[Suite du RP suivant: Le début d'une association ambitieuse ]




"Je ne garantie pas que se soit confortable. Par contre, cela peut s'avérer très dangereux si vous ne vous tenez pas en place."

Malgré l'avertissement du dragon, rien n'avait préparé Inari à cette expérience. La jeune femme faisait partie des élus rarissimes qui avait quitté le sol pour admirer la terre vue du ciel. Si cela faisait rêver tout les mortels, c'est qu'ils ne connaissaient rien du vol à dos de dragon.

Après avoir déchargé le cheval qu'Ombre Flamboyante avait dévoré dans un concert de bruits atroces, elle avait effacé les traces de sang avec du sable afin que personne ne soupçonne jamais ce qu'il était advenu. On chercherait un voleur de cheval et non pas une bête capable d'en faire quelques bouchées.

Elle avait également transféré ses affaires autour du cou du dragon, seul endroit où elle pouvait les fixer un minimum et priait pour que celles-ci ne le gêne pas trop.

Puis elle était grimpé à son tour. Elle ne s'attendait pas à ce que ce soit si haut, vraiment rien à voir avec un cheval. Elle prit de solides prises dans les reliefs qu'offraient le cou et le haut des pattes du dragon et ne les lâcha plus dès lors que le dragon donna une terrible poussée pour s'envoler. Tout son corps s'était crispé et elle ignorait si son cœur battait à la vitesse de l'éclair ou s'il s'était arrêté. Elle ferma les yeux mais ne poussa aucun cri. Impossible.

Quand elle les rouvrit, il faisait froid, sa cape claquait follement, ses cheveux aussi et le vent lui faisait mal aux yeux. Elle n'osa pas bouger cependant, de peur de tomber si jamais le dragon virait de bord. Ils devaient survoler le désert, comme prévu, mais il faisait encore noir pour le moment.

Mais la nuit fut courte, car le soleil finit par se montrer à l'horizon et par prodiguer un peu de lumière aux paysages en contrebas. Au fur et à mesure de l'avancée de la journée, une vague de lumière avançait parmi les dunes jusqu'à ce que, finalement, il fasse jour pour de vrai.

Il n'y avait rien d'autre que du sable à perte de vue. Malgré l'inconfort et le danger, Inari bénissait son voyage à dos de dragon qui lui évitait de parcourir cette désolation à pied. Combien de temps gagnait elle ? Des jours et des jours, au bas mot.

Le dragon ne semblait souffrir d'aucun effort et elle-même observait le paysage monotone, toujours cramponnée farouchement, quand soudain, elle aperçut une variation dans les motifs réguliers des dunes. Ils s'approchaient rapidement, si bien qu'Inari vit de mieux en mieux ce qui semblait être une ruine enfouis sous le sable.

Même d'aussi haut, l'endroit paraissait énorme. Il ne restait d'un seul coté émergé de ce qui devait avoir été un temple peut-être. Ou une ville ? Quelques colonnes avaient encore leur sommet hors du sable ainsi que la tête de plusieurs statues.
La totalité des ruines étaient nichée dans l'ombre des dunes environnantes, s'ils avaient été à pied, ils les auraient manqué, à moins de tomber dessus par hasard. Mais dans l'immensité de ce désert, quelles pouvaient être les chances.

Ce sanctuaire perdu devait être leur destination car Ombre flamboyante entama sa descente. Inari commença à estimer les richesses qui devaient attendre ici oubliées de tous sauf des entités sans-âge comme les dragons.

" Les trésors du passé feront notre fortune de demain ! ", dit Inari en souriant.

Voler... Voilà une tâche qu'Asmaroth savait parfaitement réaliser. Mais il ne s'attendait pas à si bien réussir en transportant quelqu'un. Au début, il avait ressentit une certaine gêne à la base de cou dû aux sacoches d'Inari qui y pendait et surtout à la jeune femme qui s'y cramponnait solidement.

Asmaroth prit conscience qu'il ne pouvait pas se permettre certaines choses en ayant une personne sur le dos. Il ne pouvait pas, par exemple, effectuer un looping au risque de perdre sa passagère ou encore voler aussi haut qu'il en avait l'habitude, car il y avait fort à parier que le manque d'oxygène et le froids qui régnait en altitude aura raison d'Inari.

Le dragon décida donc de voler plus bas que d'ordinaire tout en restant le plus stable possible pour éviter de désarçonner sa passagère. Néanmoins, il profita au maximum des dernières heures de cette nuit sans lunes, pour parcourir le plus de distance, filant dans le ciel aussi rapidement que ses ailes le pouvaient.

Le soleil finit par se lever et fournit à Asmaroth un moyen de s'orienter dans l'immensité du désert. Bien qu'il volait depuis plusieurs heures en se guidant d'après ses souvenirs, il fut satisfait de se rendre compte que le cap qu'il avait maintenu était le bon. Le peu de fatigue qu'il ressentait s'allégea aussitôt d'autant qu'il était convaincu d'avoir parcouru plus de la moitié du trajet. Il prit cependant un peu plus d'altitude pour éviter de se faire repérer maintenant que les rayons du soleil remplissait le ciel et faisait briller ses écailles d'argents.

Le soleil n'était pas encore arriver à son zénith, quand il aperçut les ruines qu'il recherchait. Il s'agissait d'un ancien palais aussi grand qu'une ville d'après ce qu'il avait entraperçut il y a de cela trois siècles. Déjà à l'époque les ruines, nichées au creux d'énormes dunes de sables, étaient au trois quart ensablées. Et le vent qui y soufflait ne faisait rien pour arranger cela.
Le temps avait fait son office et aujourd'hui la majeure partie des ruines qui jadis n'étaient pas encore ensevelie, l'était à présent.

"Les trésors du passé feront notre fortune de demain!"

Asmaroth entendit la voix d'Inari. Elle avait parler trop faiblement pour s'adresser à lui, surtout avec le vent qui régnait à cette hauteur. Plutôt que de répondre, il se contenta de hocher de la tête. La jeune femme avait raison, ils allaient s'enrichir et le dragon en frémissait d'impatience.

Asmaroth amorça alors une lente descente en direction de la partie visible des ruines. Lorsqu'il fut assez proche du sol, le dragon referma ses ailes et tomba vers le sol avec souplesse, se laissant glisser le long d'une dune. Il parcourut la faible distance qui le séparait du bâtiment principal sur ses pattes et finalement s'arrêta au pas de la porte.

Les portes était impressionnantes. Hautes de quinze pieds et larges de dix pieds, elles pouvait aisément laisser passer quelqu'un de la taille d'Asmaroth. Elles étaient faites de la même roche qui façonnait le reste de l'édifice. Malgré le passage du temps, elles étaient resté intactes.

"Les portes sont fermées, il me semble... Je pourrais éventuellement les enfoncer. Quand dites-vous, demoiselle Inari?"

Bientot, Ombre Flamboyante se posa et Inari put sauter à terre. Enfin ! Ses muscles la faisait souffrir le martyr d'avoir été contractés toute la nuit. Elle fit quelques pas pour se dégourdir les jambes. Elle tira rapidement la conclusion que si sa collaboration avec le dragon devait se prolonger, il lui faudrait trouver un moyen de voyager plus confortablement et plus prudemment.

Elle revint vers son compagnon et la porte qu'il fixait.

"Les portes sont fermées, il me semble... Je pourrait éventuellement les enfoncer. Quand dites-vous, demoiselle Inari?"

Inari jeta un œil à la massive porte en pierre devant elle. Pouvait-elle vraiment être enfoncée sans que tout s'écroule ? Et combien de temps cela prendrait-il au dragon même sans cela ? Il lui semblait que ses talents pourraient être utile à cet instant précis.

" Pour être honnête, Ombre Flamboyante, j'ai peur que notre ruine ne s’effondre si nous détruisions les derniers murs qui la supportent. Même dans le cas, où elles résisteraient, il doit exister une meilleure solution. Ce sont les Hommes qui ont bâti cet endroit, cela doit pouvoir s'ouvrir pour un humain, en l’occurrence, moi. J'ai remarqué qu'il manquait une ouverture un peu plus loin, je vais me glisser par là et découvrir le mécanisme qui ouvre surement la porte. Ensuite, il ne nous restera plus qu'à fouiller l'endroit. Cela vous convient ? Je ne serais surement pas longue."

Sur ces mots, elle alla récupérer ses affaires autour du cou du dragon et en extrait une torche et son grappin. Elle hésita un instant à demander à ombre flamboyante d'allumer sa torche mais elle y renonça vu son ignorance du souffle du dragon. Elle lui en demanderait une démonstration plus tard. Elle récupéra également son briquet et se dirigea vers l'ouverture.

Celle-ci n'était pas grande. Une bloc d'un mètre sur deux était tombé depuis le haut du mur d'enceinte. Inari lança son grappin à l'intérieur puis tira pour coincer son grappin et tendre la corde. Puis elle se hissa jusqu'à l’intérieur du trou, remonta la corde et recommença dans l'autre sens pour redescendre à l’intérieur.



Seul un maigre rai de lumière éclairait Inari, il lui fallait allumer sa torche des maintenant ou s'aventurer dans de dangereuses ténèbres. L'endroit puait la mort et le renfermé, le genre de choses qui ne donnent pas envie de prendre des risques. Elle était là pour s'enrichir, pas pour mourir en essayant comme d'innombrables d'autres avant elle.
Même à la lueur de la torche elle restait encerclée de ténèbres hostiles. Elle détestait cette sensation que procure le noir le plus abyssal, l'impression d'être observée ou suivie par quelque chose qui disparaitrait si elle se retournait. Cette impression s'accentuait avec ses pas qui résonnait faiblement. C'était bien ses pas, n'est ce pas ?

L'endroit était immense, elle risquait de se perdre si elle s'aventurait trop loin. Elle s'imaginait déjà s'enfoncer dans les entrailles du temple comme dans l'estomac d'un animal géant. Et à force de prolonger son exploration, sa torche s'éteindrait au milieu d'une salle gigantesque et elle tournerait en rond jusqu'à devenir folle. Elle décida donc de plutôt longer le mur. Elle alluma les vieilles torches sèches sur son chemin pour gagner un peu plus de lumière. Ils en auraient besoin pour découvrir les trésors de l'endroit.

Quand elle arriva à la porte, son pressentiment sur la suite était mitigé. Elle avait trouvé un gobelet en argent ouvragé mais aussi quantité d'ossements éparpillés. Au loin, elle entendait de petits bruits, mais impossible de les identifier. Le sol était recouvert d'une fine couche de sable et elle espérait que les glorieux ancêtres à qui appartenaient cette bâtisse avait prévu leurs mécanismes pour qu'ils résistent au sable.

Elle continua son exploration et finit par retomber sur la porte. Juste à coté montait un escalier qui paraissait encourageant. Celui-ci menait à une petite pièce avec un énorme levier et le squelette d'une main refermée sur un carnet aux pages jaunies. Inari posa sa torche sur un réceptacle et feuilleta rapidement l'ouvrage. Il s'agissait du journal de la garnison de la porte, tenue par le gradé en poste, un certain lieutenant Albrecht.

Lieutenant Albrecht a écrit:

10 ème jour d'Arcsouffle.
Le désert est calme comme une oasis. Pourtant le roi est inquiet, c'est la deuxième prime exceptionnel qu'il verse en deux mois. Les hommes sont très contents mais je fais tout pour qu'ils ne relâchent pas leur vigilance. Je m’efforce moi-même de partager les craintes de mon souverains mais j'avoue que c'est difficile. Nul ne peut nous défie dans le désert, nous excellons dans le négoce et dans la guerre...

Je pense que ses conseillers lui murmurent trop d'histoires pour qu'il garde l'esprit clair. Je ne devrais peut-être pas consigner cela, si quelqu'un le découvrait, je pourrais être sévèrement puni pour avoir douté de mon souverain...

Inari ne lut que cette page avant de se rappeler que dehors, Ombre flamboyante attendait qu'elle lui ouvre. Elle remisa le carnet dans son sac et espéra réussir à faire bouger ce levier seule. Les hommes du désert se mettait sans doute à plusieurs pour l'activer, après tout, il ouvrait une gigantesque porte en pierre, par laquelle même un dragon pouvait passer sans problème.

Finalement au premier essai le levier bougea simplement en faisant seulement quelques cliquetis et quelques instants plus tard, la porte se mit en mouvement. Elle s'ouvrait doucement, dans un assourdissant raclement auxquels se mêlait d'affreux grincements. Le tout se répercutait en échos puis en échos d'échos dans les entrailles du palais ensablé. Le sol trembla légèrement pendant toute l'opération.

Inari redescendit pour accueillir le dragon sans soulever la moindre inquiétude à propos du mystère du lieutenant Albrecht. Elle avait trouvé sa main et son journal mais où se trouvait le reste de son corps ?

" Si vous voulez bien vous donner la peine d'entrer, votre seigneurie draconique..., dit-elle en exécutant une profonde et parfaite révérence à grand renfort d'effet de cape, la porte est ouverte ! "

Inari n'était pas mécontente de reprendre contact avec le dragon. Cet endroit était glauque à l’extrême et elle n'enviait pas le sort de ses habitants. Elle raconta brièvement à Ombre flamboyante ce qu'elle avait trouvé et entreprit de continuer sa lecture du journal à haute-voix, afin que son compagnon en profite aussi.

"Pour être honnête, Ombre Flamboyante, j'ai peur que notre ruine ne s’effondre si nous détruisions les derniers murs qui la supportent. Même dans le cas, où elles résisteraient, il doit exister une meilleure solution. Ce sont les Hommes qui ont bâti cet endroit, cela doit pouvoir s'ouvrir pour un humain, en l’occurrence, moi. J'ai remarqué qu'il manquait une ouverture un peu plus loin, je vais me glisser par là et découvrir le mécanisme qui ouvre surement la porte. Ensuite, il ne nous restera plus qu'à fouiller l'endroit. Cela vous convient ? Je ne serais surement pas longue."

Asmaroth y avait lui aussi pensé. Le palais n'était plus tout jeune et il était tout à fait possible que le poids du sable ait détruit certaines parties de l'édifice. L'idée d'Inari lui parut fort judicieuse. Il accepta donc de la laisser faire. Il observa avec attention la jeune femme et ses moindres mouvements. Il faillit lui proposer son aide lorsqu'elle se mit en tête d'atteindre l'ouverture avec un sorte de corde reliée à un main en acier. Elle réussit néanmoins à y parvenir et disparut à l'intérieur du bâtiment.

"Bon je n'ai plus qu'à attendre, maintenant."

Le dragon regrettait un peu de l'avoir laissée arpenter seule l'édifice. Il pouvait tout à fait y avoir des créatures qui avaient élus domicile dans les ténèbres des ruines. Asmaroth envisagea un instant d'enfoncer les portes pour la rejoindre immédiatement, mais il parvint à se maîtriser.

"Si elle ne donne aucun signe de vie dans les dix prochaines minutes, j'y vais."

Deux minutes. Toujours rien. Peut-être avait-elle des difficultés à s'approcher de la porte.

Cinq minutes. Asmaroth commençait à sentir de plus en plus mal à l'aise.

Sept minutes. Le dragon tremblait de tout son long refrénant l'envie de se jeter sur ses maudites portes.

Neuf minutes. Un long grincement strident se fit enfin entendre. Lentement, les battants se mirent à bouger dans un concert de raclements qui se répercutaient dans les profondeurs du palais. Inari apparut au pied d'un escalier non loin de là. Elle lui sourit et fit une révérence, en faisant claquer sa cape.

"Si vous voulez bien vous donner la peine d'entrer, votre seigneurie draconique, la porte est ouverte!"

Asmaroth s'avança donc à travers la porte et marqua un arrêt lorsqu'il fut entièrement entré. Une étrange odeur lui monta aux naseaux. Comme une odeur morbide, renfermée depuis plusieurs siècles. Le dragon n'en souffla mot et écouta la jeune femme lui narrer ses découvertes. Il accepta sa proposition de lire à haute voix le journal du lieutenant Albrecht. Ils avancèrent donc dans le couloir principal en évitant les divers choses qui trainaient ça et là, dans la position où ils avaient été jetées par le passée, au rythme des anciennes paroles du lieutenant.

Lieutenant Albrecht a écrit: a écrit:

25 ème jour de l'Arcsouffle
Les inquiétudes du roi semblent empirer tandis je commence à éprouver de plus en plus de doutes quant aux décisions qu'il prend. Il y a de cela plus d'une semaine, deux de mes hommes ont reçu un ordre de mission spéciale de la par du roi. Ils devaient escorter une énorme caisse jusque dans les cachots du palais. Mes deux soldats ne sont jamais revenus et je crois qu'ils ne sont pas prêt de revenir.
Quand j'ai demander ce qu'elle contenait, on m'a fait savoir très clairement qu'il vaudrait mieux pour moi de ne pas chercher à le découvrir. Quoi qu'elle contienne, le roi tenait à le garder secret, le plus longtemps possible. La seule rumeur qui circula au sujet de la boîte est qu'elle contenait une arme qui pourrait protéger le palais contre tous nos assaillants. Ce que moi je sais, c'est que ce doit être quelque chose de vivant, au vue des quantités de viandes que le roi s'évertue à envoyer dans son cachot.
Les conseillers parlent de défenses, mais moi, je n'entends que le mot guerre sortir de leurs bouches.

La jeune femme stoppa sa lecture lorsqu'ils quittèrent le couloir pour arriver dans une grande salle. Une odeur nauséabonde en émanait, remplissant l'atmosphère. Asmaroth avança avec méfiance hors du couloir. Ils semblaient avoir trouver une antique grande salle qui servait à organiser des banquets. De grandes tables en bois la parcouraient. Certaines étaient vermoulu, d'autres fracturés en plusieurs endroits. De la vaisselle en argent était répandu sur le sol, mais le métal était depuis longtemps ternis. Mais ce qui choqua le plus Asmaroth, fut les dizaines de squelettes qui jonchait le sol dallé de la pièce. Celui-ci présentait une coloration noire autour des corps, là où les dalles de pierres poreuses avaient absorbées le sang déversé.

"Mais qu'est-ce qui à bien pu se passer ici?" se demanda Asmaroth en cachant tout de même le malaise qu'il ressentait.

L'excitation de la chasse au trésor avait quitté Inari à peu près où le dragon à coté d'elle s'était exclamé. Non, en fait, l'odeur avait suffit. Et l'aspect des corps était insoutenable. Elle ne s'était pas exactement attendu à une partie de plaisir. Bien sur, il y aurait des squelettes et des cadavres décomposés depuis des siècles, sinon il n'y aurait pas de trésor.

Mais ici... Ces gens avaient été massacrés, cela se voyait clairement. Il y avait sans doute eu un terrible incendie. Ce qui restait des occupants de cette pièce ressemblait à des saucisses qu'on aurait oublié dans le feu. Elle aurait voulu inspirer profondément pour se calmer mais la puanteur l'en empêchait. Un incendie ? Dans un palais en pierre ?

"Par tous les démons..."

Elle ne finit jamais sa phrase, la peur commençait à monter en elle en même temps que ses larmes aux yeux. Elle vint chercher un peu de réconfort auprès de son compagnon et posa la main sur sa patte. Il ne lui arriverait rien tant qu'ils étaient ensemble, se dit-elle. S'il avait du m'arriver quelque chose, ça se serait produit quand j'étais seule. Une autre voix s'éleva néanmoins. Elle n'avait jamais eu besoin de quiconque jusqu'à présent, cela ne changerait pas. Dragon ou pas dragon.

Il continuèrent leur exploration dans les ruines et partout ils découvraient des spectacles semblables. Du charbon puant comme cadavres et la pièce mystérieusement noircie. Inari allumait autant de torches qu'elle en trouvait accrochées au mur mais parfois l’endroit avait été entièrement calciné. Dans ces moments là, elle restait près d'Ombre Flamboyante.

Quand elle retrouvait de la lumière, elle s'absorbait dans la lecture du journal, convaincue qu'elle y trouverait une explication.

Lieutenant Albrecht a écrit:

13 ème jour du Dunor


Je ne suis plus le seul à me poser des questions. Plusieurs de mes camarades expriment leurs doutes à voix haute. Ils essaient d'en savoir plus à propos du mystérieux colis que notre roi a reçu. Ils sont fous. La milice du Silence a à nouveau été recrutée pour faire taire les rumeurs mais cela n'inquiète personne. J'essaye de maintenir la discipline avec mes propres hommes mais comment faire avec sa foi qui vacille ?

Inari feuilletait les pages d'une main fébrile, une à une. Elle craignait que son empressement et sa curiosité ne détruise le précieux document. Elle ne lisait plus que quelques passages au dragon, lorsqu'elle était sure de pouvoir maitriser sa voix. Elle ne voulait pas qu'il la prenne pour une enfant, une idiote incapable. Elle n'en était pas une mais elle n'avait ni écaille pour se protéger ni aile pour s'enfuir.

Plutôt que continuer à se rassurer elle-même elle replongea dans le livre.

Lieutenant Albrecht a écrit:

17éme jour du Dunor


La milice du Silence a frappé un grand coup, j'en suis sur. La plupart de ceux qui posent les questions ont disparu. Personne ne sait rien. Qu'est ce qui se passe, bon sang ? Faut-il que je mène ma propre enquête ? Suis je toujours loyal à mon souverain ? Plus personne ne semble se demander ce qui est entré dans nos murs et jette une telle confusion. Si l'on nous attaquait maintenant, je ne sais pas comment nous nous défendrions. Peut-être serais ce une occasion de voir à l’œuvre cette arme mystérieuse

" Mais vas tu donc raconter ce qu'il est advenu, misérable lavette !", gronda t-elle en tournant les pages.

Lieutenant Albrecht a écrit:

20éme jour du Dunor


J'ai commencé à réunir quelques informations grâce aux amis qu'il me reste ici et là et à pas mal de pots de vin versés. Ma solde en a pris un coup, mais je vais devenir fou si je ne découvre pas la vérité. Je ne pourrais plus rendre ce journal, je suis bon pour mille tourment si on me le confisque.
Les révélations qu'on me fait sont horribles si la moitié sont vraies. Notre souverain est devenu fou. On raconte qu'il s'enferme dans ses quartiers toute la journée pour respirer les effluves de lotus noirs, la pire drogue qui existe à ma connaissance. Il a remplacé toute sa garde personnelle par des membres de la milice du Silence. Les audiences ont cessé depuis maintenant des semaines. Ceci explique bien des choses.
Notre souverain conserve à présent jalousement son trésor, nous ne sommes plus payés qu'en argent. L'or, il le garde précieusement grâce à la chose de la boîte.
J'ai la quasi certitude que lorsque la viande s'est faite rare, ce sont les curieux qui ont servis à l'alimenter.
Je ne sais plus quoi penser. Je gratte à peine la surface du mystère qu'un nuage ne scarabée s'envole, toute la ville est forcément au courant. Enfin, ceux qui veulent savoir.

Inari gardait à présent constamment une main en contact avec le dragon. Non pas pour se rassurer, mais pour s'orienter. Elle lisait à nouveau à voix haute mais ce livre semblait la posséder.

Lieutenant Albrecht a écrit:

28éme jour du Dunor


Je quitte la ville dès ce soir. Cela fait plusieurs jours que des grondements s'élèvent des cachots, avec pour seuls échos des hurlements. Des hommes souffrent atrocement avant de mourir en bas. Je ne veux même pas imaginer pour quel motif, s'il en est un. Je réunis quelques hommes parmi les plus fidèles à mon autorité et une ou deux familles qui voudront bien venir. Tout les autres sont maudits, que ces pages en soient témoins.
Il y a un monstre la dessous mais j'ignore s'il se nourrit plus de chair humaine que de la folie de mon souverain.

Lieutenant Albrecht a écrit:

28éme jour du Dunor, plus tard.


Plus question de partir. L'alerte a été sonnée. On nous attaque. Finalement, je vais mourir en bon fidèle à mon souverain.
[...]
Ce n'est pas une attaque ! La bête est libérée ! Plus rien ne l'entrave ! Nous sommes condamnés.
[...]
J'ai vu la bête. Marquée au fer rouge à nos couleurs. Elle est immense. Et complétement folle. Invincible. J'ai fui après qu'elle ait anéantie une centaine d'homme d'un souffle. Nous sommes les derniers, je pense. Quelques uns ont pu fuir dans le désert. Fous qu'ils sont. J'écris ces dernières lignes alors que je m'apprête à fermer les portes. Le mal qui nous damne sera scellé entre nos murs pour toujours. Je l'entends arriver. Il...

La dernière page s'achevait dans une rature brutale et éclaboussée de sang. Elle revoyait clairement la scène. Les portes se refermant sur le monstre. Le visage du lieutenant Albrecht partagé entre le soulagement, la fierté et la terreur quand la chose l'avait tué. Probablement dévoré...

"Quelle histoire ! Heureusement, après des siècles, la bête a du mourir elle aussi. A moins que ce soit un dragon aussi. Mais franchement, ce serait impossible, n'est ce pas ? "

En même temps qu'elle le disait, l'idée qui avait eu le temps de germer depuis un moment fit son chemin jusqu'à sa conscience. Les corps, les marques, l'odeur... Une armée défaite par une seule bête... Et des bruits sourds se firent entendre loin devant eux. Quelque chose de massif se déplaçait.

"Ho merde ! C'est un dragon, pas vrai ? Ho non, c'est pas vrai ! Vous êtes vraiment en voie d'extinction ? Parce que là, ça va faire mon deuxième dragon en deux jours et j'en ai déjà marre ! "

Elle ne pensait évidemment pas ce qu'elle pensait. Elle en avait surtout marre d'avoir peur et c'était bien sur la perspective d'ajouter son cadavre calciné aux autres qui lui dictait ses mots.
Elle regarda autour d'elle pour trouver une cachette quelconque avant qu'on ne leur tombe dessus. Cela semblait mal engagé. Ils étaient sur ce qui semblait être une halle, une grande place où les marchés devaient jadis avoir lieu. La zone était ouverte aux quatre vents avec seulement des piliers alignés régulièrement. Et au delà, les ténèbres.

" Vous pensez qu'on peut parlementer, même s'il a déjà anéanti une ville entière ? Je veux dire, on y est pour rien, nous... ", demanda t-elle en désespoir de cause.

Elle savait bien que non. A rester enfermée pendant des siècles, la chose avait du devenir folle et Albrecht la décrivait déjà ainsi dans ses notes.

"C'est comme vous le sentez, mais dès que je le vois, je fonce me planquer quelque part. Ils étaient des centaines et ils sont tous morts... "

Le dragon avait écouté toutes les citations qu'Inari tirait du livre et il n'aimait pas la tournure que prenait les événements.

"Quelle histoire ! Heureusement, après des siècles, la bête a du mourir elle aussi. A moins que ce soit un dragon aussi. Mais franchement, ce serait impossible, n'est ce pas ? "
Asmaroth ne répondit pas à la dernière question. D'une part la réponse qui s'imposait dans son esprit ne lui plaisait pas mais elle avait de forte chance de s'avérer exacte. Il commençait à s'en vouloir d'avoir entraîner ainsi la jeune femme avec lui et la confronter à un tel danger. Malheureusement, son silence fit autant d'effet que la réponse qu'il se retenait d'exprimer. C'est alors que des bruit de pas lourds se firent entendre, répercutés par les murs de pierres autour d'eux.

"Ho merde ! C'est un dragon, pas vrai ? Ho non, c'est pas vrai ! Vous êtes vraiment en voie d'extinction ? Parce que là, ça va faire mon deuxième dragon en deux jours et j'en ai déjà marre!"

"Je suis désolé... Mais... Tous ses signes, indique bien la présence d'un dragon..."

"Vous pensez qu'on peut parlementer, même s'il a déjà anéanti une ville entière ? Je veux dire, on y est pour rien, nous..."

"Lui parler? Hors de question. Mais voir à quoi il ressemble, ça oui."

Les pas ne cessaient de se rapprocher. Quand il acquit la certitude que la créature n'était plus très loin, il saisit la cape de la jeune femme entre ses crocs et souleva Inari avant de la déposer sur son dos. Il recula autant que possible dans le couloir, tout en gardant un œil sur l'entrée d'où provenait les pas.

"C'est comme vous le sentez, mais dès que je le vois, je fonce me planquer quelque part. Ils étaient des centaines et ils sont tous morts..."

La bête finit par sortir de l'ombre du couloir et entra dans la pièce aux colonnes. Elle faisait facilement le double de la taille d'Asmaroth. Son corps était couvert d'écailles aussi noires que la nuit. Comme l'avait si justement décrite feu le lieutenant Albrecht, son corps était marqué d'un symbole qu'Asmaroth avait déjà repéré en divers endroits du palais. La créature était proche des dragons en apparence bien que contrairement à eux, il ne possédait qu'un seule paire de patte et une paire d'aile. C'était en réalité, un drake que les humains confondaient souvent avec les dragons. Lorsque leurs yeux se croisèrent, une lueur de fureur illumina les yeux du drake. La folie et la faim s'y lisait aisément. La bête ouvrit la gueule et poussa un rugissement strident.


Dès qu'il le vit foncer sur eux, Asmaroth éveilla ses pouvoirs draconiques et se prépara à déverser un torrent de flamme pour barrer la route du drake. Il hésita un instant, à cause d'Inari et des conséquences que soulèveraient la couleur de ses flammes. Il finit par décider que leur vie importaient plus que cela et cracha ses flammes noires. Aussitôt après, il fit demi-tour et fonça dans les plus petits couloirs du palais. Le drake finit par les rattraper et dut s'arrêter car il était trop grand pour passer dans les mêmes couloirs qu'eux. Il rugit de colère et vomit une déferlante de flamme pour les brûler. Asmaroth n'en courut que plus rapidement encore fuyant les flammes qui se rapprochait de lui.

Après quelques minutes de course, le dragon finit par s'arrêter. Son sens de l'orientation était plutôt bon et il était convaincu de s'être enfoncé assez loin dans les parties basses du palais pour que le drake ne puisse pas les atteindre. Il déposa la jeune femme par terre et s'affala lui-même. Il reprit rapidement son souffle et se tourna vers la jeune femme.

"Ici nous serons tranquille, il ne peut pas nous attraper. D'ailleurs, ce n'était pas un dragon, demoiselle Inari. La créature que vous venez de voir est un drake. Un lointain cousin qui ne possède ni notre intelligence, ni notre magie.

Asmaroth marqua un arrêt quand il se souvint qu'il avait usé de ses flammes noires devant elle.

"En parlant de celle-ci... Vous les avez certainement vue, mes flammes noires." dit-il sur un ton hésitant. "Je crois qu'il est temps pour moi de révéler à un étranger l'histoire de mes origines. Ne vous en faites pas, le drake nous surveilles mais il ne peut rien contre nous ici. Nous avons tout le temps devant nous. Je crois que le mieux pour commencer à vous raconter mon histoire, c'est de vous donner mon véritable nom. Je m'appelle Asmaroth."


Son histoire dura plus longtemps que prévu. Deux heures s'étaient écoulées, depuis qu'il avait révélé son nom à Inari. Il ne savait pas pourquoi il lui racontait tout ça, mais il en éprouvait le besoin. Peut-être était-ce pour se calmer en prévision du combat inévitable qu'il devrait livrer? Ou peut-être éprouvait-il une certaine sympathie pour cette humaine? Chercher à comprendre ne l'aiderai en rien.

Il décida donc de se relever, laissant la jeune femme le choix de continuer à le considérer comme bon ou mauvais. Puis il s'éloigna d'elle.

"Je vais affronter le drake. Il ne doit en aucun cas sortir d'ici. Et vu que c'est par ma faute qu'il est libérer, il est de mon devoir de l'arrêter. Ne vous en mêler surtout pas, vous serez une cible trop facile pour lui. Attendez simplement."

Asmaroth quitta la pièce et prit le chemin inverse pour rejoindre la grande salle aux colonnes. Lorsqu'il y entra il aperçut le drake, enrouler sur lui-même. Sentant la présence d'Asmaroth, il se redressa, toisa le dragon et commença à s'approcher. La bête enragée le regardait tantôt avec appétit tantôt avec la haine furieuse qu'elle avait développée depuis des siècles. Les deux mastodontes ne cessaient de se rapprocher l'un de l'autre. Ils poussèrent chacun un rugissement tonitruant qui se réverbéra dans le bâtiment et se jetèrent l'un contre l'autre, pour une étreinte mortelle.

Asmaroth avait bien fait de laisser Inari en dehors de ça. D’un côté, il y aurait eu peu de chance qu’elle survive dans l’enfer qu’ils déchaînaient et, de l’autre, il savait qu’il n’aurait pas cessé de s’inquiéter pour sa vie. Au moins, pouvait-il exprimer toute sa violence sans la blesser dans le feu de l’action.

Jusqu’à présent, son combat contre le drake était clairement au désavantage d’Asmaroth. La bête le dominait en force et férocité. Chacune de ses attaques ne cherchaient qu’une chose, immobiliser le dragon pour pouvoir planter ses crocs dans sa chair. Asmaroth en tirait profit et à chaque fois que le drake approchait sa tête de lui, il assénait un puissant coup du plat de la lame d’argent qui finissait sa queue. Les coups n’étaient jamais suffisants pour assommer la bête mais, du moins, écartait-elle ses crocs noirs du dragon.

Les griffes du drake l’effrayaient moins que ses crocs. En effet, ses pattes antérieures lui servaient principalement d’ailes et les griffes qui s’y trouvaient n’avaient pas assez de forcer pour entamer les écailles argentées du dragon. Les coups avaient néanmoins assez de force pour projeter Asmaroth sur un ou deux mètres. Les griffes d’Asmaroth, elles, ne parvenaient pas à arriver à bout des robustes écailles noires du drake.

Les flammes qu’ils crachaient tous les deux ne semblaient pas les affecter outre mesure car ni l’un ni l’autre ne parvenait à produire un souffle de feu qui puisse bruler les écailles de l’autre. La seule chose qu’ils parvenaient à faire était d’enflammer les débris qui jonchaient le sol tout autour deux.

Le terrain était la seule chose qui lui était réellement favorable et présentait des inconvénients pour le drake. Là où le drake ne pouvait que se déplacer sur le sol car le plafond, bien trop bas, l’empêchait de déployer des ailes, Asmaroth lui était en mesure d’effectuer des petits sauts en papillonnant autour de la bête enragée. Le dragon pouvait dès lors attaquer sous différents angles son énorme adversaire, et rester hors de portée de ses crocs quelques instants.

Dans leur affrontement titanesque, ils détruisaient donc tous ce qui avait le malheur de croiser leur route. Tout autour d’eux les choses craquaient, volaient en éclat ou tout simplement brûlaient quand les flammes qu’ils crachaient finissaient par les attendre. Même les piliers de la salle tombaient un à un quand l’un d’entre eux venait les heurter. Les différentes séparations en pierre qui formaient les alcôves des marchands explosaient sous la puissance des deux monstres qui se battaient. La pièce ressemblait à une gigantesque arène plongée dans le chaos le plus total.

Le plafond, suite à la destruction de la plupart des piliers, était recouvert de fissures et semblait sur le point de s’effondrer. C’était sur ce dernier point, qu’Asmaroth basait sa victoire. S’il parvenait à faire en sorte que le plafond écrase le drake, alors il pourrait survivre. Le problème consistait à provoquer l’effondrement de celui-ci sans pour autant être pris au piège des décombres.

L’opportunité se présenta quelques instants plus tard. Le drake tenta un énième coup de croc en direction du flanc d’Asmaroth. Le dragon riposta aussitôt en assénant un violent coup de queue dans la mâchoire du drake. Profitant de l’ouverture qu’il s’était créé, Asmaroth se plaça d’un battement d’aile derrière l’immense bête et plongea sur la queue du drake. D’un coup, il referma ses crocs d’ivoire dessus. Le drake poussa un rugissement de douleur et se redressa complètement. Sa tête heurta violemment le plafond le faisant craquer le long des fissures. En quelques secondes, le plafond se brisa sur plusieurs mètres dans un terrible grondement qui fit trembler tout l’édifice et s’effondra sur le drake. Le sable qu’il supporta jusque-là emplit une bonne partie de la salle. Asmaroth n’eut la vie sauve que parce qu’il s’attendait à cela et avait fui aussitôt après avoir planté ses crocs dans la chair du drake.

Lorsqu’il revint dans la salle, le drake émergea de sous les gravats et du sables. Ses ailes étaient brisées et son crâne à moitié défoncé. Son sang d'un rouge très sombre se déversait à flot par plusieurs blessures à mesure que son cœur le pompait. Il paraissait extraordinaire que le drake soit encore vivant. Pourtant, il finit par s’effondrer sur le sol et rendit son dernier souffle. La lueur d’hostilité quitta ses yeux ainsi que l’étincelle de vie qui y brillait.

"J’ai réussi " murmura le dragon.

Asmaroth n’en revenait pas il avait réussi à tuer le drake. Bien entendu le mérite en revenait surtout à l’effondrement du plafond de la salle et de toutes les tonnes de sables qu’il supportait, il éprouvait un certain réconfort à savoir qu’il avait survécu à un adversaire bien plus grand que lui. Malgré tout, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la pitié pour la bête qui venait de rendre l’âme. La haine, la colère et la faim l’avaient rendue complètement folle et cela elle ne le devait qu’à la stupidité des humains qui vivaient ici par le passé.

Le combat avait été éprouvant pour Asmaroth mais il s’en était sorti presque indemne. Son corps ne portait pas de blessures qui laisseraient des marques visibles après guérison mais certaines de ses écailles étaient déformées par l’excès de chaleur qu’elles avaient dû supporter. Et bien qu’il boitillait d’une patte, il était sûr qu’aucun de ses os n’étaient brisés. En somme, le drake n’était pas parvenu à le blesser sévèrement bien qu’il aurait certainement gagné le combat en épuisant Asmaroth avant d’être lui-même fatigué.

"Je commence à croire que je suis trop vieux pour ces trucs-là." dit le dragon en draconique.

Le dragon se rappela alors qu’il avait laissé derrière lui la jeune Inari. Il repartit donc en direction de la salle où il l’avait laissée avant de partir affronter le drake. Quand il arriva sur place, il fut surprit de constater qu’elle n’était plus là. Il scruta chaque coin et recoin de la pièce, mais ne la trouva nulle part. Asmaroth commença à s’inquiéter. Où avait-elle bien pu aller pendant qu’il avait le dos tourné ?

"Demoiselle Inari, où êtes-vous ?! " rugit le dragon.

Pas de réponse. Une idée germa dans l’esprit d’Asmaroth et le fit paniquer. Il retourna fouiller les décombres de la salle où il avait combattu le drake, priant pour que la jeune femme n’ait pas eu la bêtise de venir assister au combat. Si s’était le cas, elle pouvait tout aussi bien avoir trouvé la mort quand le plafond de la salle s’était effondré. Après quelques minutes de recherche, le dragon commençait sérieusement à penser qu’elle était bel et bien morte et cela l’emplissait d’une grande culpabilité. Finalement, la culpabilité ajoutée à la fatigue de son combat, le fit vaciller et il tomba par terre de tout son long, au bord de l’évanouissement.

"Pourquoi a-t-il fallu que vous sortiez de la salle, Demoiselle Inari?? " dit-il, en fermant les yeux.

Un éclat de rire s'éleva alors derrière Asmaroth. Le dragon rouvrit subitement les yeux et se retourna. Dans l'encadrement du couloir, se tenait Inari. Non content de paraître en pleine forme, il semblerait qu'en prime, la jeune femme était parvenu à mettre la main sur des richesses cachées dans les entrailles du palais.

Une couronne d'or trônait au milieu de sa chevelure brune et plusieurs bracelet eux aussi en or ornaient les bras de la jeune femme ainsi qu'un collier qui pourrait faire baver d'envie la plus grande reine de tout les temps. Quand à ses poches, elles étaient déformées par tout l'or qu'elle y avait enfournée.

"Je ne pouvais pas vous laisser tout faire, n'est ce pas ? Bon, si vous avez d'autres ruines à visiter, je suis partante, moi ! Vous allez bien?"

Comment allait-il? Asmaroth se le demandait, tout son corps vibrait, partagé entre des émotions contraires. La colère et l'inquiétude qu'il éprouvait envers la folie qui avait pousser son amie bataillaient âprement contre le soulagement de la voir en vie. Finalement, le tourbillon d'émotion se calma et il put enfin répondre à la question de la jeune femme.

"Je vais bien oui... Je vois que vous êtes en meilleur forme que je ne l'imaginait. Où donc avez-vous trouvé toutes choses?" demanda le dragon.

Inari lui expliqua rapidement l'escapade qu'elle avait fait pendant qu'il affrontait le drake. Elle raconta comment il lui fut aisé de remonter la piste de la bête jusqu'à son antre. C'est là qu'elle trouva le trésor du drake, qu'il avait amasser au cours des longues années d'errances passées à fouiller les moindres recoins du palais en quête de nourriture.

Il retournèrent ensemble admirer leur butin. Asmaroth n'en revint pas lorsqu'il se retrouva au milieu de tous cet or et pierres précieuses. Lui qui par le passé avait eu pourtant le privilège de vivre dans une mine aux côtés des nains, n'avait jamais vu un tel rassemblement de richesses... Même son petit coffre remplit de pierres précieuses aurait fait peine a voir à côté de ce qu'il contemplait à présent.
Quand les premières minutes d'émerveillement passèrent, le dragon s'aperçut qu'ils allaient rencontrer un problème majeur. Jamais ils ne pourraient transporter tout cet or dans les seules poches d'Inari et Asmaroth n'avait rien prévu pour déplacer ses trouvailles.

"Vous avez une idée de comment on pourrait transporter cela avec nous? Qui plus est, il est peu probable que nous puissions tout emporter en une seule fois..."