Depuis son réveil dans les terres glacées d'Albera, Asmaroth avait beaucoup voyagé. La plupart du temps, il avait évité les endroits habités pour ne pas attirer l'attention du Naldor. Ses errances le conduisirent à remettre en cause le but de ses pérégrinations. Il avait d'abord pensé qu'il faisait cela pour voir le monde de ses propres yeux, mais ses huit siècles d'existence lui avait permis depuis de voir le Naldor. La lointaine Orath ne l’intéressait pas encore. C'est donc après mûres réflexions qu'il se mit en tête d'amasser plus de richesses. Le trésor qui dormait dans sa caverne dans les falaises glacées, n'attendait qu'une chose: s'agrandir. Asmaroth tira donc profit de ses longs expéditions au Naldor pour choisir sa nouvelle destination.
C'est dans ce contexte qu'il prit la direction du désert de Noara. Il avait gardé en mémoire l'existence de ruines perdues en plein désert, vestiges d'une ancienne civilisation. Les quelques information qu'il avait glanées à l'époque, parlaient des Sabliers. Il y avait fort à parier que des richesses des temps anciens y reposaient, protégées des intrus par le climat extrême du désert.

Le vent le porta rapidement à la frontière entre les terres de Nedora et celle de Noara. Profitant de la noirceur de cette nuit sans lunes, le dragon piqua vers l'Entrée de Quorra. Du haut des cieux, Asmaroth aperçut un petit village non loin de là. Une halte s'imposait avant d'entamer le long voyage à travers le désert, estima t-il. Asmaroth se posa avec facilité au pied de l'Entrée de Quorra, provoquant une bourrasque de vent qui projeta alentours des gerbes de sables. Il replia ses longues ailes sur son dos et se mit en marche en direction de l'unique point d'eau à proximité du passage. Lorsqu'il le vit, Asmaroth laissa échappé un grognement rauque. Le point d'eau n'avait cessé de s'amoindrir depuis sa dernière visite. Il restait cependant suffisamment grand, pour permettre à un être de sa carrure d'étancher sa soif.

"Hum... Le temps n'épargne rien. Ce point d'eau est bien pittoresque." murmura Asmaroth en draconique.

Le dragon étendit néanmoins le cou et but de longues gorgées d'eau. Une fois satisfait, il retourna
à l'entrée du passage rocheux. Il admira un bon moment l'architecture antique du lieu. On aurait dis que le passage avait été taillé à même la roche. L'entrée était suffisamment grande pour laisser passer le dragon et son impressionnante carrure, bien qu'il ne doutait pas que le jour viendrait où son corps ne pourra plus franchir un passage aussi étroit. Il fut alors sortit de ses pensées par de légers bruits de pas qui s'approchait.

"Qu'est-ce que... ?"

Le dragon vit arriver d'assez loin une jeune humaine. Elle marchait droit vers lui, ou plutôt droit vers l'entrée du désert, car il semblait peu probable qu'elle vit aussi bien que lui dans les ténèbres de la nuit. Quoiqu'elle pensait, cela semblait la préoccuper suffisamment pour ne pas regarder devant elle. Il recula donc, s'éloignant le plus silencieusement possible de l'entrée du passage. Il remercia les lunes de demeurer absentes, évitant à son corps de se mettre à briller comme un feu follet. En effet, dans cette absence de lumière ces écailles d'argent reflétaient le sable autour de lui le dissimulant presque parfaitement. Sa forme restait néanmoins légèrement identifiable pour quelqu'un qui scruterait avec attention l'endroit où il se trouvait. Dans sa précipitation, Asmaroth trébucha légèrement provoquant un déplacement de sable parfaitement audible.

La jeune femme s'arrêta aussitôt. Elle ne discerna pas la présence du dragon, mais elle perçut le crissement du sable qui se déplaçait. Asmaroth maudit sa maladresse, et resta aussi immobile qu'il pouvait se le permettre et ferma les yeux. Il savait d'expérience que ses yeux rouges brillaient dans l'obscurité et pouvait donc trahir sa présence.

La jeune femme fixa avec méfiance l'endroit d'où provenait le bruissement du sable...

Un bruit dans le noir mis fin à sa marche et au cours de ses pensées. Inari n'avait pas du tout aimé ce bruit sourd car il impliquait quelque chose d'assez gros.

Son cœur accélérerait mais son esprit hésitait sur la marche à suivre. Elle avait déjà dégainé ses dagues, les deux mais ensuite ? Elle avait les yeux fixés dans la direction du bruit, guettant le moindre mouvement, ses appuis parés à esquiver n'importe quoi ou à courir dans n'importe quelle direction.

Le bruit ne continuant pas, son assurance revint. C'était peut-être un bœuf de bat qui s'était enfuit ou quelque chose comme ça. Quoi que ce soit, cela avait l'air d'avoir plus peur d'elle que l'inverse. Ce n'était sans doute rien. Ainsi s'approcha t-elle doucement, silencieusement, parlant d'une voix douce. "N'aie pas peur, mon grand. Là, tout doux."

Elle parlait autant pour la bête que pour elle même. Peut-être lui offrirait-on quelques pièces pour service rendu mais se faire encorner maintenant ne lui serait d'aucune aide. Elle rengaina afin d'être sur de pouvoir saisir la bride de l'animal si jamais il voulait s'enfuir malgré tout.

Cela faisait un moment qu'elle avait repairé cette forme dans le noir de la nuit. Elle s'habituait très vite à l'obscurité et s'en enorgueillissait. Mais quand elle ne fut plus qu'à quelques mètres, elle s'aperçut que la chose devait bien être grande deux fois comme elle et grosse comme trois bœufs. Elle étouffa un cri de ses deux mains et voulut partir en courant mais quelle chance avait-elle face à une créature pareille ? Qu'est ce que c'était que ça ?

"N'aie... n'aie pas peur, mon grand. Là, t-t-tout va bien, tout d-doux, chevrota t-elle". Elle réfléchissait à la vitesse de l'éclair à comment se sortir de ce mauvais pas.

Que faire? Voilà la question que se posait Asmaroth à présent. Sa maladresse lui avait coûté sa discrétion. Et maintenant qu'il avait fermé les yeux, il devait se concentrer sur les bruit de pas. Un son métallique qui n'augurait rien de bon se fit entendre.

Les bruits de pas commencèrent à se faire plus distincts, se qui amena le dragon à se dire que la jeune fille tentait de s'approcher pour voir se qui avait produit ce bruit. Soudain un voix s'éleva. Si douce qu'il douta un instant qu'elle pouvait sortir d'une bouche humaine. Mais le langage employé était typiquement humain.

"N'aie pas peur, mon grand. Là, tout doux."

La voix semblait étrangement calme. Il y avait fort à parier que la jeune femme ne l'avait pas encore aperçut. Asmaroth tentait de trouver une solution au problème, mais chaque pas qu'elle faisait vers lui raisonnait dans sa tête comme un coup de marteau, l'empêchant de réfléchir correctement. A mesure qu'ils se rapprochaient de lui son anxiété augmenta.Son cas empirait de secondes en secondes, il le sentait. Il entendit une fois encore le son métallique, puis seul les bruits de pas.
Asmaroth faillit sursauter et ouvrir les yeux lorsqu'il entendit un cri étouffé. La jeune femme l'avait semble-t-il enfin repéré. Les pas s'était arrêtés à bonne distance de lui. De nouveau, la voix se fit entendre beaucoup moins rassuré que la première fois.

"N'aie... n'aie pas peur, mon grand. Là, t-t-tout va bien, tout d-doux.", balbutia la voix.

Asmaroth se sentait perdu. Il était devenu inutile de se cacher maintenant qu'elle semblait avoir mesurer l'importance de ce qui se trouvait devant elle. Ainsi, le dragon décida de se redresser le plus lentement possible pour ne pas effrayer plus encore la jeune femme. Puis, finalement, il ouvrit les yeux et fixa ses iris grenats sur elle.

"Bonsoir, jeune fille. Veuillez me pardonnez si je vous effraye et par pitié ne criez pas. Je vous en prie." murmura Asmaroth, qui savait que hausser le ton de sa voix n'aurait rien arranger.

Asmaroth ne savait pas à quoi s'attendre quant à la réaction de la jeune femme. Peut-être qu'elle criera et s'enfuira alerter le village d'où elle viens ou peut-être qu'elle réussira à s'empêcher de hurler de frayeur. Asmaroth ne pouvait le deviner, c'est pourquoi il se tint prêt à prendre son envol à tout instant.

Pour parfaire le tableau, une paire d'yeux monstrueux fixait à présent Inari quand une grosse voix s'éleva :

"Bonsoir, jeune fille. Veuillez me pardonnez si je vous effraye et par pitié ne criez pas. Je vous en prie."

La surprise la fit reculer d'un pas et elle tomba sur les fesses en lâchant malgré elle un petit cri. Elle ne sut jamais laquelle entre la douleur et la douceur de la voix lui rendirent ses esprits. L'important était qu'elle réfléchissait à nouveau, quasiment libérée de la peur. Ce n’était plus une entrave mais un moteur à présent.

"Excusez moi ! C'était involontaire. Je ne crierais plus maintenant. "

Elle regarda autour d'elle et ne trouva personne qui soit à portée de voix, de toute manière. Tout en maudissant les démons d'avoir mis ce monstre sur sa route, elle bénit la chance d'avoir rangé ses dagues. Au moins n'était elle pas menaçante pour ce géant.
A défaut d'autre chose, il semblait poli et non hostile, deux points pour elle. De plus, il avait l'air de tenir à sa discrétion, allez savoir pourquoi, mais ça l'arrangeait peut-être.

Elle se releva sans quitter la chose des yeux, remit ses affaires en places et choisit ses mots avec soin. Il ne s'agissait pas de le vexer.

" D'accord... hum, qui êtes vous ? et qu'êtes vous ? Je vois pas grand chose si ce n'est que vous êtes gigantesque. Je n'ai jamais rien vu de tel, dit-elle en s'approchant, la curiosité dansant avec la crainte. Je m'appelle Inari, j'habite la ville juste à coté. Que faites vous ici et pourquoi vous cachez vous ? "

Si ces questions avaient un air inquisiteur, sa voix, elle, avait retrouvé leur douceur et son calme. Elle avait peut-être eu raison en pensant que la bête étaient aussi effrayée. Sans doute pas plus, peut-être moins, mais un peu quand même. Du coup, elle avait envie de comprendre. Peut-être pouvait-elle aider ? Et qui sait quel service, ça pourrait lui rendre en retour ?

Elle avait milles autres questions à poser, bien sur, mais la sagesse lui commandait de laisser à son interlocuteur le temps de répondre aux premières, au risque de ne trouver aucune réponse du tout.

En entendant la voix la jeune fille s'élevée, après qu'elle soit tombée à la renverse, Asmaroth commença à déployer ses ailes pour prendre son envol. Cependant, Il fut aussitôt arrêté par la voix de la jeune fille.

"Excusez moi ! C'était involontaire. Je ne crierais plus maintenant."

Après une longue hésitation il replia les ailes. Il décida de laisser le bénéfice du doute à la jeune femme qui se trouvait en face de lui. Ce n'est pas comme si elle représentait une quelconque menace pour lui. La tuer sans qu'elle ait le temps de réagir serait un jeu d'enfant, aurait penser tout autre dragon à sa place. Mais pas Asmaroth. Il respectait la vie que ce soit celle d'un minuscule bipède aussi éphémère qu'une bougie ou aussi grand que les géants dont lui avait parler son père par le passé. Il continua donc simplement d'observer la jeune femme lorsqu'elle se releva et s'épousseta. Celle-ci finit par reprendre la parole.

"D'accord... hum, qui êtes vous ? et qu'êtes vous ? Je vois pas grand chose si ce n'est que vous êtes gigantesque. Je n'ai jamais rien vu de tel.

Asmaroth fut surpris de la voir s'avancer presque sans crainte vers lui. Encore une fois il se retint de partir. Mais la jeune femme continua son monologue.

"Je m'appelle Inari, j'habite la ville juste à coté. Que faites vous ici et pourquoi vous cachez vous ?"

Le dragon réfléchit un instant. Prendre le temps de lui répondre ne posait pas vraiment de problème en soit. Mais il y avait fort à parier qu'une rumeur se répandrait dans la région quant à l'apparition d'un dragon. La dernière fois que cela s'était produit, il avait été forcé de combattre un démon. Pourtant, il n'avait jamais approcher d'aussi prêt un humain. Et sa fascination pour les humains finit par prendre le dessus. Lentement, il choisit ces mots, et commença à répondre.

"Je suis enchanté de vous connaître, demoiselle Inari. Pour répondre à votre première question, sachez que je ne donne pas mon nom véritable au premier venu. Je suis plus connu sous le surnom que mon donner les elfes. Laris Nalir, l'Ombre Flamboyante. Tel est ce surnom." murmura Asmaroth. "Quant à ce que je suis... Si mon surnom vous est connu vous le devinerez dans le cas contraire je dirais que pour vous, les humains, je suis un de ces légendaires cracheurs de feu ailés que vous croyez depuis longtemps disparus."

Le dragon s'arrêta un instant pour reprendre son souffle. En ayant plus qu'assez de resté debout sur ses quatre pattes, Asmaroth s'assit, non sans provoqué quelques bruits sourd et tremblements dans le sol. Quand il trouva une position confortable, il reprit la parole.

"Si je suis venu ici c'est dans le seul but de faire une halte avant d'entamer mon long périple au travers du désert en quête de vieille ruine datant de l'antique peuples des Sabliers. Et si je me suis cacher là, c'est pour ne pas alarmer les villageois vivant aux alentours. J'ai profité du couvert de cette sombre nuit, pour me glisser jusqu'à l'Entrée de Quorra. C'est à ce moment, que je vous ai entendu arriver. Pour ne pas vous effrayer outre mesure, j'ai tenter de dissimulé ma présence. Mais ma maladresse ma trahit..." déclara le dragon.

Asmaroth avait beaucoup parler mais sans jamais quitté des yeux la jeune fille. Il n'arrivait pas à savoir ce qu'elle pouvait pensé mais cela n'avait pas d'importance à ses yeux. Il ne se demandait qu'une chose, comment allait-elle réagir à ses réponses...

Le dragon remarqua alors quelque chose dans les yeux de la jeune femme accroupit à ses côtés. Une lueur qu'il n'avait pas discerner jusque-là. Il n'eut pas le temps d'y penser car presque aussitôt elle lui posa de nouvelles questions.

"Ahem, mais je suis curieuse, qu'est ce qui vous a valu ce surnom ? L’Ombre Flamboyante ? Vous êtes trop peu discret pour être une "ombre"... Et pourquoi prendre le soin de vous cacher ? Vous n'avez rien à craindre des humains, un coup de pattes les coucheraient à terre par douzaine... Même si j'apprécie personnellement vos égards!"

Inari s'arrêta. L'hésitation se peignit sur son visage. Asmaroth attendit quelques instants pour lui permettre de prendre sa décision. Lorsqu'enfin elle se décida,elle se mit à parler avec un débit rapide.
"Ombre Flamboyante... Je ne sais pas comment vous demander ça mais... Peut-être que... de la compagnie ne vous dérangerait pas trop. Je me disais, et si nous y allions ensemble ? Nous pourrions être utile l'un à l'autre... n'est ce pas ? Dites oui, une occasion pareille ne me sera jamais offerte deux fois et puis... je meurs d'envie de toucher vos écailles!"

La dernière phrase qu'elle prononça fut plus forte que les autres et semblait presque criée du fond du cœur. Ses dernières paroles surprirent Asmaroth. Le dragon resta un long moment silencieux puis contre toutes attentes, il se mit à rire d'un rire franc. Pour ceux qui n'y étaient pas habitués cela ressemblait à un grondement rauque et caverneux. Il observa un temps la jeune Inari et répondit à ses nouvelles interrogations.

"Ce sont mes écailles d'argent qui me valent ce surnom." expliqua le dragon. "Elles font briller mon corps de mille feux quand la lumière du soleil ou des trois lunes les frappe. Ainsi lorsque les gens scrutent les cieux et me voient arriver, ils ne discernent en général qu'une tâche de lumière qui projette tout de même une ombre. Une ombre étincelante qui illumine sur le sol au lieu de l'assombrir. Vous m'avez aussi demander pourquoi je prenais autant de soin à me cacher? C'est assez évident, en fait. Notre race est au bord de l'extinction. Cela est principalement dû à la chasse que nous livre les démons mais aussi les autres races. Certaines personnes de ce monde voit les dragons simplement comme des réserves d'artefacts magiques, d'autres ne pensent qu'à accrocher nos têtes dans leur maison, comme de vulgaires de chasse. Mais la véritable raison, que les dragons préféreraient oublier, est le nombre de naissance si faible de nouveaux dragons. C'est pourquoi en restant caché, je préserve ma vie."

Asmaroth avait beaucoup parlé, ce qui lui avait donné le temps de réfléchir au dernières questions d'Inari. Il marqua un silence puis approcha lentement sa tête massive d'Inari, espérant que la cicatrice qui zébrait le côté gauche de son visage ne l'effrayerait pas.

"Vous savez, demoiselle Inari? J'éprouve une grande curiosité quand il s'agit des humains. Vos réactions ne cessent de me surprendre. Je ne sais pas si la votre témoigne d'un grand courage ou d'une douce folie, mais elle me plaît beaucoup. Le fait que vous pensiez pouvoir m'être utile en quoi que ce soit n'est pas de la vantardise de votre part, je le sens. Non, je dirais que vous me cacher autre chose..." murmura le dragon.

Maintenant qu'il était plus près d'elle, il scruta son visage. Les tâches sur celui-ci donnait à Inari un côté sauvage qui plut au dragon. Asmaroth n'en trouvait la jeune femme que plus fascinante encore.

"C'est d'accord." dit-il soudain.

Lorsqu'il se rendit compte que sa réponse pouvait répondre aux trois dernières questions de la jeune femme, Asmaroth la développa.

"Vous pouvez m'accompagnez, demoiselle Inari. Cependant, vous devriez vous préparer. Vous ne pouvez pas partir sans provisions. Les ruines dont je parle sont au nord du désert, à moins d'une journée d'ici. Et pour votre dernière requête, je n'y voit pas d'inconvénient." ajouta le dragon, sur un ton amusé.

La réponse de la jeune femme suivit presque automatiquement. A croire qu'elle y avait déjà pensé.

"Oui, bien sur. Voilà ce qu'on va faire: vous me donnez 3 heures pour réunir des vivres et mes affaires. Nous sommes obligés de partir cette nuit sinon vous perdrez votre camouflage. Il fait noir depuis plusieurs heures, je ne trouverais aucun marchand bien disposé, il va donc falloir ruser. Pendant ce temps, vous restez là, vous vous reposez. Comment comptez vous rejoindre les ruines ? Par l'entrée de Quorra ? Ne pourrions nous pas voler par dessus ? Enfin, je veux dire...est ce que je pourrais voler avec vous ? C'est possible ? Ce serait diablement plus rapide. Plus discret aussi. Vous m'attendez là, d'accord ?"

Asmaroth réfléchit un instant aux paroles d'Inari. Il n'y voyait pas d'objection, après tout n'avait-il pas donné inconsciemment la durée du voyage à vol de dragon?

"C'est entendu, demoiselle Inari." dit le dragon en hochant sa tête massive.

Inari commença à partir aussitôt qu'il donna son accord. Décidément les humains étaient toujours aussi pressés. Pourtant, la jeune femme fit immédiatement volteface.

"Avez vous besoin que je prenne quelque chose pour vous ? Je ne sais pas, de la nourriture ou de l'eau ? De quoi a besoin un dragon ? Je peux sans doute vous amener un cheval, si nous sommes assez rapides..."

De nouveau, il accepta l'offre d'Inari et, cette fois, elle repartit vraiment en direction de son village. Dès qu'il fut seul, Asmaroth s'allongea sur le sable puis se plongea dans ses réflexions. Bien qu'il pourrait fausser compagnie à la jeune femme, il voulait lui laisser le bénéfice du doute. Reviendrait-elle vraiment pour partir avec lui en direction des ruines? Ou en profiterait-elle pour alerter tout le village de sa présence et tenterait de le tuer?

"Bah, qu'importe!" s'exclama le dragon en draconique.

Le dragon posa sa tête sur ces pattes avant et ferma les yeux. Trois heures. Voilà le temps qu'elle lui accordait pour se reposer. Pour un humain, peut-être que cela représentait un long moment, mais pour une race qui pouvait vivre plusieurs siècles, cela ne signifiait rien. Il ne rouvrit ses yeux quand entendant les bruits de sabots qui frappait le sol à un rythme qui ne cessait de diminuer à mesure qu'ils se rapprochait. Inari, car s'était bien elle, mit alors pied à terre.

"Je vois que vous avez tenu votre engagement." déclara le dragon en fixant la jeune femme du regard. "Ce cheval m'est destiné je suppose?"

Le dragon se releva et s'approcha de l'animal. Celui-ci commença à hennir de peur, pourtant, il s'arrêta soudainement quand Asmaroth brisa son cou d'un simple coup patte. Conformément, aux principes que son père lui avait enseignés, il pria pour la paix de l'animal en draconique. Une fois qu'il eut terminé, il dévora la bête intégralement, os compris. Cela se fit dans un concert de bruits peu rassurants, où se mêlèrent craquement d'os et déchirement de chair. Il engloutit ainsi la bête en quelques minutes et alla ensuite se débarbouiller dans le point d'eau. Il revint ensuite vers Inari.

"Bien je crois que nous sommes fin prêt. Ne perdons pas plus de temps alors."

Il se baissa et offrit son dos à la jeune femme.

"Grimpez. Et surtout accrochez-vous bien. Je ne garantie pas que se soit confortable. Par contre, cela peut s'avérer très dangereux si vous ne vous tenez pas en place."

Lorsqu'elle se fut installée, il déploya ses énormes ailes membraneuses et s'envola dans les ténèbres du ciel nocturne.