Mes yeux s’ouvrirent. J’eus presque de la difficulté à les ouvrirent, tellement j’étais endormis profondément. J’avais les membres tous engourdis, possiblement à cause un long sommeil. Il n’y avait pas de lumière ici de toute façon, alors que j’ouvre les paupières ou non ne changera pas grand-chose. Il n’y avait aucun bruit autours de moi, ni aucune lumière. De plus, l’espace semblait limité, vu ma tentative de me lever. J’étais d’ailleurs en boule, la tête accoté sur les genoux. J’avais encore plusieurs traces du sommeil dans mon corps, car cette tentative me demanda d’ailleurs une grande volonté. Je tournai un peu la tête pour me dégourdir les articulations du cou. Ce sommeil avait été des plus réparateurs, et mes rêves des plus paisibles. Cependant, je ne me rappelais plus exactement ce que je faisais ici. C’est normal, il faut toujours quelques secondes pour se rappeler les faits après un réveil. Mais au moins, je me sentais emplis d’énergie, plus vivant que jamais. Énergie, vivant…

Mes capacités, elles étaient revenues! Je le réalisai rapidement, principalement à cause du fait que j’étais encore en vie, mais également parce que je ne m’étais jamais sentis mieux depuis un long moment déjà. Je sentais l’énergie affluer en moi. C’était une sensation revitalisante, surtout après cette diminution que nous avions vécu. Cela voulait donc dire que je me trouvai encore dans ma chambre de sommeil. Oui, cela expliquerait qu’il n’y ait pas de lumière ici. Je frôlai les parois de mes mains. Oui, c’était belle et bien ma chambre. Je reconnaissais belle et bien la texture de la roche. J’avais d’ailleurs fait une marque quelque part pour m’indiquer la sortie. Il fallait juste que je la retrouve. Mon corps étant maintenant totalement libéré de l’emprise du sommeil, la prochaine étape était de sortir d’ici.

Je promenai mes mains sur la surface de la pièce improvisé tout en essayant de me mettre à genoux. Il me fallut quelques minutes avant de retrouver mes points de repères. J’avais quelque peu endommagé certaines parties de la paroi pour retrouver la sortie. Rapidement, mes mains s’arrêtèrent à un point précis. La sortie était dans cette direction, sans aucun doute. Je commençai à donner des coups et à dégager la roche et la terre. Après un certain temps à répéter ces manœuvres, je vis un petit rayon de lumière fusée dans la pièce. La lumière, ce qu’elle m’avait manqué durant mon sommeil… Je dégageais de plus en plus la sortie tout en faisant attention que la chambre ne s’écroule pas.

Et enfin, je pus sortir. Je pris les rebords du trou que je venais de faire et mit finalement les pieds dehors. Je remarquai que j’étai sur le flanc d’une montagne. Logique vu que j’avais non pas creusé ma chambre dans le sol comme plusieurs, mais dans la montagne même. Il semblerait que les montagnes n’aient pas vraiment changé depuis mon époque, d’ailleurs. La topographie non plus, du peu que je pouvais y voir. Je poussai alors un cri des plus puissants. J’étais vivant, avec tous mes pouvoirs! Les géants ont survécus! Mais je m’arrêtai subitement en voyant mon bras. Il était glacé, ou du moins c’est ce qu’il me semblait. En le touchant, je réalisai que mon corps semblait recouvert de glace. Non, ce n’était pas ça. Ma peau semblait mélangée avec la glace. J’eus une légère panique en voyant cela.. Mais qu’était-il arrivé à mon corps? Était-ce le sommeil prolongé qui m’avait rendu comme cela?

Mais une autre chose vint me perturber l’esprit. Je semblais être le seul à être éveillé. Je ne voyais aucun des miens, aucun membre de mon Jant. Je devais probablement être le premier à s’être réveillé. Je pris le temps de ressentir d’autres géants. Je n’étais pas le seul, mais nous étions les premiers. Je sentais un ou deux géants, pas plus. Ils étaient tellement loin que je ne les ressentais presque pas. Ils étaient presque trop loin pour que j’aille tout de suite les rejoindre. Non, ma priorité serait d’attendre que d’autres se réveillent dans les environ. En attendant, autant se promener un peu pour voir ce que le monde était devenu en mon absence…

Le chariot avait fait son trajet comme convenu. A Riftwood, il avait déposé les trois autres personnes. Enfin seul, cela avait rassuré Tahl qui prit une position plus confortable, laissant dépasser quelques parties de son corps de son drap chaud, le conducteur regardant toujours devant lui.

" Vous savez comment je pourrai aller à Borléon sans passer par Asgard, monsieur?" Avait demandé Tahl.

" Les grandes villes sont pas votre fort hein? Haha. Il y a bien un chemin mais vous devrez longer les monts immaculés. J'espère que vous aimez la neige. " Avait-il dit, son regard porté toujours devant lui, même lorsqu'il discutait.
" Merci de vous inquiéter, mais ça devrait aller. En effet, j'aime pas trop les foules. Merci, monsieur. "
" La neige et le froid ne sont pas les seules dangers en Albera vous savez. Soyez prudent, des créatures rôdent. Ayez le regard vif, soyez attentifs et vous aurez de bonnes chances d'arriver à destination. " Continua-t-il.

Des créatures... Voilà qui ne rassurait pas Tahl, qui ne savait malheureusement pas se battre. Ce n'est pas avec un petit couteau fait pour éventrer les poissons pêchés prêts à être mangés qu'il ferait le malin face à des créatures sauvages. Les conseils du conducteur allaient être respectés à la lettre.

La nuit tomba durant le voyage et Tahl s'endormit dans le chariot, qui continua sa route malgré l'ombre céleste planant sur le monde.
Tahl était de retour à Almahr, pêchant encore pour apporter de la nourriture au village, aux côtés d'Enir et d'Ordhin. Il semblait à Tahl qu'il était de retour à la réalité. Avec un grand sourire, il écoutait ses deux amis discuter et plaisanter entre eux quand vint l'heure de se mettre au travail. Tahl était prêt à plonger, et il s'élança avec joie dans l'eau, admirant déjà les gigantesques étendues couleur de saphir. Puis plus rien.

La frontière séparant le Nedora de l'Albera avait été traversée au moment ou Tahl se réveilla.

" Bien dormi? " Demanda le conducteur.
" ça... peut aller." Fit Tahl, à peine réveillé, la mine abattue.
" Pas facile de dormir dans un chariot en même temps. Désolé, j'ai rien de mieux pour vous. Il y aura surement des chambres à Borléon. Vous pourrez récupérer là bas. "

Puis, quand le chariot termina son trajet, Tahl descendit. Il avait fait selon les indications de l'homme dans le chariot, et s'était dirigé vers les monts immaculés, tout en faisant preuve de la plus grande prudence possible.

C'est là qu'une voix tonitruante retentit, comme un cri poussé de loin, avec une force surhumaine dans la voix. C'était quoi?

Tahl avala sa salive, puis, dans un élan de curiosité non pas sans une certaine prudence, il chercha l'origine d'un tel bruit.

" Euh... Y'a quelqu'un ici? " Demanda-t-il. " Eh bah ça commence bien..." Fit-il, plus bas. " Je commence à peine à voyager et je tombe déjà sur une super joyeuseté de notre monde. Il est poète, le type, c'est ça? " Ironisa-t-il.


Tahl continua sa petite enquête encore quelques instants.

Je commençai par explorer les environs. Qui pouvait savoir à quel point le monde avait changé. Que pouvait-il bien être arrivé à ce monde dans lequel je marchais avec les miens, me souciant uniquement de la volonté d’Ymir et de guider les miens par delà ces montagnes. Le monde d’où je venais était-il si différent du monde présent? La force créatrice aurait-elle profité de notre absence pour s’amuser à créer je ne sais quelle folie? Aurait-elle osé offrir ce monde à ces répugnants lézards ailés que sont ces dragons? Qui sait… Il n’y avait qu’une seule chose que je pouvais faire pour vérifier l’état de ces terres. Une chose était certaine, ces montagnes étaient toujours aussi magnifiques, toujours aussi blanches, bien quelles semblaient avoir légèrement grandit depuis ma jeunesse. L’horizon était toujours des plus magnifique, mais avec cette tempête que je venais de déclencher, je ne pouvais pas vraiment savoir si le jour était déjà levé où j’avais été le premier à l’être. La vie réservait encore bien des surprises au peuple d’Ymir.

C’est alors que je commençai mon périple. Cela devait faire longtemps que je n’avais marché comme cela. Je sentais sous mes pieds la neige de l’hiver éternel, si fraiche et chaude à mon corps pourtant glacé. Chacun de mes pas raisonnait comme un arbre s’abattant sur le sol sec, et mes traces restaient profondément encré dans la neige et la terre même, prouvant mon passage en ce lieu. Le vent battait à son plein autour de moi, se cognant contre ma peau en glace, me faisant pensé au bruit d’un ouragan frappant une montagne. J’entendais chacun de mes mouvements comme si c’était la seule chose qui existait. Autours de moi, les rares animaux fuyaient, ces êtres minuscules par rapport à ma prestance et ma taille. Pas à pas, j’avançai dans les montagnes, sans me soucier de mon environnement, chaque montagne n’étant pas vraiment différente de mon époque. La tempête cachait mes mouvements aux lointains curieux, me permettant de me promener plus où moins à ma guise. De plus, elle camouflait presque mon bruit tellement le vent grondait.

Entre les montagnes, je trouvai une chose qui m’étonna, à un tel point que je m’y arrêtai. Une route se trouvait devant moi, une route bien pavé et construite pour durer. Elle n’était aucunement adaptée à ma taille, loin de là. De toute façon, les routes et les constructions de ce genre étaient plutôt du genre des petites races. Ridiculement petites, elles se «civilisaient» (où du moins je crois que c’est le bon terme) et construisaient des «cités» pour y vivre. Cependant, jamais de mon temps ils n’avaient construit quelque chose dans les montagnes, jamais ils n’avaient tenté de dompter la nature de l’hiver. Le problème de la civilisation, c’est qu’elle ne semble pas savoir où s’arrêter, où laisser la place à la puissance de la nature. J’allai jusqu’à dissiper la tempête pour observer d’un peu plus prêt cette fabrication. Elle était longue, passant probablement à-travers les montagnes jusqu’à son créateur.

Mais mes yeux se portèrent alors sur le petit être proches de moi, me regardant depuis la route. Je l’observai avec étonnement, ne comprenant absolument pas sa nature. C’était un être d’une petite race, c’était évident, mais je n’en avais jamais vu de pareil. J’avais principalement vu des trapu-barbu et des variables, comme j’aimais les appeler. Je crois qu’ils se surnomment Nains et Humains. Mais aucune de ces deux races ne correspondaient à ça. Je me levai de toute ma taille, puis m’avançai vers lui avant de le prendre rapidement dans ma main. Normalement, les petites races ne m’intéressaient pas, mais il devait en savoir plus que moi sur les choses d’aujourd’hui. Je l’approchai de mon œil pour mieux l’observer.

-Qu’es-tu, petit être?

Voyant le géant s'approcher de lui, Tahl fut paralysée de stupéfaction et à la fois d'admiration. L'être qui lui faisait face était un majestueux colosse, à la peau bleutée très claire.

La main du géant se dirigea vers lui, et le saisit aussitôt. Il eut peur, car il ne savait quelles étaient les intentions d'un tel mastodonte. Cependant, celui ci garda Tahl sur sa main sans agir. Au lieu de cela, il s'exprima.

- "Qu'es-tu, petit être?"

Entendit-il, tout droit sorti de la grosse voix du géant.

Tahl ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil en bas. Un vertige s'empara aussitôt de lui. Qui plus est, ce géant était de plus en plus impressionnant. Vu de près, il était à la fois majestueux, mais il était si grand qu'il en était aussi effrayant.

Son regard se tourna de nouveau vers le colosse. Celui du géant, rivé sur l'être aquatique depuis le début, lui donnait un air curieux, bien que légèrement dédeigneux. A le regarder de plus près, c'est comme si l'on était qu'un tout petit animal d'après lui. Il avala sa salive et s'exprima à son tour.
-"Je... je suis... un simple voyageur... né dans les océans. Mon nom est Tahl. Et vous... quel est votre... espèce? C'était vous, ce cri? Je comprends mieux d'où venait sa force." Dit-il.

Tahl s'assit sur la main du géant, regarda l'étendu de la place qu'il avait. Après s'être à la fois étonné, et émerveillé de la taille de son interlocuteur, il attendit la réponse de ce dernier, non sans une certaine angoisse. Bien que le colosse fut majestueux, Tahl ne connaissait rien des géants. Aussi dans sa tête priait-il pour que celui-ci ne lui soit aucunement hostile.

Décidément le nord était une contrée pleine de surprises. La neige elle même avait été une grande découverte pour la jeune femme et elle n'avait pas manquée de l’enthousiasmer. Mais voir un géant de ses propres yeux, c'était un spectacle ahurissant. Sa forme humanoïde s'élevait haut dans le ciel. Sa tête perchée haut dans les nuages semblait scruter quelque chose qu'il tenait dans son énorme main. Malgré sa taille colossale, il ne semblait pas agressif, plutôt abasourdi.

De tout son périple jamais elle n'avait vu pareille chose, rencontrer un vampire, un elfe ou n'importe quelle autre créature, tout cela semblait bien dérisoire face au titan qu'elle pouvait maintenant observer. D'anciennes histoires vinrent submerger sa tête de souvenirs, elle se rappelait du vieux Olford et des histoires qu'il contait. Des récits de dragons et de géants qui s'affrontaient dans de cataclysmiques duels. Mais celui ci ne semblait pas violent, au contraire, il dégageait une aura rassurante, agréable.

Leantena avait clairement besoin d'une compagnie amicale, depuis plus d'une semaine la solitude avait été son seul compagnon de voyage. Les seuls contacts qu'elle avait eut gisaient encore dans la neige. Et la colère de la guerrière ne s'était complètement estompée qu'à la vue de cette gigantesque créature. Dans l'esprit de la jeune femme, c'était certain, elle devait le voir de plus près, voir son visage de plus près. Qu'importe les risques, c'était probablement son unique occasion de rencontrer un géant, elle devait y aller.

Elle mit alors pied a terre et récupéra tout ce qui était essentiel à sa survie. Puis elle tapa sur la croupe de sa monture qui partit au galop dans la forêt. Ici elle n'en avait plus besoin. La voyageuse fit alors craquer ses doigts, et s'approcha de l'immense créature. Une fois à ses pieds, il semblait encore plus immense. Elle posa une main sur la peau bleutée du géant, son corps était glacial, l'escalader serait ardu. Elle se fit cependant courage, et alla chercher le plus haut possible avec ses mains. Les premiers mètres furent difficiles, mais au bout d'un petit moment elle trouva son rythme, et l'escalade fut plus régulière. Arrivée à hauteur des genoux un terrible doute la foudroya, Et si il m'écrase comme un insecte ? Cette pensée la fit ricaner, cette mort serait bien ridicule, heureusement, le géant ne sembler même pas sentir son contact sur sa peau. Ou du moins elle l'espérait.

Par souci de commodité, elle escalada la hanche droite du géant, elle grimpa ensuite le long de son flanc, puis avant d'arriver au niveau des assailles, elle pris de nouveau a droite se retrouvant ainsi sur son dos. C'est alors qu'elle entendis quelqu'un, qui n'était certainement pas le géant, dire :

-"Je... je suis... un simple voyageur... né dans les océans. Mon nom est Tahl. Et vous... quel est votre... espèce? C'était vous, ce cri? Je comprends mieux d'où venait sa force."

La jeune femme ne comprenait pas tout, mais elle continua son entreprise, et finalement elle parvint a ce placer sur l'épaule du géant. Jamais Leantena n'avait put admirer pareil spectacle, de son perchoir elle voyait tout, la cime des arbres enneigées, le grand lac gelée de brume, et bien plus loin a l’horizon, la mer boréale. Cette vue d'ensemble l'avait tellement subjugué qu'elle mit un long moment à se rendre conte que face a elle, dans l'une des mains du géant, se tenait un homme à la peau bleutée, qui la dévisageait.