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Hialmar, le Coeur Noir
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Maître des Sceaux
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FONDATEUR
Maître des Sceaux

Perso
Description: Le Maître des Sceaux, aussi appellé « L'omniprésent », est une entité qui ne fait pas partie du cycle de la vie et du temps. Il est hors de l'univers et tout ce qui l'entoure. Ce personnage anthentique et mythique observe le monde dans l'ombre et le regarde évoluer depuis maintenant des millénaires. Les anciens écrits font référence à lui comme étant « la mort » qui apparaîtra seulement aux êtres rendant leur dernier souffle.
Localisation : Néant.
Messages : 133
Date d'inscription : 30/09/2012



Mer 20 Fév - 1:27
HIALMAR

LE CŒUR NOIR


Ô Deamon aux noirs atours, Seigneur parmi les seigneurs, conte-moi l'histoire de l'homme au visage de pluie, conte-moi ses colères et ses peines qui perdirent tant d'hommes et de femmes. Ô terrible seigneur, conte-moi la naissance des Maudits, de Gwidonn le farouche, de Thogorma le Fervent, de Crios le Défiant. Et n'omets pas, Ô esprit, le chien des Nuits trois fois béni et trois fois maudit. Que résonnent leurs clameurs sur la lande nue et que tremblent Irmo et les siens.




La légende de Hialmar...Elle fut oubliée aux environs du Troisième âge. A ce jour, seuls quelques rares érudits ou anciennes entités se souviennent des exploits du Noir Sire. Les ouvrages les contant sont tombés en poussière depuis longtemps. Quelques runes poussiéreuses taillées a même la roche des monts brumeux témoignent encore de l'âge de lumière qui le vit naître.

Il arpentait le Naldor a l'aube des temps, conversait avec dragons et démons, hantant plaines et forêts.

Les hommes ne lui étaient rien sinon des désagréments. Il ne cherchait ni l'affrontement ni le pouvoir, et eux ne comprenaient pas sa nature. Il recherchait le savoir, la compréhension, il ne voulait plus se retrouver confronté à une situation comme celle qui avait provoqué sa métamorphose. Il avait erré de village en cité, rencontré les plus grands mages de son temps et avait joué les apprentis dociles, dissimulant ses pouvoirs.

Shenzen le Sagace, Ljerin l'Inventif, Nileas le Savant, tous le prirent sous leur aile pendant quelques années avant de finalement découvrir sa véritable nature. Nileas et la moitié de la ville libre de Sherina y laissèrent la vie.

Il connut les nains et les merveilles qu'ils faisaient jaillir de la montagne. Il connut les Obliques et les vents qu'ils faisaient souffler sur le Naldor. Il connut Djinns et Sabliques , ainsi que les flammes qu'ils faisaient courir sur les crêtes des dunes. Il connut les Meênoriens et leur volonté de conquête. Il connut les Haârpith et leurs ailes terribles. Il connut les géants, et leurs fracas formidables.

Après quelques années de ses voyages il partit au sud, rencontrer les dragons millénaires. Les formidables reptiles, intrigués par cet humain qui ne les craignait pas, se laissèrent approcher afin de l'étudier.
Hialmar vécut parmi eux des années durant, apprenant beaucoup de leur tutelle, puis partit à nouveau cette fois afin de rencontrer les démons cruels. Il dût en affronter certains et en tuer bien d'autres de la pointe de Remord avant d'être autorisé à rencontrer les plus grands d'entre eux. Face à la corruption de leur être, il prit rapidement congé de peur de voir ses vieux instincts ressurgir. Les démons ayant deviné en lui une nature proche de la leur, ne cherchèrent pas à le tuer.

C'est à cette époque qu'il prit conscience de la nature du Père des Cendres, et qu'en son for intérieur il se forgea une résolution qui devait influencer l'histoire pour les siècles des siècles.

Ce fut lors de son voyage de retour en Nedora qu'il pressentit l'Arrivée d'autres Nocturnes. Il y eut comme une secousse dans la "Nuit" et il sut qu'il devait se diriger vers l'empire des Sabliers.

Lorsqu'il eut atteint la blanche cité d'Abgar au terme d'un long voyage, il se présenta au Palais, annonçant son retour. Les notables de la ville ayant reconnu cet étrange personnage, le laissèrent pénétrer au sein du sanctuaire même.

Il se trouvait que la ville était en plein désarroi. Pour une raison inconnue, deux des plus grands Seigneurs guerriers d'Abgar avaient récemment subi une étrange métamorphose. A la suite de cette dernière, ils s'étaient trouvés investis d'une force formidable et avaient causé des ravages dans la partie basse de la cité, incendiant un quart de la cité à eux seuls. Hialmar vit défiler des centaines de rescapés aux vêtements calcinés. Une folie meurtrière semblait avoir possédé ces hommes et l'on avait retrouvé des corps...vidés de leur sang. La moitié des pyromanciens de la ville encerclait le quartier où ils se trouvaient, dans l'attente d'une solution. Les deux seigneurs étaient connus et aimés, les liquider aurait été dommageable.

Sitôt qu'il eut entendu cette histoire, Cœur-Noir demanda aux autres Seigneurs de retirer leurs troupes. Il promit aux autorités Sabliques qu'il s'occuperait de cet inconvénient avec diligence, et que dans la journée les Seigneurs ne poseraient plus problèmes.

-Comptez-vous les occire, sieur ?
-Non pas sire, car ils sont de ma race, et j'ai longtemps attendu leur venue.


Sur ces mots énigmatiques il sortit du palais.

Lorsque la nuit survint, il se rendit dans la ville basse et s'avança au centre d'une place cernée de bâtiments carbonisés. Elle était parsemée de cadavres, certains brûlés d'autres désarticulés comme si on les avait fracassés a même le sol a plusieurs reprises. Silencieux, il s'avança en son centre, vêtu comme un nomade ordinaire, et il appela.

-Frères !!

Des ombres bougèrent aux limites de sa vision. Il entendit un panier se renverser quelque part derrière-lui et un grognement à sa gauche. Ils étaient là. Des pas sur le sables, à sa droite et à sa gauche. Il se retourna calmement et les vit enfin.

Ils seront terribles et perdus.

Vêtus de lambeaux calcinés, derniers vestiges d'uniformes auparavant splendides, ils se tenaient là, deux Sabliers au teint plus pâle que leurs congénères, frères de sang. Leurs yeux vermeils luisaient dans l'obscurité tandis qu'ils commençaient à tourner autour du vampire, et ce dernier songea avec joie qu'il n'était plus seul, enfin.

-Je suis venu en ami, énonça t-il le plus sereinement du monde, portant son poing fermé a son torse.

En réponse, l'un des nouveaux-nés cria un mot inarticulé avant de projeter vers lui un serpent de flammes oranges. Une explosion de flammes se produisit au contact, que tous les citoyens de la ville purent apercevoir depuis leur balcon. Lorsque la fumée se dissipa, les deux vampires n'aperçurent même pas le corps de l'imprudent. Juste une longue trainée de cendres.

L'aîné, celui qui était chauve, se lécha les lèvres.

-D'une certaine manière...Il avait l'air différent des autres. Tu ne trouves pas mon frère ?
-Différent et semblable à la fois mes amis, répondit Hialmar qui avait trouvé le moyen de se retrouver dans le dos de celui qui venait de parler.

Avant qu'il ait pu faire le moindre mouvement ce dernier se retrouva projeté en avant. Il heurta durement le sol poussiéreux et se redressa, la face noircie.

-Attends ! cria t-il a son frère qui préparait déjà un autre sortilège. Il est vraiment différent des autres ajouta t-il en s'essuyant le visage. Qui es-tu étranger ?

-Votre frère.

-Je n'ai qu'un seul frère riposta le cadet, farouche, et ce n'est pas toi !

-Nous avons pourtant un père commun.

-Assez de sottises !

Le nocturne murmura une autre formule et tira sa lame : des flammes ne tardèrent pas à y courir, de la garde à la pointe. Sans plus attendre, il chargea l'étranger à une vitesse surnaturelle, avec l'intention de l'égorger.

Une seconde plus tard il était au sol, le poignet endolori et une lame a l'aspect étrange à un centimètre de sa gorge. L'homme cligna des yeux. Depuis "cet instant", il lui avait semblé que personne ne pouvait plus rivaliser avec lui en terme de rapidité. Et voilà que cet homme venait de lui infliger une défaite des plus amères. Il tourna légèrement la tête : sa lame rouge avait été brisée par cette épée noire.

L'homme ôta sa lame et se détourna, laissant l'autre se relever.

-Je suis votre allié poursuivit-il. Nous affronter n'a pas de sens. Je sais, ajouta t-il, ce qui se passe dans vos crânes. Je sais pourquoi vous avez tué tout ces gens.

Les deux frères, sonnés, restèrent silencieux.

-Je connais la puissance qui coule a présent dans vos veines et la soif dévorante qui est la vôtre. Je vous apprendrai à en faire bon usage si vous acceptez de me suivre.

-Qui es-tu ? l'interpella l'aîné d'une voix rauque.

-On me nomme Hialmar de Fehring.

-Ce nom ne m'évoque rien, cracha le plus jeune.

-La discrétion et l'anonymat sont deux qualités que vous devrez faire vôtres si vous décidez de suivre mes pas.

-Et si nous refusions ?

-Posez-vous la question en effet.

Les frères échangèrent un regard. Les coups et les mots de l'homme leur avaient éclairci l'esprit. Qu'adviendrait-il d'eux s'ils déclinaient son offre ? Ils mourraient, certainement. Ils avaient beau être dotés d'immenses pouvoirs, la ville abritait les plus puissants pyromanciens au monde. Leurs chances étaient bien minces...

-Mon frère, je pense que...

-Vous acceptez ? Lança Hialmar sur un ton enjoué ? Parfait ! Il ne nous reste plus qu'a nous enfuir d'ici. J'ai étudié les mages qui vous encerclent. Ils sont moins nombreux au nord, et les remparts ne sont pas trop loin.Nous avons de bonnes chances.

-Mais... commença a protester l'aîné.

-Mais avant cela, quel est votre nom ? sourit le vampire.

-Je...Mon nom est Crios sire.

-Bien. Et vous, monsieur ? Fit-il en fixant le cadet qui affichait une expression des plus hostiles.

-Il se nomme...

-Allons allons maître Crios. Je suis bien certain qu'il puisse me répondre de lui-même.

Mais le sablique se contentait de fixer le vampire, toujours silencieux.

Alors le Seigneur répéta sa question.

-Quel est votre nom, mon ami ? Et son sourire était encore plus grand qu'auparavant. Néanmoins le pyromancien avait senti l'acier en lui. Et ce sourire lui paraissait soudain beaucoup plus menaçant qu'amical. Il croisa le regard de son frère et cracha la réponse comme il aurait craché une insulte.

-Japet.



De nuit, ils franchirent le rempart d'Abgar la Scintillante, et a compter de ce jour, le Noir Sire n'arpenta plus Naldor seul.



Ils voyagèrent, par-delà monts et vallées, et Hialmar enseigna le monde a ses compagnons. Ils traversèrent des cités et des mers, rencontrèrent guerriers et magiciens. Ils croisèrent même la route d'un dénommé Neloph. Et ils aprirent. A maîtriser la bête qui dormait en eux, a se cacher, a paraître. Leur pouvoir ne cessait d'augmenter avec les ans et petit a petit, Crios en vint a éprouver de l'adoration pour Hialmar. Japet lui, se refusait à donner dans une aussi aveugle considération. En revanche sans se l'avouer, l'oriental admirait leur guide. Pour sa force d'esprit, et son discernement. Mais surtout, pour son envie de vivre. Ils étaient les Maudits, ceux qui par définition avaient tout perdu. Mais le Noir Sire ne se laissait pas accabler par le sort. Et puis il y avait autre chose... Cette entité qui les avait créés. Les Sabliques sentaient que leur mentor et ami leur cachait quelque chose a son sujet.

Dans le courant du siècle, deux autres vampires s'éveillèrent la splendeur de la Nuit souveraine. L'un, Gwidonn était issu d'une ancienne famille Nordique. C'était un géant brun aux longues tresses. Il avait réduit un fort en cendres a lui seul lorsque le Sire et ses compagnons le trouvèrent. Le convaincre ne fut pas aisé, mais les trois Nocturnes plus expérimentés finirent par y parvenir, après l'avoir vaincu.
Un cavalier des plaines du nom de Thogorma, bascula également, et contrairement a ses congénères, parvint a maîtriser ses pulsions. C'est avec une agréable surprise que les Nocturnes le découvrirent, vivant seul dans les plaines herbeuses et attendant leur venue.

Il les avait "sentis" avait-il dit et savoir qu'il n'était pas seul l'avait grandement aidé à résister à la soif. Ne parlant pas la même langue, les autres mirent du temps a se faire comprendre du cavalier. Lorsqu'ils y parvinrent, ce fut la liesse qui se répandit dans les veines des Nocturnes. Ils étaient Cinq a présent, cinq jeunes et fiers vampires. Ils vécurent quelques décennies dans les plaines venteuses de Thogorma, loin de toute civilisation, se nourrissant d'animaux.

Ils apprirent a combattre les rayons du soleil grâce a un certain enchantement et explorèrent leurs capacités umbromantiques. Tous se lièrent d'amitié et jurèrent fidélité à Hialmar, car ce dernier parlait sans cesse d'une "Tâche" qui les attendait tous. Il paraissait presque peiné lorsqu'il l'évoquait, mais si l'un de ses amis l'interrogeait il riait et changeait de sujet.
Lui et Japet discutaient souvent jusque tard durant le jour, de leurs chasses, de leur place, des dragons, des démons. Crios ne préférait pas importuner le Guide, il se contentait de deviser en compagnie du géant et du cavalier. Et ainsi des décades passèrent avant que finalement les nocturnes ne reprennent la route.

Et la magnificence les habitait, eux les enfants de la Nuit, eux les vainqueurs du Soleil. Il y avait Hialmar au visage de pluie. Crios fils des dunes et bienfaiteur. Japet frère du feu changeant, créateur et destructeur. Gwidonn, père des neiges cruelles et des foyers réconfortants. Thogorma, le Voyant, fils d'Elam, fils de Thur. Accourus du fond des nuits, ils s'avancèrent...


Spoiler:

A la recherche de nouveaux congénères, ils partirent sur les routes, se cachant des peuples dans la mesure du possible, surtout des elfes. En un siècle, une trentaine de novices les avaient rejoints. Ils avaient établi leur campement au sud-est de ce qui deviendrait le Nedora. La communauté avait grandie, et s'était diversifiée. Il était plus compliqué de tenir bon face aux pulsions de chacun, des accidents s'étaient produits. Aussi Hialmar décida d'éclaircir la situation et de répondre aux questions de ses amis concernant le Père.

Lorsque Minuit profond survint, il parla, au centre d'un cercle formé par les siens.

-Mes amis...L'heure est venue de vous avouer...certaines choses sur notre nature. Sur celui que tous, nous avons rencontrés. Certains d'entre nous s'en souviennent fit-il en regardant le cavalier. D'autres ne gardent en mémoire que leur propre souffrance, ajouta t-il en jetant un œil à Crios et son frère.

Ses paroles furent saluées par des acquiescements divers. Japet en particulier, qui désirait connaître enfin ce que lui cachait son ami.

-Notre nature est démoniaque.

Le mot était lancé. Tous ici avaient croisé et combattu les corrompus. Hialmar se moquait-il d'eux ? Certes, ils étaient changés, mais...démoniaques ?

-Celui qui m'a damné, qui nous as tous damnés, est un esprit malfaisant. Nous l'appelleront l'Obscur. L'Obscur donc, est venu a moi un certain jour, avec une certaine proposition.

L'ancien fermier baissa les yeux un instant, assailli par les remords. Sa lame tout contre lui semblait crier à ses oreilles. Un cri déchirant qui résonnait a l'intérieur de son crâne. Impérieusement, il la fit taire. Il dirait tout aujourd'hui. Le temps pressait désormais.

-Pour notre malheur a tous, je n'ai pas su la refuser. Longtemps j'ai erré, perdu, laissant la pluie me rincer quand ça lui chantait avant de voir naître en moi une volonté nouvelle. Une volonté de compréhension. Et au bout de siècles de recherches et de rencontres, j'ai fini par apprendre la vérité. L'Obscur est un esprit presque aussi ancien que Dâmo lui-même. Il a profité de ma faiblesse, de notre faiblesse (et chacun reconnut la vérité dans ces mots, car tous ils avaient failli) pour lâcher sur le naldor croyait-il de nouveaux monstres assoiffés de sang et de carnages. Certes, fit-il en interrompant certains impatients, jusqu'ici nous avons plus ou moins déjoué ses desseins. Mais avec le temps ajouta t-il d'un air sombre, notre nombre augmentera, et aussi fort que nous soyons, nous ne pourrons toujours endiguer le flot de folie qui naîtra immanquablement. A moins de se résoudre a certains sacrifices...Ce dont je vais m'entretenir présentement avec vos aînés conclut-il en se levant.

Lui et les quatre Aînés partirent s'installer sur une butte non loin du camp pour poursuivre, laissant là leurs frères abasourdis par la révèlation du premier d'entre eux.

Sur la butte.


-Mes frères...Il n'y a pas de bonne solution a ce qui menace de se passer. Les vampires répandant mort et chaos a travers le monde au nom de cet esprit haineux... Voici enfin venu le moment de vous exposer ce qui sera notre tâche, et notre fardeau. Nous avons été créés pour le Ressentiment, et nous devons nous rebeller sans cesse contre cette nature qui est la nôtre. Nous devons tendre vers la vie et non vers la destruction.

-Mais Sire, parla Gwidonn aux larges paumes, comment donc contenir des centaines, voire des milliers de Nocturnes ? Moi-même ne serait pas assez puissant pour les enserrer tous et les dompter. Comment maîtriser ceux qui se sont affranchis de leurs derniers liens au sacrifice de leur humanité ?

-Frère, la chose est incertaine, mais il en existe un. Fonder notre propre royaume. Faire de la terre ou nous nous trouvons une terre d’accueil pour les enfants de la nuit. Mais comme cela ne suffira pas...Pour canaliser cette nature destructrice, nous devrons également instaurer un culte.

-Un culte ?

-Une religion qui fédèrera les corps et les esprits. J'ai bon espoir, et si nous nous y prenons bien, nous finirons par faire de notre communauté une nation puissante et respectée. A condition que nous ne faiblissions pas, nous pourrons véritablement cohabiter avec les hommes.

S'ensuivit un long débat sur la pertinence de cette "tâche", puis sur les moyens techniques de sa mise en œuvre. L'aube se leva et les heures passèrent sans qu'aucun ne bouge, puis vint le crépuscule lorsque finalement, Japet qui était resté silencieux se leva et tournant le dos a ses compagnons, fixa le soleil mourant. Sa voix claire mais incertaine s'éleva dans l'air.

"-Les lumières d'en haut s'en vont diminuées,
L'impénétrable Nuit tombe déjà des cieux,
L'astre du vieil Ormuzd est mort sous les nuées ;
L'Orient s'est couché dans la cendre des Dieux.

Mais nous, nous, consumés d'une impossible envie,
En proie au mal de croire et d'aimer sans retour,
Répondez, jours nouveaux ! nous rendrez-vous la vie ?
Dites, ô jours anciens ! nous rendrez-vous l'amour ?"

Ses compagnons posèrent sur lui un regard circonspect. L'heure n'était pourtant pas à la mélancolie et au laisser-aller.
Crios fit comprendre à ses amis qu'il s'agissait d'un vieux poème sablique. Puis son frère parla a nouveau, et ses paroles leur glacèrent le sang.

-Longtemps je t'ai cru et considéré, Hialmar. Ta parole a mes yeux avait force de loi et chacun de tes actes ne pouvait être mû que par la justice ou la nécessité. Pourtant aujourd'hui, tu te fourvoies. Imposer les froides chaînes d'une religion mensongère et contraignante aux nôtres ? Je ne te croyais pas capable de tant de bassesse. Ô mon ami, n'avons-nous pas assez souffert a ton goût !??

Sa voix avait dérapé sur les derniers mots et chacun avait pu ressentir la colère, formidable, qui les habitait. Hialmar hocha la tête, attristé, et donna congé a Crios, Thogorma et Gwidonn qui rejoignirent leurs camarades. Il resta seul avec l'oriental au sommet de cette butte herbeuse. De là où ils étaient, ils purent entendre de nombreux éclats de voix. Le ton montait, semblait-il... Tous finirent par se détourner de la scène.

Quelques instants plus tard, Hialmar revint. Il était seul et sa cape était tâchée d'un liquide sombre, qui coulait également le long de Remord qu'il tenait dans sa main droite. Ses traits s'étaient durcis, et Crios y reconnut l'acier dont il faisait montre lorsqu'il ne tolérait pas de contradiction.

-Je suis navré, Crios, murmura le Noir Sire alors que son visage n'exprimait pas le moindre regret. Il n'est plus.


A cet instant, déchiré entre l'amour qu'il portait à son frère et la vénération qu'il avait pour Hialmar, le pyromancien dans un effort surhumain, parvint a garder une certaine contenance. Ce fut d'une voix tremblante qu'il parla.

-Est-il mort dignement ?
-Il s'est offert a mon épée sans faillir, criant qu'il combattrait toujours ceux qui le priveraient de sa liberté. C'est à regret que l'ai plongée en son sein.

Alors le Nocturne se tourna vers la butte où reposait a présent son frère. Le soleil au loin continuait à s'écrouler, saignant l'horizon de longues flammes éthérées. Hialmar d'un geste, fit comprendre aux autres qu'il fallait le laisser seul. Ils quittèrent et prévinrent les autres, ils allaient bouger le camp. Ils partirent quelques instants plus tard. Le sablique saurait les retrouver par ses propres moyens.


L'oriental resta seul face au couchant et à la butte. Une larme amère coula le long de sa joue tandis qu'il prononça ses adieux à son frère. Il resta à lui parler une heure durant, tour a tour chuchotant et criant, joyeux et triste alors qu'il évoquait d'autres matins et d'autre couchants vierges de deuil.

Puis il eut fini, et se décida a prononcer l'oraison funèbre de Japet, habitant des flammes et des folies, idéaliste, poète. Un texte lui revint, nordique cette fois. Gwidonn le lui avait chanté lors d'une nuit triste où la mélancolie avait saisi les fils de la Nuit. Il chanta alors, pareil aux anciens Aèdes, dans une transe mystique, les mots du passé.

Ô neiges, qui tombez du ciel inépuisable,
Houles des hautes mers, qui blanchissez le sable,
Vents qui tourbillonnez sur les caps, dans les bois,
Et qui multipliez en lamentables voix,
Par delà l’horizon des steppes infinies,
Le retentissement des mornes harmonies !

Où sont les héros morts, rois de la haute mer,
Qui heurtaient le flot lourd du choc des nefs solides ?
Ils ne sentiront plus l’âpre vent de l’hiver
Et la grêle meurtrir leurs faces intrépides.

Ô guerriers énervés qui chassez par les monts
Les grands élans rameux source de l’abondance,
Vos frères sont couchés dans les épais limons :
Leur suaire est d’écume et leur tombe est immense.


Et leur tombe est immense...
répéta t-il, la vue brouillée par les derniers rayons de soleil se mêlant a ses sanglots. Tout ceci n'était pas vrai, il devait être en train de cauchemarder...Toute cette histoire...

Au milieu des herbes, une silhouette se redressa difficilement noyée dans l'astre déclinant. Crios crut rêver une fois de plus. Japet avait-il survécu a Remord ? Était-ce possible ? Il ne pouvait voir son visage...Incrédule, il appela la silhouette, lui enjoignant de le rejoindre. Mais cette dernière, d'une immobilité terrifiante, se contenta de l'observer un moment avant de se détourner lentement et de partir a l'opposé, s'engloutir dans le soleil. Bientôt il disparut du champ de vision du vampire. Le Nocturne sut alors qu'il venait de perdre son frère pour de bon, qu'à partir de cet instant, ils étaient adversaires mortels l'un pour l'autre. Car jamais Crios ne suivrait un autre que le Noir Sire. Et jamais plus son frère ne pourrait marcher à ses côtés.


Et quand l'astre du soir eut fait place à la lune
Crios fils d'Abgar et Varank, d'épouvante blêmi
Vit Japet le Vengeur, l'immortel Ennemi
D'Hialmar,qui marchait sinistre, dans la brume.


Après ce triste épisode, le Noir Sire mit son plan en application et au fil des âges, dans la tourmente ou la sérénité, les Vampires se multiplièrent et Serkheim s'édifia afin de les rassembler tous sous la sage égide de la Nuit génitrice. Hialmar combattit souvent pour que ce royaume se fasse, conclut bien des pactes et occis bien des innocents. Lorsque Japet commis ses ravages, cherchant a ébranler le royaume de la Nuit, le Cœur Noir resta imperturbable et ne chercha pas à le pourchasser, mettant Crios au supplice.
Puis il disparut a nouveau et nul n'entendit plus rien a son sujet pour les siècles des siècles. Hialmar devint à son tour une légende, de sa propre volonté. Gwidonn Crios et Thogorma prirent officiellement la tête du Royaume des Maudits, afin de perpétuer Sa volonté. Ils invoquèrent au sein du palais des nuits, l'Obscur pour l'informer de leurs intentions. Ce dernier cependant, continua à donner naissance à des Nocturnes toujours en plus grand nombre.
Un jour prochain, espéraient-ils, les Vampires cohabiteraient pacifiquement avec l'ensemble des royaumes humains. Mais toujours l'ombre de Japet venait les persuader du contraire, et au fil des siècles, la résolution du géant et du cavalier faiblit. Seule celle de l'Oriental ne s'effilocha jamais. Si il ne parvenait pas à son but, pourquoi son sang se serait-il sacrifié ? C'est ainsi qu'il garda chacune des paroles d'Hialmar en mémoire et s'appliqua à les faire connaître comme étant celles de la Nuit.

De la trentaine de compagnons des origines, les Prieurs seuls subsistèrent. Les autres avaient péri en luttant contre les elfes impitoyables ou les démons à la main traîtresse. Serkheim fut bâti sur leur sacrifice et désormais, seule la forteresse d'Ezoth Dûr conservait une trace de leur exploits passés. Entre autres secrets...

Quand à Hialmar, il disparut voilà quelques siècles. En ce temps là déjà, son existence n'était plus connue que des Trois. Un matin, il annonça qu'il était las et partait se reposer loin du tumulte de Serkheim. Les Prieurs lui firent leurs adieux puis le laissèrent seul, à l'exception de Crios. Ce dernier n'était plus un nouveau-né, il avait expérimenté le véritable pouvoir, manipulé, trahi et tué au nom de certains idéaux, il avait plié une nation a son bon vouloir. Et pourtant, alors qu'il se trouvait là investi des pleins pouvoirs, mais face à Hialmar de Fehring, il se sentait comme un enfant. Et cet enfant avait une chose a demander.

-Hialmar...commença t-il hésitant... et ce vampire, ce Prieur au pouvoir formidable ne trouvât soudain plus ses mots, embarrassé qu'il était. Mon frère...
-Ton frère n'a jamais su saisir ce que notre action apportera, Crios. Il n'a jamais distingué les fruits que vous ferez pousser ici grâce a votre dévouement. Sa colère et son orgueil ont pris le dessus sur sa raison. N'aie crainte, Crios, ajouta t-il presque affectueusement. Nous sommes dans le vrai. Et tôt ou tard, il ouvrira les yeux. N'oublie pas mes paroles.

Puis il partit, et nul jamais ne le revit.
Les Prieurs eux-même ne savent où il s'est réfugié, mais gardent l'espoir que lorsqu'il reviendra, ils pourront lui affirmer que son Œuvre fut accomplie.

Et ainsi se clôt l'histoire du Noir Sire, de l'homme au visage de pluie, qui jamais ne faillit.

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