Le sentiment d'être pris au piège était trop important pour en supporter d'avantage. Voulant voir la lumière, elle tapa du museau contre la paroi blanchâtre et laiteuse. Cela ne se brisait pas, il fallait insister. Encore et encore. Finalement, la coquille se fendait petit à petit. Un fin filet de lumière lui parvint et elle put le percevoir sous ses paupières fermées. Il lui en fallait plus. Elle tendit le coup et le haut de la coque vola sous l'effet, soudainement, elle fut illuminée de lumière et goûta à sa première bouffée d'air. Cela la laissa toute tremblante. Un endroit si blanc, si blanc, il tombait des boules blanches du ciel mais elle était seule, encore couchée dans sa coquille. Sa tête tournait de droite à gauche. Le vent lui fouettait le visage et elle se replia dans la coquille regrettant déjà d'en être sortie. La chaleur qu'elle connaissait n'était plus, il faisait très froid dehors, et son ventre grognait. Seule au monde, elle tenta de se rendormir malgré tout en retournant la demie-coquille sur elle.
Quand elle s'éveilla, repris conscience et ré ouvrit les yeux, tout avait changé. Le froid avait pris place à une chaleur agréable et une superbe odeur régnait dans l'air. La dragonnette tourna la tête pour observer l'endroit, il était plein de bois et des objets trainent ici et là, quelque chose de orange bougeait sur deux cylindres marrons dans un creux de pierre de cet endroit.
Elle cessa un instant de regarder pour renifler l'odeur irrésistible qui trônait ici. Elle se rendit aussi compte qu'elle reposait sur une pile de tissus confortables, et par réflexe, son attention fut ensuite dirigée vers l'odeur. Elle découvrit une pièce de viande salée et graisseuse reposant sur un serviette propre, son estomac gronda. Un filet de bave coula de sa bouche et elle tira la langue pour tâter l'aliment avant de mordiller dedans et de détacher de petites pièces pour les engloutir. La pièce de viande disparu peu à peu et la dragonnette laissa échapper un rot bruyant quand elle eut finie. Un bruit se fit entendre derrière elle.
Un vieil homme, jusque là immobile telle une statue et parfaitement intégré au décors ricanait dans son épaisse barbe grise. Il était assis sur une chaise enroulé dans une couverture verte kaki. Un pipe fumante dépassait de sa bouche et la fumée montait paresseusement vers le plafond. Il gloussait, les yeux à moitié plissé, l'épaisse barbe grise disposée sur sa face atténuait beaucoup les sons.
Nous ne nous plaçons bien sur pas dans la peau de la dragonnette, qui n'avait jamais vu de tels bipèdes. Mais il sera plus facile pour vous de suivre si nous vous racontons tout cela avec les connaissances.
Il y avait également, assis près d'une table, un second homme, bien plus jeune, les cheveux mi-longs qui lui tombaient devant les yeux, habillé de façon très sommaire qui buvait dans un verre de ferraille en regardant la scène.
La Dragonnette ignorait qui ils étaient, mais en temps que premiers contact dans un endroit chaud et avec l'estomac repus, elle se prit immédiatement d'affection pour eux. En particulier pour le vieil humain. Il parlait à l'aide de son calme et chaud, ce qui était plutôt rassurant. Le Jeune homme ne disait rien, pas un mot, pas un bruit, il regardait simplement, ne répondant pas aux paroles de son ainé.
Les jours qu'elle passa dans cet endroit était les meilleurs de sa vie. C'était dans les terres du Nord, perdu en plein milieu de la montagne. Les deux hommes vivaient seuls, dans une maison modeste, tout aussi à l'écart de la civilisation. Chaque jour, le fils se rendait dans le village situé en bas pour y travailler en tant que taillandier, le père restait à la maison et passait le plus clair de son temps avec la Dragonnette. Il n'avait pas peur. Ces années passée furent les plus délicieuses de sa vie.
Mine de rien, le temps agissait et elle grandissait tandis que les humains vieillissaient. Elle avait la taille d'un gros chien quand le vieillard s'éteignit dans son sommeil. L'esprit formé de Manah Angelus ( Ce fut le nom donné par le vieillard après avoir lus un livre ecclésiastique ) en fut très choqué. Ce fut une perte qui fit donna une vision nouvelle des choses à la Dragonne. Les premières tristesses, les premiers découragements. Le jeune humain semblait accepté le sort de son père, Angelus était quand à elle submergé de chagrin. Sa fureur ne se calma pas durant les jours qui suivaient, elle refusait de manger, de dormir, face à un jeune humain toujours disposant de ce calme alarmant.
Manah savait qu'il n'était pas mauvais, mais l'absence de mots et de sons sortant de sa bouche le rendait bien moins attirant que l'ancien père adoptif. Rien ne semblait lui faire de l'effet, absolument rien.
Malgré tout, elle remarqua qu'il passait beaucoup de temps à ses cotés, même pendant qu'elle dormait, il avait toujours un œil sur elle. De petits regards parmi d'autres. Malgré tout, Angelus ne put jamais oublier le premier humain.
Il fut un jour, alors que la maison dormait paisiblement, où des bandits vinrent. Nous disons les choses comme elles sont. Cette bande de malfrats hantant les montagnes avait ici trouvé une proie de choix en cette maison isolée en pleine montagne.
Ce fut dans le carnage musical d'un pillage que s'éveilla Angelus. Le Jeune Humain était déjà hors de son lit, en tenue de sommeil mais son glaive à la main. Il adressa un regard fou à la Dragonne et tourna la tête vers un barbare hirsute, hache à la main qui grimpait les escaliers dans de grands cri, il arrivait dans le couloir quand le jeune homme fonça sur lui. Réfugiée sous le lit, Angelus ne vit rien, elle entendit seulement des bruits métallique puis celui de la chair pourfendue à plusieurs reprises.
L'homme revint, il avait le bras droit qui pendait mollement le long de son corps et du sang barbouillé sur le nez. Il s'approcha de la fenêtre et donna un grand coup de pied dedans.
Les premiers mots qu'elle eut entendu de lui sortirent.
"Fuit ! Fuit vite ! Et ne te retourne pas ! Jamais !" S'écria t-il.
Angelus sursauta par la violence de son ton et n'osa pas s'attarder. Elle se tourna cependant juste avant de bondir. Les cheveux noirs habituellement posés sur les yeux de l'humain s'étaient un peu dégagé, révélant ses yeux bleus. Cet homme était t-il en train de pleurer ?
Elle n'eut pas le temps de vérifier. Instinctivement, elle sauta et déploya ses ailes. Son cerveau lui commanda d'en battre, et, tandis qu'elle s'éloignait du bâtiment en proie aux flammes où on la regardait toujours, elle effectua son premier vol.
II - Terre cruelle
Elle avait volé. Loin, très loin. Par delà la mer. Ses tendons la faisaient affreusement souffrir et ses muscles commençait à se déchirer par suractivité. Par delà l'océan... Elle était désormais rendue, dans son long périple, sur une petit île à la faune et flore très développée et tropicale perdue au milieu des flots.
Son corps souffrait, son esprit aussi. Tandis qu'elle faisait une chute libre, elle ne désirait rien de moins que de s'écraser au sol pour quitter définitivement toute cette misère. Les craquements des os de ses ailes furent plus douloureux à entendre qu'a sentir, quand elle traversa les branchages et s'étala sur le sol. Manah était fatiguée, abattue, perdue et seule au monde. Les yeux à moitiés fermés, elle entendait pourtant des voix. Devenait t-elle folle à présent ?
"Kozuma ! Shas'la ! Kozuma ! " Criait une voix au loin.
Son oeil droit se releva un peu plus.
"Kozuma ! Kozuma ! "
Des mouvements se faisaient ressentir au niveau des buissons au loin. Des silhouettes furtives aux formes humanoïdes se déplaçaient. Rapidement. Trop rapidement. Certaines bondissaient dans les arbres. Puis, il n'y eut aucun mouvement. Angelus savait qu'ils l'observaient, en silence et invisible. Ses yeux se refermèrent. Elle n'avait plus rien à combattre.
L'un d'entre eux finit par se montrer alors.
"Kozuma ! Mo arzani va kozuma ! " Piailla t-il.
C'était un petit individu tout vert, aux yeux globuleux jaunes et à la grande crête sur la tête. Un second approcha.
" Solaz Ozamusoal ! " Répondit le deuxième.
Bientôt, ce fut bien six petits êtres qui l'entouraient. Ils papotaient entre eux, certains inquiets, d'autres ravis.
Pour faciliter votre compréhension, nous traduirons les paroles de ces derniers désormais.
L'un des êtres fit quelque chose d'horrible au niveau de son arrière-train. Manah n'avait guère la force de faire quoique ce soit, cependant, elle levant violemment le cou et gronda. De petits fléchettes volèrent et allèrent frapper son cou, dans la partie molle de sa gorge. Deux humanoïdes avaient soufflé dans leurs tubes et projeté leurs fléchettes sur elle. Angelus se sentit soudainement très fatigué et ne put bientôt que reposer la tête au sol, à moitié somnolente.
- C'est une femelle. Et elle ne porte pas d’œuf. Annonça celui qui était derrière elle.
- Jamais je n'ai vu un animal comme ça. Qu'est ce que c'est ? Demanda un autre.
- Un lézard géant ! Je suis sûr que c'est le Sammuro qui à fait ça ! Ajouta l'un en se dandinant, ravi de la prise.
- Miam. On à de quoi faire un bon festin ce soir. Cela changera de la crème de champignon. Marmonna un être armé d'une sarbacane.
Elle sentit sa tête partir ailleurs. Pourtant... Ces étranges créatures papotaient encore tandis que le sommeil l'emportait.
Certaines choses ne doivent jamais être révélées. Le Dragon est une créature de mythe qui ne passe pas inaperçu. Même pour les grands maîtres... Si les petits êtres qu'elle avait rencontrée ici avait fait preuve d'un manque de pitié total, elle se rendrait bientôt compte qu'un être encore plus terrible créera un vrai cataclysme.
III - L'éveil du Démon
C'est dans le fortin Ikzar qu'elle fut enchainée, en plein milieu de la cours. A cette époque qui se situe des siècles avant l'histoire du Shas'la Anko, l'étrange porte était déjà présente. Même si elle était scellée. Des lances étaient plantées dans son dos et son sang souillait le sol. Elle n'avait même pas sa forme adulte. Que pouvait t-elle faire ? Ses chaînes lui empêchait tout mouvement, et ses geôliers ne semblaient pas pressés d'arranger tout cela. Deux jours durant, ces étranges êtres verdâtres et bleus se succédaient, certains avaient de longues robes et des masques sur la figure, d'autres d'épaisses armures. Ils parlaient beaucoup, même si elle ne comprenait pas ce qu'elle disait. L'un d'entre eux, tout en robe et disposant d'un masque d'or sur la figure surmonté de nombreuses plumes bleues s'approcha particulièrement de sa personne. Manah aurait aimé l'écraser, mais elle ne pouvait bouger. Il la toucha et parla longuement à tout ceux qu'il trouvait. Il commençait déjà à faire nuit quand il se décida à partir. Cet être l'avait observé durant des heures. On lui avait donné de l'eau tiède et fait avalé des abats de provenance inconnue. La lune s'éleva dans le ciel et tout s'arrêta, comme à la nuit précédente. Tous disparurent pour trouver le sommeil dans les murailles du fortin Ikzar.
Elle n'avait plus d'espoirs. Et bien entendu, elle ne pouvait pas se plaindre. Si elle faisait trop de bruit, un épais être arrivait armé d'une torche et avait tendance à lui frapper la tête avec. Angelus tenta de trouver le sommeil, c'était tout ce qu'elle pouvait faire.
C'est alors qu'il vint...
Elle ne savait pas si c'était un rêve, elle ne savait pas si c'était une hallucination due à la faim où à la tristesse, mais elle perçut effectivement des voix étranges. Très graves, en provenance de la porte. Étrange sensation que celle d'être poursuivie jusque dans sa chair. Que cachait donc cette porte ? A moitié endormi, elle parvint cependant à ouvrir un oeil. Tout doucement, silencieuse, la porte s'ouvrait peu à peu. Une main noueuse écarlate aux longs doigts apparus et s'approchait de plus en plus. Angelus se figea sur place, incapable de fuir, hurler ou quoique ce soit d'autres. Dans l'obscurité, elle aperçevait une paire d'yeux qui la suivait. Les voix s'intensifièrent mais personne ne réagit. Même le garde qui était d'habitude debout dés le moindre bruit roupillait encore dans une écume de bave contre le mur. Était-elle la seule à le percevoir ? Cette gigantesque main progressait vers elle, en regardant bien, elle semblait être faites d'une fumée dans laquelle de grosses particules de peau virevoltaient. Et paralysée sur place par le regard du Prince Rouge, elle fut attrapée.
Il avait fait soudainement très sombre, autours d'elle, de fines lueurs orangées flottait un peu partout. Il y avait également bien des ombres qui galopaient. Soudainement débordante d'énergie, elle parvint à se lever et tourna la tête de droite à gauche. Les ombres semblaient avoir la même forme que les êtres qui l'avaient capturés. Les lueurs orangées étaient des feux déclenché ici et là et le chaos régnait. Les êtres ne semblaient toujours pas la voir, passant à coté d'elle comme ci de rien n'était. Tout était si calme avant, pourquoi tout cela avait changé du tout au tout ? Elle se tourna et se rendit compte que ses ailes étaient brisées et inutilisable. Son regard fut attiré vers le fond de la porte. La silhouette d'une chose démoniaque s'y répercutait et apparaissait, rayon de lumière après rayon de lumière. Elle ne put regarder. Tout allait si vite. Angelus ne voulait pas comprendre et ne parvint qu'a se replonger dans une affreuse tristesse pour s'y compenser. Pendant qu'elle se morfondait, le Prince Rouge avançait toujours. Cette même main qui fonçait sur elle il y a quelques minutes était maintenant bien matérielle, et à son tour, elle approchait. La raison de Manah lui ordonnait de fuir, mais son corps fut tétanisé dés que ses yeux tombèrent sur ceux de Gargantuloth. Le Prince Rouge souriait, autour d'eux, de nombreuses créatures déchiquetaient les Gardes et les réduisaient en des carcasses mutilés et sanguinolentes. Gargantuloth était maintenant à porté, sa main passa autour du cou d'Angelus et il pressa fort. La respiration du Dragon fut coupée nette et le sourire du Seigneur Démon ne fut que plus radieux. Il commença alors à se nourrir de son énergie et la lia à lui en imprimant sa marque sur son cou. C'était ainsi que cela allait finir, Manah allait être complètement absorbée par le Prince Rouge et ce dernier serait alors purement monstrueux et imparable.
Pourtant... Surgissant des rangs de combat, l'un des êtres, casque sur la figure, bondit droit vers eux. Il n'avait pas les outils habituels des guerriers de cette race, dans sa main, il tenait une sorte d'éclat de bois scintillant de vert. Concentrée un cri, toute sa rage fonçait vers le Prince Rouge qui leva alors la tête et vit son sourire diminué de plus en plus. L'être bondit, éclat pointé vers le torse du Démon dont l'une des mains était occupée à assimiler l'énergie et l'autre, levant son énorme épée. Le guerrier fut plus rapide.
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