Avant de parler de Inrald, il faudra d'abord parler de Kratos Berlitz, héritier de la noble famille Berlitz, déchue depuis maintenant bon nombre d'années.
Le jeune Kratos fut né il y a plusieurs siècles. De plus, si l'on tient compte de sa situation familiale, plutôt que de se contenter de naître avec une cuillère en argent dans la bouche, il a préféré en avoir une en platine. Les mauvaises langues diront plutôt qu'il est né avec un suppositoire en diamant dans le... Bref, il est né dans une famille très, très aisée.
Sa naissance fut fêtée dans toute la joie et la bonne humeur que mérite un tel événement. Ses parents eurent même l'amabilité de lui donner un nom censé le guider dans sa voie future. En effet, il fut appelé 'Kratos', soit, 'la force'.
Kratos avait tout pour être heureux. Il était bien entouré. En bonne santé. Au vu de ces performances, assez intelligent. Et était même, à en croire les dires des demoiselles, plutôt beau gosse. Il avait des amis avec lesquels il traînait chez lui ou chez eux ou dans d'autres endroits joyeux et animés. Il avait une famille , composée de ses parents et sa sœur, qui l'aimait et le respectait. Et malgré cela, avait une personnalité amicale et enjouée (quoique parfois très, très, très énervante sur les bords). En gros, c'était parfait et il n'avait pas à se plaindre de quoi que ce soit... ce que, d'ailleurs, il ne fit pas.
Avançons maintenant de quelques années dans la vie de cet homme. A cette époque, il était encore assez jeune; probablement une vingtaine d'années. Des rumeurs circulaient à propos d'une certaine herbe hallucinogène qui faisait faire, ceci est encore une fois un amas de rumeurs, "des trucs que l'on ne ferait jamais". Bien sûr, comme toute plante toxique ou semi-toxique, celle-ci était réputée pour avoir des effets secondaires néfastes... Très, néfastes... Il serait donc stupide d'en prendre... n'est-ce pas?
Il n'en prit jamais... Non, pas Kratos....
Concentrons nous sur un jour précis de cette époque. Un jour ensoleillé. Un jour passé avec sa famille et onze de ses amis. Un jour où il faisait bon flâner sous les peupliers. Un jour qui était, en d'autres termes, parfait. C'est ce 'jour parfait' que deux de ses amis avaient les yeux rouges et de sortes de tremblements. C'est ce 'jour parfait' que deux de ses plus proches amis prirent des couteaux de cuisine et se mirent à l'attaquer. C'est ce 'jour parfait' que ses connaissances tentèrent de faire "des trucs qu'ils ne feraient jamais". C'est ce 'jour parfait' que Kratos faillit mourir embroché par le couteau tenu par son meilleur ami.
Les scènes suivantes furent gravées pour toujours dans sa mémoire. Pendant des années, en fermant les paupières, cette journée se rejouait dans toute sa véhémence. Il évita d'être embroché par des parents qui s'interposèrent sans se défendre- Ses amis restants, pétrifiés et ne fuyant pas, furent achevés un à un- Sa sœur fut attrapée quand elle décida de les réprimander -Suivant des instructions, promettant la libération de sa sœur, il s'ouvrit le ventre avec un couteau à pain... inutilement bien sûr, car sa sœur fut quand même égorgée.
Que ce soit dû à l’hémorragie, la douleur ou au choc psychologique, personne ne le saura jamais, mais ce fut suite à cela que Kratos perdit connaissance.
Il se réveilla plus tard. Une semaine plus tard, pour être précis. Il apprît que sous l'effet de délires psychopathologiques dus à cette mystérieuse plante, ces deux personnes qu'il avait une fois considéré comme ses amis, furent exécutées après avoir crié sur toutes les rues qu'ils s'étaient "occupés de toute la famille Berlitz".
Ce fut ce soir-là qu'il se recueillit sur la tombe familiale. Il pleurait des larmes de tristesse, des larmes de douleur, des larmes de haine et des larmes de rage.
Il commença alors à maudire. Maudire qui? Maudire quoi? Il 'maudit' tout simplement. Il maudit toute personne et toute chose... Il maudit ses connaissances (car il ne pouvait plus les qualifier d' "ami") pour avoir abusé de substances hallucinogènes en connaissance des effets effets néfastes. Il maudit ses parents pour s'être interposés sans penser à se défendre. Il maudit ses amis qui restèrent figés sans rien faire. Il maudit sa sœur pour être allé 'réprimander' des psychopathes. Il maudit même ses 'précédents amis' pour la manière incohérente et abrutie dont ils furent attrapés, enfermés et exécutés. Enfin, il se maudit lui-même pour les avoir cru et s'être éventré. Mais plus que tout, il maudit la stupidité générale et le manque de rationalisme dont avait fait preuve toutes les personnes impliquées dans cet événement.
Ce fut à ce moment précis que Kratos Berlitz, héritier de la noble et richissime famille Berlitz avec une histoire de plusieurs siècles, finit par mourir... Et que, tel le phénix renaissant de ses cendres, celui qui sera connu sous le nom de Inrald naquit.
Nous ne parlerons toujours pas de Inrald. Contons les aventures d'un être qui n'a pas, ou plutôt, plus, de nom.
La famille Berlitz entière fut anéantie... Le dernier membre, l’héritier, ayant perdue ce que les humains appellent communément "la vie", il n'en resta pour ainsi dire, aucun. Kratos Berlitz était mort et disparu. L’héritier ne pouvait plus rien faire. Sans famille Berlitz, il ne pouvait plus avoir de Kratos "Berlitz". Kratos décida alors d'abandonner son nom.
Cela ne lui suffit pas. Ses parents, gens qui l'avaient aimé, lui avaient donné un nom. un nom avec une signification particulière... "Force". Kratos n'avait pas eu de force. S'il en avait eu, il aurait pu sauver ses parents, ses amis, sa sœur... Jugeant que son prénom était immérité, il décida alors de le renier.
Alors un être pitoyable, sans famille, sans ami et sans nom, ne voyant pas de raison d'arriver a un lieu ou un autre, errait sans véritable but pendant plusieurs années. Ses errances l'ont mené a un lieu précis. Le Port Oreal. Un lieu réputé pour ses échanges et transactions. Un lieu qui avait vaguement entendu parler de la décadence de la célèbre famille Berlitz.
L'être sans nom chercha refuge temporairement pour se rapprovisionner et ne le trouva qu'en un seul lieu: L'école de magie étudiant l'Ür. L'être sans nom conta son histoire et expliqua les sentiments qu'il ressenti, du début à la fin. En insistant sur la manière dont les gens autour de lui agissaient de manière illogique et insensée. "
Tes réflexions t'honorent et tu as réussi, mal gré la fin de ta famille, la déchéance de ton nom et la perte de tes richesses, à garder ton esprit sage, bien que légèrement calculateur" L'homme lui répondit, un léger sourire aux lèvres en rembourrant sa pipe avec du tabac.
"Un ex-prince, réfléchi et savant... c'est ça? C'est un gâchis pour toi de ne pas avoir de nom. Je te nommerais donc Inrald Farlong... Le prince sage." ces mots furent prononcés entre deux nuages de fumée.
"Bienvenue dans mon école. Nous t'accueillons à bras ouvert." C'est à ce moment que le vampire nommé Inrald arrêta ses errances et décida de vivre dans le Port Oreal.
Nous parlerons donc
enfin de la vie d'Inrald, Farlong!
Inrald passa le plus clair de ses 80 premières années à être étudiant dans la discipline complexe et même philosophique de l'Ür. Après tout ce temps, il finit par maîtriser à la perfection cette difficile magie; maintenant capable d'affiner ses sens jusqu'à les projeter où qu'il veuille, y compris dans l'esprit d'autrui... Il passa alors du statut de disciple, à celui de maître et se mit lui-même à enseigner cet art souvent incompris.
Ce fut quelques années plus tard que l'on lui conseilla de faire quelque chose de sa vie plutôt que de rester terré dans une académie qui ne pouvait plus rien lui apprendre. A sa sortie, un talisman lui fut offert.
Prend-le. Tu ne craindra plus le jour, mais attention, ce talisman pourra aussi t'immobiliser si tu entre dans un état dans lequel tu deviendrais une menace pour la commune lui a-t-on expliqué, lors ce qu'il plaça l'amulette autour de son cou.
Inrald décida que son sens des responsabilités, ainsi que ses capacités vampiriques et sa maîtrise de l'Ür pouvaient être utiles et réfléchit à quel occupation lui permettrai de tirer parti de celles-ci le plus possible. Sa réponse fut simple et immédiate. La garde civile.
Il servit la garde civile pendant une centaine d'années, toujours fidèle à son poste et incorruptible... Il y eut en revanche certains 'événements' qui fit qu'il inspira plus méfiance que confiance auprès de ses supérieurs. Le problème principal était son incapacité à saisir le concept d’otage. Selon lui, sacrifier une personne pour arrêter un dangereux psychopathe était tout a fait normal... Le cas le plus flagrant de cette partie de sa personnalité était la fois ou un pyromane ayant tué plus d'une centaine de personne et détruit six bâtiments avait pris une enfant de moins de dix ans en otage. Inrald, ayant pesé le pour et le contre, passa sa lame à travers le ventre de la jeune enfant pour transpercer le cœur du criminel. Pourquoi? Parce que si le criminel s’échappait, premièrement, il n'y avait aucune preuve que l'enfant soit relâché et ensuite, que échanger la vie d'une seule personne contre celle de cinq cents était stupide et irrationnel.
Impassible, incorruptible et inébranlable, après certaines arrestations surprenantes, telles que celle de ses propres supérieurs pour diverses raisons de fraude et autre magouille politique, il était respecté de tous et même promu au grade de 'chef de garde'.
Et c'est ici et maintenant que nous nous trouvons. Inrald est chef de garde du port Oreal depuis plus de deux cent ans et inspire respect de par ses valeurs et ses actes faisant de ce repère de pirates un endroit beaucoup plus sûr, mais aussi crainte et antipathie de par sa manière de parfois juger la vie des gens de manière logique et numérique plutôt qu'avec son cœur et son âme.