicieux pour le vampire. Cette pensé la fit ricaner nerveusement. Elle sentait un grand vide autour d'elle, jamais elle n'aurait cru être confronté a une de ces créatures qui semblaient sorties des entrailles de Dâmo lui même.
Seulement si la peur était bien présente, un nouvel élément avait germé en même temps que la révélation de l'homme. La curiosité. Sans savoir pourquoi, apprendre que l'homme était une créature de la nuit avait donné envie à la fillette d'en savoir plus. Mais les risques étaient incroyablement élevés pour satisfaire un simple désir d'enfant, même si la tentation de le suivre était grande.
Quand soudain, une idée toute simple lui traversa l'esprit. Cette pensée la cloua sur place. Elle tenta avant tout de la chasser, le risque qu'elle impliquait était trop grand. Seulement, si tout ce passait bien elle serait fixée. Mais si le plan ne ce déroule pas comme prévu... Elle préféra ne pas y penser. La guerrière avait prit sa décision. Et la peur l'avait quittée.
Elle rangea tout d'abord son arc. Regarda l'homme, ou le vampire, qui devant elle avançait. Elle fit tourner ses épaules et sauta sur place quelques secondes avant de s'arrêter aussi brusquement qu'elle avait commencé. Elle fit décrire à ça tête un cercle, ses articulations craquèrent. Elle souleva ces pieds vers l'arrière et envoya ces talons taper sur son arrière train projetant un peu de sable derrière elle. Elle souffla bruyamment à pleins poumons. Et enfin, après ce petit rituel, dégaina.
Ténaé brillait de milles feux au soleil, sa lame légèrement courbée semblait capable de trancher même le vent. Au bruit de l'épée qui sortait de son fourreau, l'homme, c'était arrêté une nouvelle fois. Et se retourna ,encore , visiblement agacé pour ne pas dire harassé. Mais ce qu'il vit, sembla le troubler.
La jeune femme tendait sa main ensanglantée vers le vampire. Sur sa lame, un filet de sang coulait document, elle s'était ouverte délibérément, et maintenant elle l'agitait devant l'affamé. L'homme fixa sa main, sans bouger, c'est alors qu'elle en profita pour lui assener le coup de grâce. D'une revers elle projeta des gouttelettes de sang rouge pourpre qui tombèrent à quelques centimètre devant sa cible.
Nous allons voir si tu est capable de retenir ton instinct. Si oui, je n'aurait plus de raisons de me méfier. Enfin pour un moment au moins. Songea elle. La guerrière recula alors une jambe, et sans déplacer sa main qui devait être si appétissante, se mit en position de combat.

Au cas ou...

Il l'avait entendue tirer son arme et s'était retourné à nouveau, décidé à ne pas laisser plus longtemps cette enfant lui marcher sur les pieds.

Mais lorsqu'il aperçut la paume ensanglantée tendue vers lui, ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'il sentait ses instincts tenter de reprendre le dessus.

Est-elle folle ??

A présent qu'elle connaissait sa véritable nature, accomplir un tel acte confinait non pas à la témérité mais à la folie ! La soif hurlait en lui, irradiant dans chacun de ses membres, le poussant au meurtre, au festin.

Oui. Tout serait plus simple. Briser son poignet, frapper au plexus, mordre...mordre.

Mais c'était sans compter sur son entraînement de Garde Noir. Voilà des années, ce vieux Vicaire avait enseigné à l'oriental ainsi qu'a ses compagnons la manière de maîtriser la bête meurtrière tapie en eux et qui menaçait de se réveiller. La chose avait été longue et ardue, maitriser ces pulsions nouvelles s'était révélé problématique, mais Ahiyyad avait été parmi les premiers à réussir. Cela avait fait jaser à l'époque et il avait pu gagner le respect de ses pairs. En son for intérieur, il savait qu'il devait ce résultat à Sayeb. C'était triste à dire mais cet homme mesquin et cupide lui avait enseigné la volonté. A coups de fouets, de poings, de marches forcées, d'entraînements interminables face à des hommes d'armes et autres.

Et ce fut cette volonté qui l'empêcha de basculer. Lorsqu'il reprit ses esprits il se tenait à deux pas de la jeune fille, les yeux fixés sur la plaie insidieuse. La lame tremblait dans la main moite de la renégate et elle le dévisageait d'un regard qui mêlait terreur et défi. Elle sembla constater qu'il avait reprit ses esprits. Les traits de la Faim avaient quitté son faciès. Il devait de nouveau avoir l'air à peu près humain à présent. Il demeura quelques instants à la fixer. Elle avait baissé sensiblement son arme...La fureur menaçait de le submerger à tout moment mais confusément il comprenait son acte. D'elle-même, devant son refus de soutien, elle s'était place en équilibre sur le fil. Le fil de la lame qui avait menacé d'emporter sa frêle existence. Dire qu'il l'avait crue infantile.

Il renonça à la frapper et au lieu de ça, déchira un pan de son ample cape avant de le lui tendre.

-Panse cette blessure. Tu vas attirer les bêtes sauvages.

Il la regarda poser son arme au sol et s'affairer fébrilement, et lorsqu'elle fut prête, il lui désigna le pic du Sud-Ouest, un gigantesque rocher que l'on distinguait à peine à l'horizon.

-Nous irons là-bas. Passe devant, enfant de poussière.